Le directeur d’Equinoxe TV Sévérin Tchounkeu, l’une des chaînes privées parmi les plus critiques et les plus populaires du Cameroun, l’un de ses présentateurs vedettes Cédrick Noufele, et l’une de ses émissions phares “Droit de réponse” ont été suspendus pour une durée d’un mois par le Conseil national de la Communication (CNC) le 1er avril.
L’organe de régulation reproche notamment à la chaîne “un manque d’encadrement » concernant un invité accusé d’avoir tenu des propos « susceptibles de conduire à l’amplification d’une revendication sociale potentiellement explosive”, allusion à la grève des enseignants dans le pays. Le CNC accuse aussi le directeur de propos offensants à l’encontre des institutions républicaines et le présentateur de l’émission d’avoir diffusé une vidéo amateur qui ne correspondait pas au sujet traité, ce que le média s’était pourtant empressé de rectifier à plusieurs reprises.
“Nous dénonçons ces suspensions qui ne reposent sur aucun élément sérieux mais qui visent clairement à sanctionner un média pour sa couverture d’une actualité sociale qui embarrasse les autorités, dénonce le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Il s’agit ni plus ni moins d’une attaque contre le journalisme et le droit à l’information que l’organe de régulation est censé protéger. Nous appelons le CNC qui n’est pas coutumier des sanctions arbitraires à revoir sa décision.”
Si les journalistes camerounais font régulièrement l’objet de détentions arbitraires, d’agressions parfois très violentes ou de harcèlement judiciaire, les suspensions de médias à caractère politique sont plutôt rares dans le pays. Equinoxe TV qui avait déjà fait l’objet de plusieurs convocations devant l’organe de régulation n’avait jamais été suspendu ces dernières années.
Le Cameroun occupe la 135e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.