La Générale de division Bettina Patricia Boughani a rejoint la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) en janvier 2021 en tant que Commissaire de la Police de la mission. Les postes de commandement variés que cette Française a occupés lui ont permis de développer différentes expertises, tant dans le maintien de l’ordre, que la sécurité publique générale ou la formation.
C’est son travail en tant que chargée de mission sécurité intérieure à la représentation permanente de la France auprès des Nations Unies qui lui a donné envie de voir le terrain.
Dirigeant une composante police (UNPOL) de 1.920 personnes actuellement, elle a expliqué au micro d’ONU info combien elle est fière du travail qu’elle fait et l’immense bonheur qu’elle éprouve lorsqu’elle transmet son expertise pour la mise en œuvre du mandat de la mission. « Pour moi, c’est un immense bonheur de servir les Nations Unies et de servir le maintien de la paix et la sécurité internationale ».
Extraits de la conversation qu’ONU Info a eue avec la Générale Boughani.
ONU Info : Vous êtes la Commissaire de la police de la MINUSMA et cela fait un peu plus d’un an que vous avez intégré la Mission. Y a-t-il une parité entre hommes et femmes au sein de la composante police ?
Bettina Patricia Boughani : Conformément au mandat de la MINUSMA, UNPOL MINUSMA est composé de 1.920 personnels, 345 policiers individuels et 11 unités de police constituées, communément appelé FPU. Donc cela m’amène à un total de 1920. Et nous sommes souvent aux environs de 1800.
Concernant les effectifs de femmes, nous sommes à un tout petit peu moins de 25% de personnel féminin au niveau des policiers individuels et nous sommes à environ 13% au niveau des personnels féminins qui servent au sein des unités de police constituée. Nous avons un projet actuellement qui s’appelle l’initiative Elsie pour développer le nombre de femmes au sein des unités de police constituée à travers la logistique, donc en améliorant ou en soutenant l’hébergement des femmes. L’idée est d’amener et de déployer davantage de personnels féminins.
ONU Info : Comment voyez-vous l’impact des femmes sur l’efficacité de la MINUSMA ? Est-ce que vous pensez que la mission a besoin de plus de femmes ?
Bettina Patricia Boughani : Je pense que la présence des femmes Casques bleus permet d’approcher un peu plus facilement la population et je pense aux femmes et aux jeunes au regard du contexte culturel, au regard de certains échanges. Ça c’est vraiment le premier point. Le 2e point, c’est également à travers les femmes policières, gendarmes, militaires également, qui sont Casques bleus, cela permet, à mon sens, de démontrer que la femme peut assurer une mission de sécurité et permettre peut-être à des jeunes filles qui rêvent peut-être d’être policière ou gendarme ou militaire, de démontrer que c’est possible. Je pense que ça c’est vraiment important.
J’ai de la chance également au sein d’UNPOL d’avoir un certain nombre de policiers, gendarmes, hommes ou femmes, qui viennent de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Ils sont francophones et parlent également différentes langues et c’est vraiment une source de richesse pour approcher les populations. La MINUSMA continue à travailler inlassablement sur l’augmentation du nombre de femmes. La femme c’est aussi 50% de la population et donc la MINUSMA prend en compte cela et nous par exemple à UNPOL, on travaille sur le projet de l’initiative Elsie pour augmenter le nombre de femmes.
ONU Info : Et vous personnellement en étant Commissaire de police femme au sein de la mission, qu’apportez-vous à vos collègues, aussi bien hommes et femmes ?
Bettina Patricia Boughani : Pour moi c’est toujours une question difficile parce que j’estime que le commandement n’est pas genré. Je pense qu’il faut avoir une bonne expérience professionnelle. Il faut être disponible, il faut avoir de la volonté et je pense qu’il faut avoir du bon sens. Mais en tout cas pour moi, si j’ai pu susciter des vocations féminines, j’en serais ravie.
ONU Info : Si certains jeunes ou certaines femmes veulent ou songent à devenir Casques Bleus, ou travailler au sein de différentes missions, quelles seraient vos suggestions ?
Bettina Patricia Boughani : Si des femmes souhaitent rejoindre les Casques Bleus ou rejoindre les forces de l’ordre dans leur pays, je leur dirais : tout simplement osez. C’est vraiment très important. Qu’elles se préparent physiquement, qu’elles se préparent intellectuellement aux épreuves, s’il y a des épreuves, et puis tout simplement foncez. Il faut croire en soi et donc je leur dis, croyez et croyez en vous.
ONU Info : Est-ce que c’est difficile pour vous d’être loin de la France ? Est-ce éprouvant d’être en mission quand il y a des moments difficiles ?
Bettina Patricia Boughani : Je dirais que je suis fière de démontrer qu’on peut être femme, on peut être policière ou gendarme et on peut être à l’étranger et tout ça, ce n’est pas antinomique. Ça, c’est vraiment quelque chose d’important. Aujourd’hui, il existe toutes sortes de moyens, de communication pour interagir avec sa famille. Je dirais surtout que peu importe le niveau de responsabilité auquel on se situe, on éprouve toujours un immense bonheur lorsqu’on peut transmettre son expertise pour la mise en œuvre de mandat ou autre chose. Donc pour moi, c’est un immense bonheur de servir les Nations Unies et de servir le maintien de la paix et la sécurité internationale.
ONU Info : Ce n’est que récemment que vous avez rejoint le maintien de la paix ?
Bettina Patricia Boughani : Je suis arrivée en janvier 2021. J’ai eu un parcours riche au sein de l’institution de la gendarmerie française. J’ai eu des commandants opérationnelles, j’ai fait de la formation, j’ai fait de l’international et puis j’ai également travaillé en cabinet, donc la partie état-major. J’ai eu de la chance, j’ai été chargée de mission sécurité intérieure à la représentation permanente de la France auprès des Nations unies, ce qui m’a permis de suivre les travaux notamment de la division police. Et ce qui m’intéressait c’est, je voyais la doctrine, je voyais les débats et j’avais envie de voir le terrain. Donc c’était également une autre facette. Et de mettre en œuvre la doctrine, et c’est toujours difficile de mettre en œuvre la doctrine, la stratégie. Mais je voulais vivre ce commandement terrain et je suis ravie d’avoir été sélectionnée et de le vivre et de vivre ce commandement actuellement.
ONU Info : En cette Journée des Casques Bleus, est-ce que vous avez un message ?
Bettina Patricia Boughani : Je pense aux Casques bleus en leur disant de vivre intensément leur mission. C’est une expérience inoubliable et un enrichissement personnel. Donc vivez votre mission et apportez votre expertise pour la réussite, l’accomplissement du mandat et pour notre mission première, la protection des civils pour nous ici au Mali