Les Guinéens en général ne sont pas attachés à l’équilibre budgétaire, c’est-à-dire l’équilibre entre recettes et dépenses. Cette position se justifie par des raisons politiques et économiques :
1- les raisons politiques : pour que l’équilibre soit réalisé les recettes d’impôts votées par le Parlement doivent être exactement calculées pour couvrir les charges publiques. Ainsi, le Parlement, en votant l’impôt, conserve la maîtrise des dépense publiques et limite l’intervention de l’Etat ;
2- les raisons économiques : un déséquilibre budgétaire entraîne le recours à l’emprunt, condamné par les économistes libéraux de notre pays.
Dans une situation d’équilibre, l’excédent de recettes doit également être rejeté, car il constitue une stérilisation des deniers privés, qui auraient pu être utilisés pour la consommation ou l’investissement. Cette approche est remise en cause dans le cadre de l’Etat interventionniste.
En résumé, le domaine budgétaire est devenu de plus en plus complexe. Les parlementaires ont ainsi moins de prise sur le budget. Il existe bien sûr des parlementaires spécialisés sur les questions budgétaires, avec des commissions permanentes dédiées, au profit d’un véritable technocrate financier, en l’espèce des spécialistes des questions budgétaires en Guinée. Les directions du ministre chargé des finances, les membres de l’inspection des finances, de la Cour des comptes jouent un rôle essentiel à tous les stades de la procédure budgétaire de préparation, exécution et contrôle. Cette suprématie du gouvernement exerce un impact sur les principes budgétaires. Les mêmes principes apparus durant les différentes périodes des finances publiques classiques subsistent mais subissent de nombreuses dérogations.
Dr BAH ALIOU, Inspecteur Principal des Impôts