Département d’État des États-Unis
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN :
Bonjour à tous. La semaine dernière, dans son discours sur l’état de l’Union, le président a ordonné aux forces armées américaines de construire un embarcadère temporaire à Gaza pour nous permettre d’acheminer l’aide humanitaire à ceux qui en ont désespérément besoin. Je viens de participer à une vidéoconférence avec des collègues de Chypre, du Royaume-Uni, des Émirats arabes unis, du Qatar, de l’Union européenne et des Nations unies afin de coordonner nos efforts pour mettre en place ce corridor maritime. Bien entendu, nous travaillons également avec Israël sur ce projet.
Une fois mis en place, ce couloir permettra de distribuer jusqu’à 2 millions de repas par jour, ainsi que des médicaments, de l’eau et d’autres fournitures humanitaires essentielles. L’Allemagne, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas et le Canada participent également à cet effort.
Cela prendra bien sûr du temps, mais nous y travaillons aussi rapidement que possible. Et je tiens à le souligner : il s’agit d’un complément – et non d’un substitut – aux autres moyens d’acheminer l’aide humanitaire à Gaza. Les voies terrestres restent notamment le moyen le plus important pour acheminer l’aide et la faire parvenir aux personnes qui en ont besoin. Mais cela permettra de combler le fossé, et cela fait partie de notre stratégie globale pour nous assurer que nous faisons tout notre possible, par tous les moyens possibles, pour faire parvenir l’aide à ceux qui en ont besoin – par voie terrestre, maritime ou aérienne.
Comme vous le savez, les États-Unis sont depuis le début à la tête des efforts visant à garantir que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. Nous avons connu des hauts et des bas significatifs, des périodes d’interruption, des perturbations. Cela dit, nous constatons également que l’aide humanitaire passant par Rafah et Kerem Shalom retrouve les niveaux qu’elle avait atteints il y a quelques semaines – environ 200 camions par jour.
Hier, pour la première fois, le Programme alimentaire mondial a pu reprendre l’acheminement de l’aide à Gaza. Le Maroc a effectué sa première livraison d’aide humanitaire par Kerem Shalom. Cette semaine, les premières expéditions vers le nord de Gaza par un nouveau point de passage à la 96e porte ont commencé. Nous avons de la farine qui a été acheminée depuis le port d’Ashdod. Nous nous efforçons de faire en sorte que les inspections soient accélérées et que les réparations routières progressent, afin que nous puissions également augmenter le flux de la Jordanie à Gaza. Il s’agit d’une route essentielle pour l’approvisionnement.
Les choses bougent donc, et nous avons – et c’est positif, mais cela reste insuffisant. Israël doit encore ouvrir autant de points d’accès que possible et les maintenir ouverts pour s’assurer que les marchandises circulent de manière durable : augmenter la capacité de contrôle, la capacité d’inspection, en particulier à Kerem Shalom, où il est possible d’en faire davantage pour faire entrer plus d’aide plus rapidement ; assouplir les restrictions inutiles sur les produits clés ; offrir plus de clarté et de prévisibilité sur ce qui peut entrer et ne le peut pas. La question des biens à double usage est légitime, mais nous avons besoin d’une plus grande clarté et d’une plus grande cohérence en ce qui concerne leur définition.
Et bien sûr, comme nous le disons depuis le début, s’il est vital de s’assurer que les produits entrent à Gaza, une fois sur place, ils doivent parvenir aux personnes qui en ont besoin. La distribution à l’intérieur de Gaza reste donc une fonction essentielle. L’amélioration de la communication et de la protection du personnel humanitaire contre le conflit, en particulier celui des Nations unies, et celle des dirigeants des communautés locales reste un travail important et toujours en cours.
En fin de compte, nous devons voir – comme nous l’avons décrit, l’aide humanitaire doit affluer à Gaza. Cela aura, je pense, un certain nombre d’impacts positifs importants. Tout d’abord, cette aide apportera du réconfort à des personnes qui en ont désespérément besoin. Mais au-delà de cela, l’un des défis que nous devons relever aujourd’hui et que vous observez actuellement est cette anarchie, cette insécurité – tout cela est omniprésent à Gaza, combiné au désespoir. Lorsque l’on associe ces éléments, on obtient des situations où l’aide arrive et où les gens se ruent immédiatement sur les camions, on assiste à des pillages, des bandes criminelles s’y mettent, et encore une fois, de simples civils qui – en l’absence d’une aide suffisante – peuvent penser que leur seule chance d’obtenir un morceau de pain est de se ruer sur le seul camion qu’ils voient arriver.
Lorsque l’aide est durable, prévisible et fiable, les gens savent que la nourriture est là, qu’elle continuera d’arriver et qu’ils peuvent compter sur elle. Cela réduit à la fois l’insécurité générale et le sentiment d’anarchie – les prix des biens pillés et vendus au marché noir baisseront, ce qui affaiblira les gangs qui se livrent à cette pratique.
Cela dit, même si nous nous efforçons d’accroître l’aide humanitaire par tous les moyens nécessaires, le moyen le plus efficace pour y parvenir vraiment est d’instaurer un cessez-le-feu et d’instaurer un environnement beaucoup plus propice à l’acheminement de l’aide. Une proposition très solide est actuellement sur la table. La question est de savoir si le Hamas l’acceptera. Le Hamas veut-il mettre fin aux souffrances qu’il a provoquées ? La question se pose, mais je peux vous dire que nous prenons part à des échanges intenses chaque jour, presque chaque heure avec le Qatar, avec l’Égypte pour voir si nous pouvons obtenir un accord de cessez-le-feu qui permettra de libérer les otages, d’acheminer plus d’aide et de créer une voie peut-être pour une solution plus durable et plus sûre.
Les otages restent au centre de nos préoccupations et de nos cœurs. Nous venons d’apprendre qu’Itay Chen, l’un des citoyens binationaux américano-israéliens que nous pensions avait été enlevé le 7 octobre, a en fait été tué ce jour-là. J’ai rencontré sa famille à plusieurs reprises au cours des derniers mois. Je leur ai parlé hier, à Ruby, à Hagit. Il n’y a pas de bons mots pour en parler. Personne ne devrait avoir à vivre ce qu’ils ont vécu et ce que les autres familles d’otages continuent de vivre. Il s’agit d’une raison supplémentaire pour laquelle l’obtention d’un cessez-le-feu serait si cruciale pour nous permettre de ramener les otages à la maison. Le président a clairement indiqué que la priorité était d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les civils. Cela ne peut pas être une considération secondaire.
À cet effet, je dirais donc simplement que lorsque l’on veut, on peut. Nous attendons du gouvernement israélien qu’il fasse de cette question une priorité : protéger les civils, apporter aux gens l’aide dont ils ont besoin. Cela doit être la tâche numéro un, même s’ils font ce qui est nécessaire pour défendre le pays et faire face à la menace que représente le Hamas.