« Nous n’avons pas dit notre dernier mot » affirment les groupes de la société civile
Sharm El-Sheikh, Égypte — Surnommée la « COP africaine » la 27e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27) s’ouvre aujourd’hui à Charm el-Cheikh (Égypte). Des groupes de la société civile y porteront la voix des communautés les plus affectées par le dérèglement climatique et mettront les dirigeants mondiaux au défi de prendre les décisions urgentes qui s’imposent pour protéger la génération actuelle et les suivantes.
Cette année, les débats auront lieu dans un contexte de crises multiples : guerre en Ukraine ayant déclenché une hausse des prix de l’énergie et une nouvelle course aux énergies fossiles, en particulier une ruée pour le gaz en Afrique ; insécurité alimentaire dans l’hémisphère Sud ; chômage et augmentation exorbitante des prix et du coût de la vie dans de nombreux pays du monde.
Du 6 au 18 novembre, des dizaines de milliers de personnes provenant du monde entier assisteront à la COP 27 pour affirmer haut et fort que toutes ces crises sont dues à une seule et même cause : les énergies fossiles. Et que la seule manière d’atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C et de préserver les objectifs de développement durable est de mettre fin à tout nouveau projet charbonnier, pétrolier et gazier, et de réorienter les flux financiers vers des énergies renouvelables pour toutes et tous. Pour la paix, la sécurité alimentaire et la justice climatique.
Exigences du mouvement mondial pour le climat pour la COP 27 :
– Intégration des promesses dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) afin de se conformer à l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris
– Relèvement de l’objectif de financement climatique afin d’y inclure des mesures d’adaptation
– Mise en place d’un nouveau dispositif de financement des pertes et préjudices
– Transparence dans la mise en œuvre des objectifs de l’accord de Paris
May Boeve, directrice exécutive de 350.org :
« Cette COP s’ouvre alors que les enjeux sont énormes pour les personnes qui se trouvent aux avant-postes de la lutte pour la justice climatique. Sur tous les continents, les populations subissent les conséquences de plus en plus graves de la crise climatique, et chaque gouvernement a un rôle à jouer pour assurer la justice climatique. Éviter le chaos est de plus en plus ardu et difficile, mais le coût de l’inaction est encore plus important. Plus nous nous complairons dans notre dépendance aux énergies fossiles, plus les coûts à supporter seront élevés pour notre génération et les suivantes. Nous sommes ici pour rappeler aux dirigeants et dirigeantes leurs responsabilités en matière de transition juste, pour leur demander d’aligner leurs financements sur les objectifs de l’accord de Paris et pour les mettre au défi (en particulier les nations riches) de payer leurs dettes à l’égard des pays du Sud qu’ils ont exploités pendant des décennies. »
Zeina khalil Hajj, responsable de l’organisation des campagnes mondiales chez 350.org :
« Réorienter les milliards de dollars d’investissements consacrés aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables est l’étape clé qui manque pour vraiment atteindre les objectifs mondiaux décidés à Paris. Mais la réalité est que le secteur financier et l’industrie des énergies fossiles continuent de s’entendre pour financer des projets fossiles et, de fait, la destruction et l’exploitation, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine – régions qui sont déjà les plus frappées par les multiples conséquences climatiques (pénuries d’eau, insécurité alimentaire, sécheresses, inondations, pollution, violentes tempêtes et déplacement des populations). Nous devons cesser d’injecter des milliards dans le système qui nous a menés à ce chaos climatique. Nos institutions doivent plutôt utiliser leurs ressources et leur énergie pour bâtir une transition juste caractérisée par des emplois dignes, la santé et la justice économique pour tout le monde. »
Landry Ninteretse, directeur régional de 350Africa.org :
« Si un message doit être entendu durant cette « COP africaine », c’est que les populations d’Afrique rejettent toute nouvelle tentative d’exploiter nos pays et nos ressources. Nous n’avons pas besoin de nouveaux projets d’extraction. Nous refusons d’entretenir l’addiction de l’hémisphère Nord aux énergies fossiles, et nous rappelons aux dirigeantes et dirigeants mondiaux qu’ils ont la responsabilité de s’attaquer aux trois grandes composantes de la crise climatique : l’adaptation, l’atténuation et les pertes et préjudices. Depuis 27 ans, ces questions fondamentales sont sur la table des négociations : stopper le développement des énergies fossiles, investir massivement dans les solutions d’énergie renouvelable et engager des fonds pour aider les nations vulnérables à affronter les impacts de la crise climatique. Alors que s’ouvre la COP 27, nous espérons que ces questions seront réglées. Nous espérons que la justice sera rendue, cette fois en Afrique. »
Omar Elmawi, coordinateur de la coalition StopEACOP :
« Nous mettons l’accent sur les campagnes ciblant toutes les entreprises de l’industrie fossile, en particulier les projets pharaoniques tel que le projet d’oléoduc pétrolier d’Afrique de l’Est (EACOP), car il n’est pas acceptable d’envisager la possibilité de tels plans lorsque nous devons réduire drastiquement et rapidement des émissions de carbone pour éviter des conséquences climatiques catastrophiques. Nous n’acceptons pas que la nécessité de répondre à la crise climatique soit une raison d’approuver ces chantiers gaziers dangereux. Nous voulons que ce message soit entendu à la COP et que des engagements soient pris pour stopper ces projets, afin de financer à la place une transition juste vers des énergies renouvelables d’origine communautaire. »
Joseph Sikulu, membre de Pacific Climate Warriors et directeur de 350.org Pacifique :
« L’humanité se trouve à un carrefour. Les choix que nous faisons aujourd’hui et durant cette décennie détermineront notre avenir. Dans le Pacifique, nous subissons les conséquences liées à la multitude de phénomènes extrêmes et à évolution lente qui affectent nos populations, nos économies et nos ressources naturelles. Nous appelons celles et ceux qui ont contribué le plus à la crise climatique à assumer la responsabilité des dégâts que nos îles ont subis. Compenser les pertes et préjudices doit se faire dans une approche respectueuse des droits humains, basée sur les principes de justice climatique et considérant la « juste part » financière des nations riches en fonction de leurs émissions historiques plutôt que comme une simple obligation morale. Nous mettons au défi les personnes présentes à la COP 27 de prendre les décisions audacieuses qui s’imposent pour protéger notre avenir. »
Eri Watanabe, responsable des campagnes de financement chez 350.org Japon :
« Il est impératif que les pays riches, qui portent la plus grande responsabilité de la crise climatique, se décident à mettre de l’argent sur la table. La transition juste vers un monde alimenté à 100 % par les énergies renouvelables est possible, mais nous devons nous assurer qu’elle sera équitable. Les principales réductions d’émissions doivent se faire dans la prochaine décennie, et les pays les plus riches assurer leur juste part en atteignant la neutralité carbone d’ici à 2030, tout en soutenant les pays les moins responsables et les plus touchés à l’aide de financements climatiques massifs et sans conditions. Il est nécessaire que tous les pays relèvent leurs ambitions en matière de réduction des émissions. Les investissements climatiques sont essentiels pour répondre à la crise et atteindre les objectifs de l’accord de Paris. »