Des millions de Congolais sont confrontés à une grave insécurité alimentaire, en particulier dans le nord-est, où les combats ont déraciné des millions de personnes.
Ce nombre stupéfiant comprend plus d’un demi-million de personnes déracinées de leur foyer ces derniers mois, a averti le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, le PAM.
Pour les aider, l’agence onusienne a lancé un appel à la communauté internationale pour plus de 627 millions de dollars, afin de financer cette année une aide humanitaire vitale.
La corruption dénoncée
Dans un appel personnel, le pape François a exhorté les jeunes Congolais à travailler pour un avenir meilleur et à éviter la corruption, ses remarques en italien traduites en français pour les personnes rassemblées au stade des Martyrs de 80.000 places dans la capitale congolaise Kinshasa.
« Vous faites partie d’une histoire plus grande, celle qui vous appelle à jouer un rôle actif en tant que bâtisseur de communion, champion de la fraternité, rêveur indomptable d’un monde plus uni », a déclaré le chef de l’Eglise catholique, en exhortant également ceux qui écoutaient à ne jamais succomber « aux tentations persuasives mais vénéneuses de la corruption ».
La faim sévère touche une personne sur quatre
En 2022, le PAM a apporté une aide alimentaire et nutritionnelle à 5,4 millions des personnes les plus vulnérables en RDC, en se concentrant sur les femmes et les enfants touchés par le conflit.
Mais les besoins sont immenses dans ce pays d’Afrique centrale, où plus de 26 millions de personnes sont confrontées à la faim, soit plus d’un quart de sa population totale.
« J’ai vu par moi-même que ce pays a beaucoup de potentiel pour produire de la nourriture pour sa population et donner des emplois aux jeunes », a déclaré le Directeur et Représentant du PAM en RDC, Peter Musoko.
Il a exprimé l’espoir que la visite du Pape contribue à mettre en lumière le sort de millions de personnes affamées dans ce pays d’Afrique centrale, pour qui le PAM est parfois « le seul rempart contre une insécurité alimentaire catastrophique ».
« Avec une urgence permanente et des ressources limitées, nous lançons un appel à la communauté internationale pour 627,3 millions de dollars en 2023 », a déclaré M. Musoko.
« Depuis la guerre, je n’ai plus rien »
Certaines des personnes déplacées par la violence dans le nord-est de la RDC ont pu trouver de l’aide auprès du PAM et de ses partenaires, ainsi qu’un abri dans le camp de fortune de Kanyaruchinya, à l’extérieur de la capitale provinciale, Goma.
C’est là que vit désormais l’agricultrice Dorati Ndagisa, démunie, avec ses cinq enfants, après que des groupes armés l’ont chassé de sa ferme, dans l’est de la province du Nord-Kivu.
Son sort est partagé par de nombreuses autres personnes et est le résultat des troubles chroniques liés au conflit de 1998 à 2003 sur les matières premières précieuses qui ont impliqué jusqu’à huit voisins régionaux, et qui ont engendré plus de 100 groupes armés qui terrorisent maintenant les communautés dans l’est de la RDC.
« Avant, j’étais agricultrice et j’avais une vie stable », a déclaré Mme Dorati, qui cultivait autrefois des haricots et des pommes de terre dans le village de Rugari, à 35 kilomètres (21,7 miles). « Depuis la guerre, je n’ai plus rien et je ne sais pas comment nourrir mes trois enfants ».