Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Allocution
Le 22 avril 2024
EXTRAITS
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Je suis ravi d’être ici pour présenter les rapports par pays sur les pratiques en matière de droits de la personne en 2023. À la fin de l’année dernière, nous avons célébré le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui affirme l’idée fondamentale selon laquelle « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Ces mots, prononcés il y a 75 ans, ont consacré un large éventail de droits universels – civiques et politiques, économiques, sociaux et culturels – le droit de s’exprimer librement, de choisir ses dirigeants, de pratiquer son culte comme on l’entend, le droit à l’éducation, à des conditions de travail justes.
Défendre la liberté et les droits de la personne est tout simplement ce qu’il convient de faire. Mais la défense et la promotion de ces droits inaliénables et universels servent aussi profondément notre intérêt national. Les pays qui respectent les droits humains ont plus de chances d’être pacifiques, prospères et stables.
Le rapport que nous publions aujourd’hui présente un compte rendu factuel et systématique de la situation des droits de la personne dans près de 200 pays et territoires. Chacun est soumis à la même norme – pays développés et pays en développement, concurrents, alliés et partenaires. Bien que le rapport soit axé sur les défis en matière de droits de la personne à l’étranger, nous reconnaissons que les États-Unis sont confrontés à leurs propres lacunes. La force des démocraties comme la nôtre réside dans leur capacité à faire ouvertement face à ces lacunes, ces imperfections, sans les balayer sous le tapis.
Le rapport montre qu’il reste beaucoup à faire pour faire respecter les droits énoncés dans la Déclaration universelle. Une fois de plus, les droits la personne et l’état de droit sont mis à rude épreuve, de plus en plus souvent et dans de plus en plus d’endroits dans le monde entier. Du Bélarus au Venezuela, les gouvernements continuent à emprisonner les citoyens qui contestent le pouvoir en place et appellent à un avenir meilleur. Beaucoup sont jeunes. La moyenne d’âge des quelque 1000 prisonniers politiques que compte Cuba n’est que de 32 ans.
Comme nous l’avons tragiquement vu avec l’emprisonnement injuste d’Alexeï Navalny dans une colonie pénitentiaire russe, l’incarcération peut s’accompagner de conditions horribles, de mauvais traitements, voire de la mort. Des gouvernements comme celui de la Russie détiennent arbitrairement des ressortissants étrangers à des fins politiques, et se servent d’êtres humains comme monnaie d’échange. Paul Whelan, Evan Gershkovich et toutes les personnes injustement détenues méritent d’être libérées. Les États-Unis et leurs nombreux partenaires continueront à travailler chaque jour pour les réunir avec leurs familles et pour demander des comptes aux gouvernements qui se livrent à ces pratiques déplorables.
Simultanément, le rapport met en évidence le fait que les gouvernements se livrent à des violences au-delà de leurs propres frontières. Le Nicaragua tente de faire pression sur les militants en exil et de les punir en saisissant leurs biens. Le Tadjikistan collabore avec d’autres pays pour rapatrier de force les défenseurs des droits de la personne, les avocats et les journalistes qui ont fui à l’étranger.
Le rapport fait état d’atrocités qui évoquent les moments les plus sombres de l’humanité. Au Soudan, les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide ont commis des crimes de guerre. Les Rohingyas en Birmanie, les Ouïghours au Xinjiang, tous victimes de génocide et de crimes contre l’humanité. Les États-Unis continueront à faire part de leurs profondes inquiétudes directement aux gouvernements responsables.
Le rapport de cette année fait également état de violations des droits de la personne commises à l’encontre des membres de communautés vulnérables. En Afghanistan, les talibans ont limité les possibilités d’emploi pour les femmes, fermé les institutions destinées à l’éducation des filles et multiplié les flagellations de femmes et d’hommes accusés de, je cite, « comportement immoral ». L’Ouganda a adopté une loi draconienne et discriminatoire contre l’homosexualité, menaçant les personnes LGBTQI+ d’emprisonnement à vie, voire de mort, simplement parce qu’elles sont avec la personne qu’elles aiment.
Dans tous les pays et dans toutes les régions, les autorités ont de plus en plus recours à la technologie pour intimider, censurer et surveiller. Les gouvernements déploient l’intelligence artificielle pour diffuser la désinformation, et vont même jusqu’à traquer les gens sur la base de leur ADN. Ils coupent et réduisent l’accès à l’internet, comme l’a fait l’Iran pour réprimer les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa « Zhina » Amini. Le régime Assad et d’autres utilisent abusivement des logiciels espions commerciaux pour cibler les journalistes et les militants.
Les États-Unis s’emploient aussi activement à faire en sorte que les technologies émergentes soient utilisées au service des droits et non pour y faire obstacle ; pour promouvoir l’égalité des chances, et non à des fins discriminatoires.
Pour ne citer qu’un exemple, nous avons mobilisé une coalition de gouvernements partageant les mêmes idées, pour lutter contre la prolifération et l’utilisation abusive de logiciels espions commerciaux. Aujourd’hui, dans le cadre des actions de l’ensemble du gouvernement, nous imposons des restrictions en matière de visa à plus d’une douzaine de personnes qui ont contribué à des violations des droits de la personne en facilitant le développement et la vente de ces outils.
Les terribles attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier et les pertes dévastatrices de vies civiles à Gaza, alors qu’Israël exerce son droit de veiller à ce que ces attaques ne se reproduisent jamais, ont également soulevé des questions très préoccupantes en matière de droits de la personne.
Nous continuons à travailler chaque jour afin de mettre fin aux combats, pour obtenir la libération des otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, pour faire respecter le droit humanitaire international, pour empêcher de nouvelles souffrances, pour créer une voie vers un avenir plus pacifique et plus sûr pour les Israéliens comme pour les Palestiniens.
Il ne s’agit là que de quelques illustrations issues des nombreux pays couverts par ce rapport. Et le rapport lui-même n’est qu’un des nombreux moyens utilisés par les États-Unis pour promouvoir le respect des droits et de la dignité de tous. Nous nous sommes également appuyés sur une législation bipartisane, telle que la loi Magnitski, et sur des outils tels que « l’interdiction Khashoggi » pour demander des comptes à ceux qui commettent des violations des droits de la personne ou qui en tirent profit.
Grâce en partie à des efforts de ce type, notamment de la part des défenseurs et des citoyens qui sont en première ligne, l’année 2023 a également été marquée par des évolutions encourageantes. Malgré la prolifération des lois anti-LGBTI+ dans certaines parties du monde, des pays comme l’Estonie, le Japon ou l’île Maurice ont fait d’importants progrès sur la voie de la promotion des droits des personnes LGBTQI+. Alors même que des militants syndicaux ont été pris pour cible, enfermés et tués, les syndicats d’Afrique du Sud, du Mexique et du Brésil ont amélioré les conditions de travail et ont permis aux travailleurs de s’organiser – des objectifs clés de la directive mondiale sur le travail que le président Biden a publiée en novembre dernier.
La Jordanie a pris des mesures pour que les enfants handicapés puissent être scolarisés et recevoir le soutien dont ils ont besoin. Ces points positifs nous rappellent que des progrès en matière de droits de la personne sont effectivement possibles, tant que des personnes engagées, dans toutes les régions du monde, continuent à œuvrer pour le respect de la dignité fondamentale de tous.
À ce propos, permettez-moi de terminer en remerciant une équipe remarquablement dévouée dans ce département – ici dans ce bâtiment, et dans nos ambassades partout dans le monde – qui a passé des mois à compiler minutieusement ce rapport. Je tiens également à remercier celles et ceux qui ont contribué à consigner les incidents qui constituent cette ressource importante, journalistes, défenseurs des droits de la personne, citoyens, souvent au péril de leur vie. Grâce à chacun d’entre vous, nous avons une image plus claire de la réalité de la situation des droits de la personne, ainsi qu’une détermination renouvelée à l’améliorer pour l’avenir.