Apportant son soutien à un appel à davantage de financement pour l’éducation dans les situations d’urgence lancé par le fonds mondial des Nations Unies ‘Education sans délai’ (Education Cannot Wait), le chef de l’ONU a insisté dans un message vidéo sur le fait que personne ne devrait se voir refuser sa chance d’apprendre.
L’éducation, un droit fondamental
Aujourd’hui, 222 millions d’enfants connaissent une éducation dégradée, a noté M. Guterres.
« Peu importe qui vous êtes, où que vous viviez, quels que soient les obstacles qui se dressent sur votre chemin, vous avez droit à une éducation de qualité », a-t-il dit, dans un appel à davantage d’efforts internationaux pour garantir que les enfants et les jeunes les plus vulnérables aient leur chance de réussir.
Dans son message adressé à la Conférence de haut niveau sur le financement d’Education sans délai à Genève, le Secrétaire général s’est félicité du fait que depuis sa création en 2017, le fonds a formé 87.000 enseignants et donné à sept millions d’enfants en situation de crise « l’éducation qu’ils méritent ».
Alors que les promesses de dons de 18 pays et du secteur privé ont dépassé 826 millions de dollars le premier jour de la conférence, l’Envoyé spécial des Nations Unies pour l’éducation mondiale et président du groupe de pilotage de haut niveau d’Education sans délai, Gordon Brown, a salué le soutien international à l’apprentissage pour tous, en tant qu’investissement dans une paix durable.
« Nous parlons des enfants les plus isolés, les plus oubliés au monde. Nous parlons de filles qui se retrouvent victimes de la traite ou contraintes au travail des enfants ou au mariage des enfants », a-t-il poursuivi.
Le désespoir en Afghanistan
Avec sa propre histoire douloureuse sur l’éducation en crise en Afghanistan, Somaya Faruqi a expliqué que bien qu’elle ait fui le pays lorsque les Talibans ont pris le pouvoir en août 2021, nombre de ses « sœurs » ont été abandonnées.
Ses amies sont désormais incapables d’étudier après avoir été interdites d’aller en cours par les autorités de facto, a déclaré Somaya Faruqi, 20 ans, qui reste en contact avec elles et travaille comme militante des droits des femmes pour mettre en lumière leur sort.
« La situation est bien pire que ce que vous pouvez voir dans les informations et les médias sociaux », a-t-elle déclaré à ONU Info. « Chaque jour, je reçois des messages de mes amies disant qu’elles sont forcées de se marier, quel que soit leur âge ou leur consentement ».
« Je ressens un profond sentiment de responsabilité pour soutenir mes sœurs qui sont toujours en Afghanistan. Chaque jour, je reste en contact avec elles, même si leur situation n’est pas bonne », a-t-elle ajouté.
« J’écoute leurs histoires, j’offre des mots d’encouragement et je les aide à trouver des ressources lorsque je le peux. C’est déchirant de voir les luttes auxquelles elles sont confrontées, mais cela ne fait que renforcer ma détermination à lutter pour leurs droits et à aider à construire un avenir meilleur pour toutes les femmes afghanes ».
Ambitions
Somaya Faruqi, originaire de Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan, étudie actuellement l’ingénierie mécanique à l’Université des sciences et technologies du Missouri, aux États-Unis.
Son intérêt pour réparer les choses vient du fait qu’elle aidait son père à réparer des voitures, ce qui a suscité un intérêt pour la robotique, en tant que capitaine de l’équipe de robotique des filles afghanes.
Ensemble, Somaya Faruqi et son équipe ont conçu et fabriqué un prototype de ventilateur à faible coût au plus fort de la pandémie de COVID-19, en coordination avec le ministère afghan de la Santé. Encouragée par ce succès, Somaya Faruqi a toutefois perdu ses espoirs de poursuivre sa vocation lorsque les Talibans ont pris le pouvoir.
« Nous allions créer la première entreprise de robotique en Afghanistan. Malheureusement, la situation a changé », a-t-elle déclaré.
Aujourd’hui, Somaya Faruqi dit qu’elle partage de nombreux souvenirs heureux de son enfance en Afghanistan, mais se sent profondément attristée par la façon dont les autorités « nous ont tout pris ».
Traverser les épreuves
Avant la prise de pouvoir d’août 2021, « l’Afghanistan était un endroit que j’appelais chez moi », a-t-elle expliqué, « où je pouvais poursuivre mes rêves et contribuer au développement de ma communauté. Cependant, depuis que les Talibans ont pris le contrôle, la situation est devenue désastreuse ».
« Pour moi, l’école n’était pas seulement un lieu d’apprentissage, mais un sanctuaire où je pouvais être moi-même, me faire des amis et rêver grand », a-t-elle raconté.
« Mais plus que cela, l’école était l’endroit où j’ai noué les liens les plus significatifs de ma vie – avec mes copines qui partageaient ma passion pour la connaissance. Nous avons ri ensemble, pleuré ensemble et nous sommes soutenus contre vents et marées. Être avec elles m’a fait me sentir entière, vivante et libre », a-t-elle ajouté
Maintenant, quand elle repense à ces jours, son cœur se gonfle de gratitude et de nostalgie pour ces moments précieux.
« Je sais que toutes les filles n’ont pas les mêmes opportunités que moi, et ça me brise le cœur », a-t-elle dit. « Aller à l’école et passer du temps avec des amis ne devrait pas être un privilège, mais un droit fondamental. Je chérirai toujours ces souvenirs et travaillerai pour créer un monde où chaque fille a la chance de vivre la même magie que moi ».