Ce jeudi 20 mars 2025, la société Satguru Travels and Tours Service Sarl et la société G4S Service de Sécurité Guinée Sarl, respectivement poursuivies par Mohamed Lamine Soumah et Alpha Issiagha Bah pour licenciement abusif, ont été reconnues coupables de rupture abusive de contrat. Le tribunal du travail a condamné chacune de ces entreprises à verser plusieurs millions de francs guinéens aux plaignants à titre de réparation.
Le cas de Mohamed Lamine Soumah contre Satguru Travels and Tours Service Sarl
Après plusieurs mois de procédure, la requête de Mohamed Lamine Soumah contre Satguru Travels and Tours Service Sarl a été jugée fondée par le tribunal du travail. Le président du tribunal a déclaré que la rupture du contrat de travail, intervenue le 31 juillet 2023, était injustifiée, sans cause réelle et sérieuse.
En conséquence, Satguru Travels and Tours Service Sarl a été condamnée à verser à Mohamed Lamine Soumah la somme de 144 720 000 GNF, répartie comme suit :
Indemnité pour violation de procédure : 12 000 000 GNF
Indemnité pour licenciement injustifié : 24 000 000 GNF
Indemnité de licenciement : 480 000 GNF
Indemnité compensatrice de préavis : 4 000 000 GNF
Prime d’ancienneté : 30 240 000 GNF
Dommages et intérêts : 10 000 000 GNF
Arriérés de salaire : 64 000 000 GNF
En plus de cette condamnation financière, le tribunal a ordonné à Satguru Travels and Tours Service Sarl de délivrer à Mohamed Lamine Soumah son certificat de travail. L’exécution du jugement a été ordonnée immédiatement, par provision et avec dispense de caution, avec une astreinte définitive de 3 000 000 GNF par jour de retard.
Cependant, le tribunal a rejeté les demandes jugées infondées et a mis les dépens à la charge du Trésor public.
Réaction de Mohamed Lamine Soumah
S’adressant à la presse après la décision du tribunal, Mohamed Lamine Soumah a exprimé sa satisfaction :
> « Je remercie le président du tribunal du travail, Monsieur Diawara, pour son jugement juste. Je suis vraiment content. J’ai beaucoup souffert. Satguru pensait que je ne pouvais rien contre elle. C’est vrai, je suis petit devant eux, car ils ont tous les moyens à leur disposition, alors que je n’ai rien. Le directeur des ressources humaines m’avait même demandé si j’avais confiance en la justice. J’ai répondu oui. Il m’a dit : « Alors, vas-y. » Il a ajouté : « Au tribunal du travail de Guinée, si tu n’as pas d’argent, tu n’auras pas de suite. Tu vas te fatiguer et tu finiras par rester chez toi. » Mais j’ai eu confiance en la justice, et aujourd’hui, le président du tribunal du travail a prouvé qu’il est un bon juge, un juge honnête. Je lui souhaite une promotion. »
Le cas d’Alpha Issiagha Bah contre G4S Service de Sécurité Guinée Sarl
Dans le même sillage, le tribunal a également condamné G4S Service de Sécurité Guinée Sarl pour licenciement abusif d’Alpha Issiagha Bah.
Le tribunal a estimé que la rupture du contrat de travail, intervenue le 2 septembre 2024, résultait d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse. En conséquence, G4S Service de Sécurité Guinée Sarl a été condamnée à verser à Alpha Issiagha Bah la somme de 55 116 554 GNF, répartie comme suit :
Indemnité pour violation de procédure : 6 776 049 GNF
Indemnité pour licenciement injustifié : 13 552 098 GNF
Indemnité de licenciement : 271 041 GNF
Indemnité compensatrice de préavis : 2 258 683 GNF
Indemnité compensatrice de congés payés : 2 258 683 GNF
Dommages et intérêts : 30 000 000 GNF
Le juge Mohamed Diawara a également ordonné à G4S Service de Sécurité Guinée Sarl de délivrer à Alpha Issiagha Bah son certificat de travail. L’exécution du jugement a été prononcée immédiatement, par provision et avec dispense de caution, avec une astreinte définitive de 5 000 000 GNF par jour de retard.
Comme dans le premier cas, certaines demandes du plaignant ont été rejetées et les dépens mis à la charge du Trésor public, en application des dispositions des articles 172.11, 172.6, 172.9 al.2, 212.3, 172.14, 172.10, 172.30, 172.23, 172.28, 2223, 172.32, 523.13 du Code du travail, ainsi que 563 et 107 du Code de procédure civile, économique et administrative (CPCEA).
Réaction d’Alpha Issiagha Bah
Tout comme Mohamed Lamine Soumah, Alpha Issiagha Bah s’est dit soulagé par la décision du tribunal :
> « J’ai travaillé là-bas pendant 16 ans et 10 mois sans commettre d’erreur. On m’a licencié banalement. Mais aujourd’hui, je suis content. Je constate qu’il y a eu beaucoup de changements en Guinée. Les anciens nous fatiguaient, mais depuis qu’ils ont été remplacés par des jeunes, Dieu merci, on nous a envoyé de bons travailleurs qui pensent à la Guinée. La jeunesse qui est arrivée au pouvoir cette fois-ci nous a prouvé qu’elle est venue pour nous aider, nous, le bas peuple qui n’avons rien. Je suis très fier de Monsieur Diawara. Merci à vous, Monsieur Diawara. Si ça continue comme ça, nous serons à l’aise dans notre pays, car nous souffrons. »
Ces jugements marquent une victoire importante pour les travailleurs licenciés abusivement et renforcent la confiance en la justice du travail en Guinée.