Mon cher Contribuable Guinéen, j’aurais presque envie de vous dire de n’est pas paie l’impôt. Dans l’impôt tout repose sur le faux. La légalité de son fondement et l’égalité de ses prélèvements, autrement dit, en matière fiscale, le domaine de la loi est amputé, le Parlement est coincé et son vote est bâclé. Et ce n’est pas rien. 1 461 milliards GNF en 2023. Non pas, rassurez-vous, ce n’est pas l’impôt qui est remis en cause mais la Direction Générale des Impôts, particulièrement ses inspecteurs. Contribuable, le directeur général se trouve être le plus riche de la Guinée. Mais comment est-il le plus riche de la Guinée ?
Contribuables Guinéens, comme les compagnons du Goulag fiscal, nous sommes les victimes du national-fiscalisme social médiocrate qui finissent au pavillon des poches du directeur général et ces inspecteurs. Des disgraciés du palais Mohamed V pourraient vous expliquer. Non ! Ce n’est en aucun de ces sens, familier ou résigné, que le directeur pourrait vous échapper.
Contribuable Guinéen, permets- moi de te tutoyer ! Tu sais, tu as tout oublié depuis 1958. D’abord, la Révolution de PDG-RDA, tu l’as faite contre la colonisation parce que tu en avais assez ; assez de la transition militaire du CMRN, comme assez du socialisme de RPG, comme aujourd’hui assez des privilèges du Palais Mohamed V.
Contribuable Guinéen, tu as fait le 05 septembre 2021, pour que plus jamais ça. Et aujourd’hui, deux ans après, on en est encore là. C’est même pire. Tout est revenu. La magistrature et sa suffisance, avec ses lettres de cachet et ses détentions arbitraires. L’insécurité, comme la nuit dans les villes où le guet ne pouvait pas être partout. Il ne manque rien des cauchemars de l’ancien régime. Ni le gaspillage d’une caste qui s’est emparée de l’Etat ; ni les caisses vides d’une Guinée vivant d’expédients, hier tributaire des ethno-stratégiques, aujourd’hui asservie aux militaro-claniques. Rien n’y manque, pas même, dans la République une et indivisible, les inégalités géographiques. Le Guinéen de Kankan ne paie pas l’impôt comme celui de Kindia, et d’un village à l’autre, en quelques kilomètres, l’impôt peut changer d’un (1) à dix (10).
Contribuable Guinéen, tu as vraiment tout oublié. Hier en 1945, parce que tu travaillais 18 jours par an, pour payer tes impôts aux colons français, tu as fait une révolution. Aujourd’hui, tu travailles plus de 180 jours pour payer tous tes prélèvements directs et indirects, fiscaux, néo fiscaux (TVA) et parafiscaux. Dix fois plus, et que fais-tu ? Des élections, et au mieux quelques protestations. Toi qui trouvais insupportable d’être tévéable et enregistrable sur l’E-TAX. Qui plus est pour une politique de parti, très divisée à tous les niveaux de la République.
Contribuable Guinéen, tu as payé presque autant d’impôts qu’il en a été prélevé dans toute l’histoire de la Guinée. Et les quelques milliers d’employés des sociétés minières comme la CBG et la CBK, ont versé, aux termes de leur vie, plus d’impôts que n’en a supporté toute la classe ouvrière au cours du siècle dernier. On devrait au moins protester pour qui font de notre richesse. Sinon se révolter pour n’est pas paie l’impôt. Pas du tout, c’est à peine si on n’est satisfait. Même, Karl MARX n’avait pas prévu ça. « Le stade suprême de l’aliénation : l’exploitation de l’homme par la fiscalité ». En Guinée, un individu des sociétés minières travaille près de vingt (20) ans de sa vie, un quart de son existence biologique pour ses impôts. Et que fait -il ? Que dit-il ? Rien à la fin ! Pour en arriver là, il faut vraiment avoir été trompé, manœuvré, intoxique. Et c’est bien ce qu’il est advenu, mon pauvre contribuable perclus d’impôts. A l’instant même où tu as fait le changement de régime te libérer, tu as mis en place tous les éléments du nouvel asservissement. L’élection et la représentation d’où devraient sortir les abus du parlementarisme, l’égalité et la solidarité, qui devraient donner l’idéologie de l’égalitarisme. Contribuable Guinéen, bien sûr, si tu avais su …Mais on ne refait pas l’histoire. Et en revanche, on fait son avenir.
Contribuable Guinéen, en conclusion, si tu savais par exemple ou si tu voulais te souvenir que celui qui prélève l’impôt était appelé au XVIII ème siècle un imposteur, tu comprendrais le cas Guinéen. Ce n’est pas le fait du hasard si le même mot a désigné, d’abord, le percepteur des impôts (au temps colonial) et ensuite l’inspecteur des impôts ou le menteur. Parce que la fiscalité alimente le pouvoir et le pouvoir repose sur l’illusion. La fiscalité a besoin à son tour du mensonge.
Contribuable Guinéen ne crois pas que je suis excessif. Tu peux le voir toi-même Seulement voilà, ce n’est même pas la moitié de ce que nous payons en réalité. La loi ne porte que sur la partie émergée de l’iceberg fiscal. Tout le reste, qui est caché, échappe à la légalité. Et c’est beaucoup, 1.000 milliards GNF environ chaque année. Les plus lourds, plus de deux mille milliards GNF de prélèvements obligatoires 2022. Le Contribuable Guinéen est asphyxié, son économie anémiée, sa maladie répertoriée. C’est le SIDA fiscal. Comment en est-on arrivé là ? Que faire pour en sortir ?
Dr ALIOU BAH, Inspecteur Principal des Impôts.