Le pangolin, injustement devenu bouc émissaire du COVID-19 et pourtant entièrement protégé par la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES), est le plus traqué des mammifères au monde. Peuplant de vastes régions d’Asie et d’Afrique, cet animal est recherché et abattu pour de bien mauvaises raisons : on attribuerait à son armure de kératine des vertus curatives. On le chasse également parce que sa viande est considérée comme un mets très raffinés dans certaines cultures.
Chaque année, le troisième samedi du mois de février est dédié au pangolin. Mais les sensibilisations pour la protection de l’espèce en voie d’extinction ne dissuadent point les trafiquants, car ses écailles sont censées avoir des propriétés médicinales comme la guérison de l’asthme et du cancer. C’est d’ailleurs pour toutes ces vertus que possède le pangolin, qu’il est illicitement commercialisé par les trafiquants qui encourent des peines de prison, une fois mis aux arrêts.
Selon les derniers chiffres de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), plusieurs millions millions de pangolins sont capturés et chassés au cours des dix dernières années par les chasseurs locaux qui les vendent à des travailleurs asiatiques présents dans les secteurs du bois et l’agro-industriel qui par la suite, les exportent illégalement en Asie.
Selon certaines sources, le trafic de pangolin et de ses écailles s’effectue au Togo par le port autonome de Lomé, une plaque tournante de trafic des espèces protégées. Pourtant en Côte d’Ivoire, une saisie de trois tonnes d’écailles de pangolin a été réalisée le 27 juillet 2017. Les trafiquants avaient en leur possession près de trois impressionnantes tonnes d’écailles de Pangolins venant des forêts ivoiriennes mais également d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, notamment de la Guinée Conakry et du Liberia. D’après le Réseau EAGLE-Côte d’Ivoire, c’est plus de 4000 pangolins qui ont été tués pour pouvoir réunir ses 3000 kg.
Ces trafiquants, bien connectés à l’international et travaillant en connexion avec des Asiatiques, seul marché pour les écailles de pangolins, utilisent des méthodes sophistiquées pour traverser les frontières internationales avec de grandes quantités de contrebande. Malgré l’augmentation des contrôles de police, les trafiquants réussissent toujours à exporter les pangolins hors des pays. En effet, un agent de contrôle a déclaré qu’il est difficile de tracer le commerce et l’exportation du pangolin.
Le trafic des espèces en voie d’extinction dont le pangolin provient d’abord des trafiquants qui activent les braconniers par des billets de monnaies, associé à cela, la sous-information et la pauvreté de la majorité de la population. Il faut aussi ajouter un manque d’encadrement efficace des populations sur les questions de la protection des espèces.
Le pangolin joue un rôle important dans la biodiversité et est un élément essentiel de la chaîne alimentaire tout en contribuant à l’équilibre de l’écosystème. Mais cela n’émeut en rien les trafiquants qui continuent d’appauvrir la biodiversité mondiale.
Le nouveau code pénal du Togo dispose à son article 761: « La destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code ». Et, l’article 796 de ce même code exprime : « Quiconque fait circuler, vend, importe, exporte ou fait transiter les animaux sauvages, vivants, des trophées sans autorisation est puni d’une peine d’emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de cent mille à cinq cent mille francs CFA ou de l’une de ces deux peines ». (EAGLE-Togo)
Nicolas Koffigan E. ADIGBLI
Journaliste, Maître en Communication
Directeur Aspamnews, DP « Le Nouvelliste »
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