Le cancer est un problème de santé publique majeur en Afrique subsaharienne, qui touche une grande partie du milliard d’habitants de la région, selon un nouvel article de recherche rédigé par des scientifiques du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), publié dans The Lancet Oncology.
« La maladie figure parmi les trois principales causes de décès prématuré (c’est-à-dire à l’âge de 30 à 69 ans) dans presque tous les pays constitutifs et est responsable d’un décès prématuré sur sept dans l’ensemble et d’un décès sur quatre dû à des maladies non transmissibles », a fait valoir le CIRC dans un communiqué.
L’étude fait état de la charge du cancer en Afrique subsaharienne à l’aide d’estimations de l’incidence et de la mortalité nationales par cancer provenant de la base de données GLOBOCAN 2020 du CIRC.
Elle signale que même si les taux d’incidence du cancer restent inchangés, la charge du cancer devrait presque doubler en Afrique subsaharienne au cours des 20 prochaines années en raison de la croissance et du vieillissement de la population, pour atteindre 1,5 million de nouveaux cas et 1 million de décès d’ici 2040.
Caractéristiques des cancers en Afrique subsaharienne
Le nouveau rapport donne une vue d’ensemble de la charge du cancer en termes de nombre et de caractéristiques des cancers dans la région.
Il fait état d’un total estimé de 801.392 nouveaux cas de cancer et de 520.158 de décès par cancer en Afrique subsaharienne en 2020.
Le cancer du sein féminin (129.400 cas) et le cancer du col de l’utérus (110.300 cas) sont responsables de 3 cancers sur 10 diagnostiqués chez les deux sexes.
Chez les femmes, les types de cancer les plus courants sont le cancer du sein (qui occupait la première place dans 28 pays) et le cancer du col de l’utérus (dans 19 pays). Alors que chez les hommes, le type de cancer le plus fréquent était le cancer de la prostate (77.300 cas), suivi du cancer du foie (24 700 cas) et du cancer colorectal (23.400 cas). Le cancer de la prostate est le principal cancer incident chez l’homme dans 40 pays d’Afrique subsaharienne.
Le risque pour une femme d’Afrique subsaharienne de développer un cancer à l’âge de 75 ans est de 14,1% , avec le cancer du sein (4,1%) et le cancer du col de l’utérus (3,5%) qui à eux deux sont responsables de la moitié de ce risque.
Pour les hommes, l’incidence cumulée correspondante à l’âge de 75 ans est plus faible (12,2%), avec le cancer de la prostate qui est responsable d’un tiers de ce risque (4,2%).
Investir dans les données produites localement
Pour surmonter le défi croissant du dans la région, chaque pays d’Afrique subsaharienne doit mettre en œuvre un programme de lutte contre le cancer dans le cadre de la planification sanitaire nationale et disposer de systèmes de surveillance de routine capables de suivre les progrès réalisés dans la mise en œuvre d’interventions spécifiques.
L’auteur principale de l’étude a souligné l’importance d’investir dans les registres.
« Une approche coordonnée de la mise en œuvre des stratégies nationales nécessite un investissement durable dans les registres, qui constituent le meilleur système de surveillance et fournissent des données sur l’incidence et la survie par type de cancer et par stade au moment du diagnostic », a déclaré le chef de la branche Surveillance du cancer au CIRC et auteur principal du rapport, Dr Freddie Bray.
Les auteurs de l’étude soulignent que les données locales provenant des registres du cancer de la région – membres du Réseau africain des registres du cancer (AFCRN) – sont essentielles pour améliorer les résultats et sauver des vies.
Selon eux investir dans la principale source d’information – les registres du cancer basés sur la population – doterait les différents pays des données continues nécessaires pour planifier et informer les services nationaux de lutte contre le cancer.
Au cours de la dernière décennie, l’Initiative mondiale pour le développement des registres du cancer (GICR), dirigée par le CIRC, a donné un nouvel élan au soutien des registres du cancer existants et à l’aide à l’établissement de nouveaux registres. En Afrique subsaharienne, le travail de la GICR est effectué par les membres de l’AFCRN, un consortium de tous les registres du cancer basés sur la population de la région qui peuvent répondre à des critères de qualité définis, y compris une couverture progressivement complète de la population. Le nombre de ces registres en Afrique subsaharienne est passé de 21 en 2013 à 35 (dans 25 pays différents) à la fin de 2021.