Afrique de l’Ouest : des inondations déciment des vies et des terres cultivées

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PNUD/Arjen van de Merwe
Des précipitations supérieures à la moyenne et des inondations dévastatrices en Afrique de l’Ouest et centrale ont touché cinq millions de personnes dans 19 pays de la région,

Des précipitations supérieures à la moyenne et des inondations dévastatrices en Afrique de l’Ouest et centrale ont touché cinq millions de personnes dans 19 pays de la région, faisant des centaines de victimes, bouleversant les moyens de subsistance, a alerté lundi le Programme alimentaire mondial (PAM).

Ces inondations ont déplacé des dizaines de milliers de personnes de leur foyer et décimé plus d’un million d’hectares de terres cultivées – dans une région déjà en proie à une crise de la faim sans précédent. Cette catastrophe liée au climat est l’une des plus meurtrières que la région ait connues depuis des années.

Selon le PAM, ces inondations risquent d’aggraver une situation de faim déjà préoccupante pour des millions de personnes.

« Ces inondations agissent comme un multiplicateur de misère et sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour des communautés qui luttent déjà pour garder la tête hors de l’eau », a déclaré Chris Nikoi, Directeur régional du PAM pour l’Afrique occidentale.

Une femme vend des légumes sur un marché local.
© FAO/Seyllou Diallo
Une femme vend des légumes sur un marché local.

Conflits et flambée des prix alimentaires

« Les familles d’Afrique de l’Ouest ont déjà été poussées à bout dans le sillage des conflits, des retombées socio-économiques de la pandémie et de la flambée des prix alimentaires », a ajouté M. Nikoi. Dans de nombreux pays de la région, les prix des denrées alimentaires sont toujours en hausse par rapport à la moyenne sur cinq ans.

Par exemple, les prix du maïs ont augmenté de 106%, 78% et 42% respectivement au Ghana, au Niger et au Nigéria. Au Burkina Faso, les prix du sorgho ont augmenté de 85%. En Mauritanie, le blé a augmenté de 49%, tandis qu’en Sierra Leone, le riz importé a connu une hausse vertigineuse de 87%.

« La flambée des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais ne fait pas qu’aggraver la crise de la faim », s’inquiète l’agence onusienne, relevant qu’une telle situation attise également les tensions socio-économiques. D’autant que les gouvernements peinent à répondre à la crise en raison « du lourd fardeau de la dette et d’une marge de manœuvre budgétaire limitée ».

Quelque 3,2 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le nord-est du Nigeria.
UNOCHA/Damilola Onafuwa
Quelque 3,2 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le nord-est du Nigeria.

43 millions de personnes face à des niveaux d’insécurité alimentaire de crise et d’urgence

Les prévisions météorologiques à court terme indiquent des précipitations saisonnières supérieures à la moyenne dans toute la région de l’Afrique de l’Ouest (à l’exception des zones côtières du sud), avec un risque d’inondations affectant les populations et augmentant encore les besoins humanitaires.

Une confluence de calamités a déjà laissé 43 millions de personnes face à des niveaux d’insécurité alimentaire de crise et d’urgence (phases IPC 3 et 4) pendant la période de soudure de juin à août.

En attendant, certains pays ont connu une saison des pluies préoccupante. C’est le cas de la République centrafricaine (RCA). À partir de juillet, des pluies torrentielles ont provoqué des inondations à Bangui, dans les préfectures de Bangassou (sud-ouest) et de Paoua (nord-ouest), affectant 35.000 personnes, détruisant les moyens de subsistance et les maisons.

Au Tchad voisin, le pays connaît les pires inondations depuis 30 ans. Un million de personnes ont été touchées, des centaines de maisons ont été détruites et les terres cultivées et les moyens de subsistance ont subi des dommages massifs.

De plus, depuis juin 2022, des inondations causées par des pluies torrentielles ont balayé de vastes étendues de terre dans 28 des 36 États du Nigéria – y compris le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Ces inondations ont touché 3,48 millions de personnes, provoqué de nombreux décès et détruit 637.000 hectares de terres cultivées.

Le PAM met en œuvre des programmes d'adaptation au climat qui aident les communautés à mieux se préparer, réagir et se remettre des chocs climatiques.
© PAM/Alice Rahmoun
Le PAM met en œuvre des programmes d’adaptation au climat qui aident les communautés à mieux se préparer, réagir et se remettre des chocs climatiques.

La mise en œuvre de programmes d’action anticipée

En réponse, le PAM est sur le terrain pour fournir une aide d’urgence de trois mois à 427.000 personnes victimes des inondations dans les pays les plus touchés, notamment la RCA, le Tchad, la Gambie, le Nigeria, Sao Tomé-et-Principe et la Sierra Leone. Le PAM fournit également une réponse post-inondation ciblant principalement les petits exploitants agricoles dont les cultures ont été détruites.

En plus de répondre aux besoins immédiats des communautés touchées par les inondations, l’agence onusienne a mis en œuvre un programme d’action anticipée. C’est le cas au Niger où le PAM a activé en août son action anticipative, ciblant 200.000 personnes à risque avec des messages d’alerte précoce et des informations consultatives.

« Renforcer la résilience et promouvoir l’adaptation au climat est un élément essentiel pour anticiper les risques climatiques, restaurer les écosystèmes dégradés et protéger les communautés vulnérables contre l’impact des extrêmes climatiques », a noté M. Nikoi.

Dans les terres arides du Sahel, le PAM s’attache également à renforcer la résilience locale face aux effets en cascade de la crise climatique, en encourageant les techniques agricoles qui contribuent à restaurer les terres et les écosystèmes dégradés. Le PAM aide les communautés à construire des systèmes de collecte des eaux de pluie et d’autres options durables de stockage de l’eau qui permettent aux agriculteurs de planter des fruits et des légumes même après l’assèchement des lits de rivière.

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