RDC : 90 % des victimes des abus sexuels liés au conflit sont des femmes et des filles

11
SHARES
101
VIEWS

© UNICEF/Vincent Tremeau
Une survivante de violences sexuelles dans l’est de la République démocratique du Congo.

Ces expertes du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) se sont dites alarmées par le conflit en cours dans les provinces orientales de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu et par la persistance des violences sexuelles liées au conflit qui, depuis des décennies, sont devenues une « caractéristique épouvantable » du conflit dans cette région.

Selon le Comité, les violences sexuelles liées au conflit sont souvent utilisées comme arme de guerre, en particulier par les groupes armés non étatiques, mais aussi par les forces armées et les forces de police congolaises.

Dans ses conclusions et observations finales, le Comité note que les violences sexuelles liées aux conflits ont lieu dans différents contextes, tels que les opérations militaires, les contextes humanitaires, y compris les camps et les déplacements ou lors de tâches quotidiennes.

Des violences ancrées dans le patriarcat

Dans l’est de la RDC, l’avancée des rebelles du M23 a également engendré une « nouvelle augmentation des violences sexuelles liées au conflit ».

Le rapport est notamment revenu sur le viol de 165 femmes détenues lors d’une évasion de la prison de Muzenze par des prisonniers masculins, dont la majorité a ensuite été tuée dans un incendie, dont les circonstances ne sont toujours pas claires.

Plus largement, ces violences, souvent utilisées comme une arme de guerre, sont ancrées « dans le patriarcat et les stéréotypes sexistes, pour punir les groupes rivaux et inspirer la peur aux civils ».

Ces violences incluent le viol, le viol collectif, le viol de masse, l’esclavage sexuel, la grossesse forcée, le mariage d’enfants, le mariage forcé et la prostitution forcée.

« Tous ces actes constitueraient souvent des violations du droit humanitaire et des droits de l’homme et s’apparenteraient souvent à des crimes internationaux, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».

Le Comité a exhorté l’État partie à adopter une stratégie globale pour éliminer les violences sexuelles et lui a demandé de travailler avec des partenaires internationaux pour prévenir et punir les violences sexuelles liées au conflit.

Reddition des comptes

Pour la première fois, le Comité a également formulé des recommandations à la communauté internationale dans ses observations finales, notamment en soutenant une résolution pacifique du conflit, en veillant à ce que les auteurs de violences sexuelles liées au conflit rendent compte de leurs actes et en fournissant un soutien financier et technique pour protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles liées au conflit.

Le rapport fait état de l’existence de plus de 200 groupes armés dans l’ensemble de la RDC, dont plus de 100 rien que dans l’est du pays, qui commettent de nombreuses violations des droits humains, en plus des violences sexuelles liées au conflit.

Il s’agit notamment de meurtres et de massacres, de disparitions forcées, de détentions arbitraires et d’actes de torture, qui s’apparentent souvent à des crimes contre l’humanité et à des crimes de guerre.

« Dans plusieurs cas, ces violations ont également été commises par des acteurs étatiques », ont souligné les expertes indépendantes du CEDAW.