Deux ans après son licenciement, Momo Kpoghomou retrouve le sourire. Le vrai. Le jeudi 8 mai dernie, le Tribunal du Travail a condamné la Société Diamond Cement, son désormais ex-employeur, à lui payer la somme de cent cinquante-sept millions quatre cent soixante-dix-neuf mille deux cent quarante francs guinéens (157 479 240 GNF). La société a été reconnue coupable de licenciement abusif du plaignant.
Dans sa décision, le juge Mohamed Diawara a pris la peine de décomposer ce montant comme suit :
* Au titre des indemnités légales et contractuelles : 150 479 240 GNF ;
* À titre de dommages-intérêts : 7 000 000 GNF.
Il a aussi ordonné à la Société Diamond Ciment de délivrer à M. Kpoghomou un certificat de travail. De même, le juge a ordonné en outre l’exécution immédiate du présent jugement nonobstant appel et par provision avec dispense de caution ;
Prononce enfin une astreinte définitive de 2 000 000 GNF par jour de retard.
Une décision qui ne laisse pas sans réaction le bénéficiaire.
Pour Momo Kpoghomou, le slogan selon lequel « la justice sera la boussole qui guidera la transition » est une réalité.
« J’ai été superviseur à l’usine Diamond Ciment. J’ai été licencié depuis le 7 septembre 2023. Je travaillais dans cette usine en tant que superviseur. Comme vous le savez, chaque jour de 12 h 30 à 14 h, on est en pause. Je suis parti manger, le conducteur qui s’appelle Mara, avec qui je travaillais ensemble, avait une amie qui s’est embarquée dans la machine. Cela s’est passé en mon absence. À mon fort étonnement, par la complicité de gens dont j’ignore les noms, j’ai été licencié banalement sans avertissement, sans mise à pied, sans cause valable. Mais ce qui est paradoxal, ni le conducteur Mara, ni la femme qui s’est embarquée dans la machine, ni les vigiles qui étaient sur place n’ont été licenciés. C’est moi seul qu’on a licencié. Mais Dieu merci, de souffrance en souffrance, aujourd’hui j’ai remporté la victoire. Je remercie le bon Dieu. J’ai cru maintenant qu’il y a la justice en Guinée, malgré que ça ait été lent. Mais je remercie mon avocat Maître Joseph Loua, je remercie le juge Diawara et ses assesseurs qui ont rendu la justice comme il se doit. Je remercie mon pasteur qui ne s’est pas fatigué de payer mon transport pour venir au tribunal ici. Je remercie ma femme qui est ma maman maintenant, qui a supporté cette souffrance, ce qui n’est pas du tout facile. Je rentre à la maison aujourd’hui avec beaucoup de joie. Les mots me manquent », lâche Momo Kpoghomou.
Cependant, ce quadragénaire a été débouté de toutes les prétentions jugées infondées par le tribunal.
Saidou Lébêré