Malgré deux ans d’une « lutte surréaliste » contre la pandémie de COVID-19 et des défis planétaires toujours plus nombreux, l’optimisme pour parvenir au développement durable ne faiblit pas, a déclaré ce mercredi le Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), Collen V. Kelapile.
Réunis dans la salle de l’Assemblée générale pour le Forum politique de haut niveau sur le développement durable depuis le 5 juillet, les Etats membres examinent comment des politiques de relance pourraient inverser les effets négatifs de la pandémie sur les efforts pour parvenir au développement durable.
« Il est vrai que nous vivons désormais dans un monde où les conflits, les inégalités, la pauvreté et la souffrance s’aggravent, où l’on observe une instabilité économique, une crise énergétique et alimentaire imminente, une augmentation des niveaux d’endettement, un ralentissement des progrès vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », a énuméré M. Kelapile, pour qui tous ces défis mondiaux ne doivent cependant en aucun cas entamer la détermination à agir.
« L’un des messages clés entendus au cours des derniers jours de ce Forum politique de haut niveau est que malgré ces temps difficiles, il souffle continuellement un air d’optimisme, et que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 nous offre un cadre pour reconstruire en mieux », a-t-il ajouté lors du segment ministériel du forum mercredi.
L’équité en matière de vaccins
Le monde est en grande difficulté, mais « nous sommes loin d’être impuissants », a déclaré à son tour le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, devant le forum. Il a présenté un plan de redressement commençant par la garantie d’un accès équitable aux vaccins, aux thérapies et aux tests contre la COVID-19 dans le monde entier.
« Il est très important de produire un gros effort pour élargir le nombre de pays capables de produire des vaccins, des diagnostics et d’autres technologies d’avenir », a-t-il déclaré.
Les pays doivent également redoubler d’efforts pour s’assurer que les futures épidémies soient mieux gérées, en renforçant les systèmes de santé et en garantissant une couverture sanitaire universelle.
Crise alimentaire et énergétique
Le chef de l’ONU a également souligné la nécessité de s’attaquer aux crises alimentaire, énergétique et financière en cours, déclarant que la production alimentaire de l’Ukraine, ainsi que les aliments et les engrais produits par la Russie, devaient être de retour sur les marchés mondiaux malgré la guerre faisant rage.
« Nous avons travaillé dur sur un plan permettant d’exporter en toute sécurité les denrées alimentaires produites par l’Ukraine via la mer Noire et les denrées alimentaires et engrais russes vers les marchés mondiaux », a-t-il déclaré. « Je remercie les gouvernements concernés pour leur coopération continue ».
S’attaquer aux inégalités économiques
Toutefois, les crises actuelles ne peuvent être résolues sans une solution à la crise des inégalités économiques dans le monde en développement, a-t-il ajouté, appelant à davantage de ressources ainsi qu’à la flexibilité et à la compréhension de la part des institutions financières mondiales.
« Nous ne devons pas oublier que la majorité des personnes pauvres ne vivent pas dans les pays les plus pauvres ; elles vivent dans les pays à revenu intermédiaire. Si elles ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin, les perspectives de développement des pays à revenu intermédiaire fortement endettés seront sérieusement compromises », a-t-il ajouté.
Le Secrétaire général a également appelé à une « nouvelle donne mondiale » pour que les pays en développement puissent obtenir une chance équitable de construire leur propre avenir, et à une réforme du système financier mondial pour qu’il « fonctionne pour les vulnérables, et pas seulement pour les puissants ».
Un forum en septembre sur l’éducation
La pandémie a révélé des inégalités flagrantes, tant au sein des pays qu’entre eux, et comme dans toutes les crises, ce sont les plus vulnérables et les plus marginalisés qui sont les plus touchés.
« Il est temps de donner la priorité à l’investissement dans les personnes, de construire un nouveau contrat social, fondé sur une protection sociale universelle, et de remanier les systèmes d’aide sociale mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale », a déclaré M. Guterres.
Tout espoir de résoudre les défis du monde commence par des investissements dans l’éducation, a-t-il ajouté, mais ce secteur aussi est « en proie à une crise d’équité, de qualité et de pertinence », selon lui.
Le chef de l’ONU organisera un sommet en septembre pour que les dirigeants mondiaux s’engagent à nouveau à faire de l’éducation un bien public mondial.
La révolution des énergies renouvelables
Pour son dernier point, le chef de l’ONU a plaidé en faveur d’une action climatique ambitieuse, avertissant que la bataille pour maintenir la hausse de la température mondiale à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels sera gagnée ou perdue durant la décennie actuelle.
« Mettre fin à la dépendance mondiale aux combustibles fossiles par une révolution des énergies renouvelables est la priorité numéro un », a-t-il déclaré. « J’ai demandé qu’il n’y ait pas de nouvelles centrales à charbon et qu’il n’y ait plus de subventions aux combustibles fossiles, car financer les combustibles fossiles est délirant, et financer les énergies renouvelables est rationnel ».