G.I: Présentez vous à nos lecteurs !
Dr Fodé Cisse: Je suis Fodé Cissé, Directeur général de la caisse de prévoyance sociale des agents de l’État.
G.I: pouvons nous savoir depuis quand vous êtes à la tête de cette Direction?
Dr Fodé Cissé: Je vous remercie très sincèrement de l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer sur dans votre média. Et merci d’être venu dans les locaux de la caisse de prévoyance sociale des agents de l’État. Ceci dit, pour revenir à votre question, il y a juste deux moins que je fus nommé en bénéficiant de la confiance de monsieur le Président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya qui, de passage, je remercie pour avoir porté sa confiance en ma modeste personne pour diriger la destinée de cette institution à caractère social. Je précise que j’ai bénéficié de ce décret le 17 décembre passé. A ma prise de fonction, on s’est mis au travail, mon équipe et moi. La première des choses que nous avons faites ensemble, c’est de procéder à un diagnostic institutionnel, organisationnel, financier portant sur tous les segments qui composent la caisse de prévoyance sociale.
G.I: C’est quoi la mission de la caisse de prévoyance sociale des agents de l’État ?
Dr Fodé Cissé: en terme de rappel, retenez que la caisse a été créée en 1996 avec pour mission principale de procéder à la protection sociale des agents de l’État. Elle comporte quatre grandes branches, parce qu’il faut que je le rappelle, nous nous occupons du paiement des pensions, nous nous occupons de ce qu’on appelle la prise en charge des cas de maladies professionnelles et la troisième branche est un champ d’action non moins important, c’est l’allocation familiale. Alors à l’issue de l’évaluation, nous nous sommes rendus compte qu’il n’y a que la branche pension qui marche et le paiement des pensions qui marchent.
G.I: Selon vous, qu’est-ce qui est à la base de ce dysfonctionnement?
Dr Fodé Cissé: On n’est pas là pour faire de cause à effet, mais je rappelle que c’est le résultat de notre diagnostic que je suis en train de vous dire et vous savez les grandes institutions sociales fonctionnent toujours avec les cotisations. La cotisation n’a pas encore démarré mais, l’État continue à payer ce qu’on appelle la dette Viegerale, c’est une dette que l’État a en faveur de ses travailleurs. Au retour, l’État a l’obligation de faire face à cette dette. Et comme je l’ai dit, dans notre plan, quand on a fait le diagnostic, cela a abouti à un plan de relance de la boîte que nous avons appelé le plan de relance institutionnelle ou de transformation institutionnelle. Et ce plan était axé autour d’un certain nombre d’axes qui, aujourd’hui fait vraiment le champ des actions que nous sommes en train de mener à bien. Avec le premier plan, on s’est rendu compte que la caisse n’était pas bien connue, elle n’était pas bien connue, alors le premier axe stratégique que nous avons élaboré c’est la mise en œuvre d’un plan de communication très vaste, très ambitieux pour qu’on parle de la caisse aujourd’hui en Guinée.
G.I: Docteur vous avez été nommé DG de la CNSS ?
Dr Cissé : Je dis non !! Mais plutôt, celle de la caisse de prévoyance, Et la personne se dit étonnée en disant Ah bon!!! Cette caisse aussi existe?
C’est la première question qu’ils m’ont posée. En réalité, les gens ne maîtrisent pas très bien notre mission et c’est ce que je vous disais tantôt, nous jouons le même rôle, nous faisons la même mission que la caisse nationale de sécurité sociale, elle a pour champ de prédilection le secteur privé. Et nous, c’est au niveau du secteur public, c’est-à-dire les agents de l’État. On fait de l’allocation familiale, nous devrons faire de la prise en charge des maladies qu’on appelle le risque professionnel et nous devons encore nous occuper du paiement des pensions qui est le risque vieillesse, voilà les missions mais essentiellement axées sur les agents de l’État. Alors on est entrain de développer ce plan de communication, où votre présence aujourd’hui s’inscrit dans ces activités de communication que nous sommes en train de mener pour que nous soyons connus. Le deuxième axe sur lequel vraiment on a étalé nos esprits, c’est la transformation institutionnelle, vous savez les institutions sont bâties autour des textes, il fallait qu’on revoie un peu, qu’on fasse ce qu’on appelle la relecture de nos textes organiques portant, organisation et comment nous pouvons faire en sorte que cette institution soit une institution forte, une institution qui peut aujourd’hui faire des placements, des investissements dans d’autres secteurs, mais tel que les lois et les textes sont constitués. On est un peu freiné, alors nous sommes en train de faire la relecture de nos textes pour qu’on soit vraiment une institution forte, une institution à la dimension des autres caisses de prévoyance sociale qui se trouvent à travers le Monde et dans la sous région Ouest Africaine. Le troisième axe sur lequel nous sommes attelés, vous savez ici nous fonctionnons sur la base des fichiers, qui parle de pensions parle de fichiers et nous sommes en train de nous battre pour le toilettage du fichier, pour que ceux qui sont décédés soient totalement enlevés du fichier et que les vrais pensionnés soient maintenus dans le fichier central. Ce travail gigantesque que nous sommes en train de mener, je rappelle qu’il y a deux ou trois ans, il y a eu le recensement biométrique des pensionnés et des fonctionnaires mais j’avoue que ce recensement n’a pas abouti, alors nous sommes en train de faire en sorte avec des méthodes très simples, des initiatives très efficientes à moins de coût pour que le fichier soit un fichier que je dirai pas clean à 100% mais un fichier débarrassé de beaucoup des noms des décédés, des fictifs c’est ce qui nous permettra de faire une économie d’échelle et ça nous permettra à la longue, de revaloriser la pension en terme salarial. Et le troisième chantier ou l’un des axes les plus importants autour desquels nous avons élaboré notre feuille de route, c’est la digitalisation. Vous savez le monde d’aujourd’hui, c’est la numérisation, on veut dématérialiser, aller vers la digitalisation, faire en sorte que chaque pensionné soit aujourd’hui identifié avec sa carte biométrique, lui permettant à la longue d’être payé tel que ça se passe aujourd’hui avec les bulletins, il faut venir à la caisse faire la queue alors que le monde a évolué, alors tout ce processus là est en cours. Voilà, les vastes chantiers que nous avons ouverts, tous ces chantiers, nous les avons mis dans une feuille de route que nous avions baptisée, ‘’la transformation institutionnelle de la caisse de prévoyance sociale.’’
G.I: Dites nous, vous êtes à combien de cas de malades évacués vers l’extérieur ?
Dr Fodé Cissé: Les cas de maladie, cette branche est aujourd’hui essentiellement à deux niveaux, je rappelle que ces cas de maladie se subdivisent en deux parties : il y a les maladies professionnelles, il y a les maladies non professionnelles. La branche maladies non professionnelles, c’est une autre institution qui est au dessus de nous ici à l’étage, qu’on appelle l’INAMO ( institut national d’assurance maladie) qui s’occupe de cela. Et nous, nous nous occupons essentiellement de la branche de risque maladie, le risque professionnel c’est quoi, ça veut dire, les maladies professionnelles, vous avez entendu parler de la santé sécurité, quand quelqu’un est dans un environnement de travail, il faudrait qu’il se sente à l’aise, qu’il ait par exemple aujourd’hui quand vous allez dans les sociétés minières qui relèvent du secteur privé, on va te dire qu’il y a des normes qu’il faille respecter. Il faudrait que premièrement, on t’oblige à avoir le nombre de travailleurs qui, souvent, peut atteindre 5 ou 10 personnes ou 50 personnes. On dit, il faut avoir une infirmerie à côté. On vous oblige à ce que les travailleurs soient formés un peu à ce qu’on appelle les premiers secours en milieu de travail.
G.I: Vous voulez parler de la (Hygiène, Santé, Sécurité-Environnement (HSSE) ?
Dr Fodé Cissé: Oui bien sûr. La santé-sécurité c’est extrêmement important, on le fait dans le secteur privé, pourquoi on ne peut pas le faire au niveau du secteur public. Je l’ai dit quand vous allez dans les milieux de travail privé, vous allez trouver les extincteurs un peu partout, tout ce qui est lié aux normes de santé sécurité sont respectées, est-ce qu’aujourd’hui dans le Secteur Public ça existe ?
Je suis dans un bureau où y a même pas d’extincteurs, alors nous avons fait des réunions, très bientôt à votre prochain voyage vous allez trouver qu’il y a des extincteurs partout, ça fait partie de notre sécurité. Nous avons fait un plan de formation des gens aux premiers secours et nous sommes en train de faire un plan de plaidoyer pour relancer notre branche de risques-maladies afin que toutes les grandes institutions étatiques comprennent que la santé-sécurité doivent être appliquées en milieu de travail public pas seulement privé, c’est une de nos missions ça.
Je vous l’ai dit tantôt, nous avons un vaste plan de communication et dans le plan de communication, l’un des domaines de prédilection que nous avons identifié, c’est la sensibilisation des influenceurs et décideurs sur la nécessité d’aller vers le paiement de la cotisation. J’avoue, sans la cotisation, quel que soit notre ambition, on ne peut pas atteindre nos objectifs. L’État, non plus, ne pourra pas faire face à tout ça. Il faudrait qu’il y ait la contribution des bénéficiaires qui sont aujourd’hui des agents de l’État. Il faut qu’ils cotisent, c’est cette cotisation qui nous permettra à la longue de pouvoir mettre en œuvre tous ces chantiers.
G.I: Oui ou non, vous craignez l’éclatement d’un conflit de compétences entre vos deux institutions ?
Dr Fodé Cissé: Non pas du tout, il n’y aura pas de confusion, parce qu’on n’a pas les mêmes cibles. La Caisse nationale de sécurité sociale, sa cible principale ce sont les travailleurs du secteur privé et nous notre cible, c’est les travailleurs du secteur public, il n’y aura pas de confusion, ni de conflit de compétences. Nous avons les mêmes missions, mais nous n’avons pas les mêmes cibles. Il faut savoir que la cotisation n’a pas encore commencé, c’est le plaidoyer que nous sommes en train de faire au niveau des autorités au plus haut niveau afin que l’initiative de la cotisation soit prise en compte.
G.I: Quelle invite faites-vous à l’endroit des nouvelles autorités du pays?
Dr Fodé Cissé: C’est de remercier d’abord le Président de la République, Colonel Mamadi Doumbouya d’avoir porté sa confiance sur notre équipe pour conduire les destinées de cette institution et deuxièmement, c’est ce plaidoyer que nous sommes en train de faire parce que cette transition est une fenêtre d’opportunités très importantes qui s’ouvre à nous tous. Il l’a dit et ne cesse de le dire que nous allons mettre en place toutes les réformes nécessaires, toutes les réformes bien sûr nécessaires, poser les jalons, refonder notre État en cette période transitoire et je pense que nous sommes dans cette dynamique. Il a notre soutien, nous demandons encore d’avantage de nous soutenir, nous sommes dans son esprit dans le cadre de la refondation de l’État de façon générale et plus particulièrement la caisse de prévoyance sociale nous demandons son soutien et son accompagnement de plus.
Aux travailleurs, c’est de comprendre la nécessité d’aller vers la cotisation parce qu’aujourd’hui, le gouvernement fournit beaucoup d’efforts, la masse salariale des pensionnés coûte trop chère, si nous ne mettons pas en place une politique digne de nom pour des cotisations, à la longue il ne sera pas facile pour l’État de faire face à toute cette masse là, parce que vous avez vu le nombre de retraités aujourd’hui qui grandit chaque année. Alors qu’il n’ya pas de solidarité sans cotisation, je demande aux travailleurs, à tous les travailleurs, aux syndicats d’aller vers cette cotisation qui nous permettra vraiment d’atteindre tous les objectifs qui sont assignés bien entendu à la caisse.
Chacun doit jouer son rôle parce que l’État est considéré comme notre patronat, parce que c’est l’État qui nous emploie, l’État a sa part de cotisation à payer et les bénéficiaires aussi qui sont les employés. Nous avons notre part de cotisation à payer, alors nous demandons aux uns et aux autres de nous remobiliser d’être solidaires en cette période exceptionnelle parce que c’est une grande opportunité qui ne s’est jamais présentée au pays, puisque la volonté politique est là pour transformer l’État, de refonder l’État, on doit saisir cette opportunité. Elle ne se présente pas tous les jours dans la vie d’une nation.
G.I: Merci
Dr Fodé Cissé: C’est à moi de vous remercier…
Makoura Camara et I. NDIAYE