L’Assemblée générale des Nations Unies a commémoré mardi le 30e anniversaire du génocide de Srebrenica, qualifié par les juridictions internationales comme la pire atrocité commise sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
Lors de la cérémonie solennelle, les Nations Unies ont réaffirmé leur engagement à tirer les leçons de cette tragédie, à préserver la mémoire des victimes, et à lutter contre le négationnisme et la montée des discours de haine.
Le message du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a été lu par son chef de cabinet, Courtenay Rattray. « Le monde se rassemble dans la solidarité et la réflexion à l’occasion du 30e anniversaire du génocide de Srebrenica », a-t-il déclaré.

Une génération entière perdue
Rappelant les faits, le chef de l’ONU a évoqué le massacre de plus de 8.000 hommes et garçons bosniaques, systématiquement séparés de leurs familles, exécutés et enterrés dans des fosses communes, ainsi que la déportation forcée de milliers de femmes, d’enfants et de personnes âgées. « Une génération entière a été perdue. L’intention était l’élimination des Musulmans bosniaques à Srebrenica ».
« Aujourd’hui, nous nous souvenons et rendons hommage aux victimes. Nous saluons la force, la dignité et le courage des survivants et des familles », a-t-il ajouté, soulignant que cette tragédie marquait également une profonde faillite de la communauté internationale. « Il y a trente ans, les Nations Unies et le monde ont laissé tomber la population de Srebrenica ».
M. Guterres a notamment salué le courage des « Mères de Srebrenica », pour leur quête de justice et leur refus de céder à la haine. Leur combat a été essentiel à la reconnaissance juridique du génocide par les tribunaux internationaux.
Face à la résurgence de la haine, des discours révisionnistes et de la glorification des criminels de guerre, le Secrétaire général a appelé les États membres à « faire face au déni par la vérité – et à l’impunité par la justice ». « Et nous devons honorer nos obligations en vertu du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, ainsi que de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide », a-t-il ajouté.

L’éducation pour se défendre contre l’érosion de la mémoire
Dans un message vidéo préenregistré, le Président de l’Assemblée générale, Philémon Yang, a lui aussi exhorté la communauté internationale à ne jamais oublier.
« Trente ans se sont écoulés depuis la tragédie survenue à Srebrenica, l’un des chapitres les plus sombres de notre histoire commune », a-t-il affirmé. « Ce fut une atrocité que les juridictions internationales ont reconnue comme un génocide ».
M. Yang a souligné que cette commémoration « porte une urgence renouvelée dans un monde de plus en plus fracturé par les divisions et la montée de l’intolérance ». Il a rappelé que « l’éducation reste notre meilleure défense contre l’érosion de la mémoire » et que les générations futures doivent comprendre « ce qui s’est passé, pourquoi cela s’est produit, et comment cela a été rendu possible ».
« Les leçons de Srebrenica doivent guider nos efforts pour prévenir de tels crimes, partout et à chaque fois. Cela inclut le renforcement de la protection des civils dans les conflits et le respect des droits humains fondamentaux », a-t-il insisté.
Alors que l’ONU célèbre cette année son 80e anniversaire, M. Yang a estimé que la mémoire de Srebrenica devait « renforcer notre détermination à défendre les valeurs de la Charte des Nations Unies, à défendre les droits humains, l’État de droit et la dignité de chacun, partout dans le monde »