Des experts font pression pour obtenir un nouvel engagement international dans la lutte contre la pollution marine alors que des milliers de personnes participent à la Conférence des Nations Unies sur les océans à Lisbonne, au Portugal. Ils espèrent profiter de la dynamique mondiale générée par l’événement qui a débuté lundi.
La quantité de déchets marins et de déchets plastiques augmente rapidement dans le monde selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et si aucune mesure significative n’est prise, les émissions de plastiques dans les écosystèmes aquatiques devraient presque tripler d’ici 2040.
Un groupe d’experts s’est réuni à Lisbonne pour rechercher des solutions.
L’urgence de la crise de la pollution marine
La pollution touche plusieurs secteurs et est étroitement liée aux autres crises planétaires que sont le changement climatique et la perte de biodiversité. La lutte contre la pollution marine, un défi mondial, nécessite une approche mondiale pour l’atténuer, ont fait remarquer les experts.
« La pollution marine, y compris les rejets des navires, le matériel de pêche abandonné, reste préoccupante. Les plastiques et les microplastiques provenant de nombreuses sources, les eaux usées non traitées et le ruissellement des nutriments polluent toujours les océans », indique un communiqué.
L’une de ces experts, Janis Searles Jones, la Directrice générale de l’Ocean Conservancy à Portland, aux Etats-Unis, a souligné que « la vie sous l’eau est essentielle à la vie au-dessus de l’eau », et a insisté sur l’urgence de réduire le plastique à usage unique et d’agir plus rapidement.
Le désarroi d’une surfeuse
En marge de la conférence, l’agence des Nations Unies pour l’éducation et la science (UNESCO) a nommé Maya Gabeira, surfeuse de vagues géantes et détentrice de deux records mondiaux, « championne de l’océan et de la jeunesse ».
L’athlète brésilienne a raconté que même dans son spot de surf le plus reculé – qu’elle ne peut atteindre qu’après 55 heures de voyage – elle trouve du plastique autour d’elle lorsqu’elle prend les vagues.
« C’est très triste quand vous surfez et que la marée tourne et que tout ce plastique se déplace vers vous. On essaie de se créer un espace, ou de mettre ce qu’on peut dans nos poches pour le mettre dans la première poubelle de déchets recyclables, mais nous savons tous que c’est comme vider l’océan à la petite cuillère et que ce n’est pas la solution. »
S’adressant à ONU Info, Mme Gabeira a réitéré l’importance de l’éducation sur les moyens de diminuer son empreinte – en utilisant moins de plastique, mais aussi en utilisant sa propre plateforme pour « crier aussi fort » que possible afin d’encourager le changement. Mme Gabeira a ajouté que chacun d’entre nous pouvait faire la différence.
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a de son côté réitéré l’engagement d’intégrer l’éducation à l’océan dans les programmes nationaux de tous les États Membres d’ici 2025.
Des changements dans les modes de consommation sont nécessaires
Selon les données les plus récentes du PNUE, et malgré les initiatives et les efforts actuels, la quantité de plastique dans l’océan est désormais estimée à entre 75 et 199 millions de tonnes.
Les raisons en sont l’augmentation de la population, les changements de modes de consommation ainsi qu’une plus grande accessibilité à la société de consommation.
En parallèle, les ressources et les capacités techniques nécessaires à une gestion rationnelle des déchets sont limitées, d’autant que certains pays estiment que d’autres secteurs de dépenses publiques sont prioritaires.
« Tous ces défis en matière de pollution nécessitent un partage des connaissances », ont averti les experts.
Pour le créateur de mode brésilien et ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO Oskar Metsavaht, « la mode est aussi un moyen de changer les attitudes et les comportements, comme toute autre forme d’art, telle que le cinéma et la musique », a-t-il déclaré à ONU Info.
Microplastiques issus du secteur de la mode
La décomposition des plastiques dans l’océan, principalement sous la forme de microplastiques (moins de 5 mm de diamètre) et d’additifs chimiques est un sujet de préoccupation majeur, sachant qu’ils sont toxiques et dangereux pour la santé des humains, des animaux sauvages, ainsi que pour les écosystèmes.
« La jeunesse [a besoin] non seulement de remettre en question le système, mais de changer ses comportements de consommation, en s’inspirant de la nature, du développement durable, des océans et des forêts », a ajouté le créateur.
« Les nouveaux tissus, les nouveaux matériaux et les nouvelles technologies doivent être mis en œuvre de manière durable. Nous devons encore trouver une solution pour éviter que l’industrie de la mode produise des microplastiques », a dit M. Metsavah