À l’occasion d’un forum de haut niveau organisé à New York, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement (BAD) ont rendu public le Rapport sur le développement durable en Afrique (ASDR) pour 2024. Notre rédaction l’a consulté et vous en présente les grandes lignes.
L’Afrique est toujours en retard, très en retard même, dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). C’est le bilan du Rapport sur le développement durable en Afrique (ASDR) pour 2024 intitulé « Renforcer l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples : la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ». Il a été réalisé conjointement par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et la Banque africaine de développement (BAD) qui l’ont présenté récemment à New York aux États-Unis d’Amérique.
Les trois organisations qui suivent de près les politiques publiques, les dynamiques économiques et les évolutions sociales dans les 54 pays africains ont examiné avec regret l’état des ODD 1 sur la pauvreté (54,8% des pauvres au monde vivent en Afrique) et des ODD 2 sur la sécurité alimentaire. Au moins 281,6 millions de personnes sur le continent sont touchées par la faim, soit une augmentation de 11 millions par rapport à 2021. La mise en œuvre des ODD 13,16 et 17 portant respectivement sur la lutte contre les changements climatiques, la promotion de la paix et les partenariats internationaux est toujours aussi lente.
Un déficit de financement accru
« Les économies avancées ont rebondi après la crise de la Covid-19, mais de nombreux pays africains sont confrontés à un endettement élevé, à une inflation à deux chiffres et à un accès limité au financement crucial pour le développement et le climat. Les disparités en matière d’indice de développement humain (IDH) se creusent entre les pays les mieux classés et ceux les moins bien classés. Compte tenu du peu de temps qui reste avant l’échéance des ODD de 2030, la plupart des pays pourraient ne pas parvenir à mobiliser les ressources adéquates pour combler leur déficit de financement », a expliqué Claver Gatete, le Secrétaire exécutif de la CEA.
Malgré une augmentation de 2% de l’aide publique au développement (APD) destinée à l’Afrique en 2023, les besoins de financements climatiques sont restés au même niveau c’est-à-dire qu’il manque toujours entre 118,2 et 145,5 milliards de dollars par an pour stopper les conséquences socioéconomiques des inondations et des sécheresses. Un manque de capitaux qui freine jusqu’ici « la mise en place des stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe » dans 25 pays africains depuis 2015, indique le rapport.
Ce qui a progressé…
Toutefois, les spécialistes du PNUD, de la CEA et de la BAD ont enregistré quelques progrès notables particulièrement sur l’ODD 6. L’accès à l’eau potable a augmenté en moyenne, passant de 68,7% en 2015 à 72,9 % actuellement. La Côte d’Ivoire fait d’ailleurs partie des pays exemplaires avec son taux de couverture de 80% en zone urbaine et 70% en milieu rural. « S’agissant des services d’assainissement de base, ils atteignent désormais 52% de la population africaine grâce aux efforts continus pour répondre aux normes mondiales », s’est réjoui Matthias Naab, le directeur régional adjoint par intérim du PNUD pour l’Afrique.
Puisque le développement durable se veut collectif, aucun pays qu’il soit de l’Afrique de l’Ouest, de l’Est, australe ou du Nord, ne sera laissé en marge d’ici à 2030 (l’échéance de l’Agenda 2030). Pour ce faire, les acteurs réunis à New York ont formulé une recommandation claire relative à la coopération multilatérale. « Les partenaires de développement doivent intensifier leur soutien, notamment en renforçant le système des banques publiques de développement en se concentrant sur l’amélioration des capacités productives, des infrastructures et du développement du capital humain », a expliqué Al Hamndou Dorsouma, le responsable de la division Changement climatique et croissance verte de la BAD.
La rédaction