Conférence contre la désertification à Abidjan : la dégradation des terres n’est pas une fatalité, selon l’ONU

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©FAO/ Giulio Napolitano
Des femmes creusent des sillons en forme de demi-lune pour économiser l’eau, au Niger.

La dégradation des terres n’est pas une fatalité mais le monde doit agir rapidement pour inverser les dégâts, ont déclaré de hauts responsables onusiens à l’ouverture de la 15 ème session de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Selon l’ONU, jusqu’à 40% de toutes les terres libres de glace sont déjà dégradées, avec des conséquences désastreuses pour le climat, la biodiversité et les moyens de subsistance. Le continent africain est particulièrement touché par la désertification, notamment dans sa bande sahélienne.

Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, et la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, ainsi que plusieurs chefs d’Etat participent au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement organisé par le Président ivoirien Alassane Ouattara dans le cadre de cette conférence qui dure jusqu’au 20 mai.

Au Sénégal, des efforts sont menés pour réhabiliter les sols et collecter de l'eau de pluie.

©WFP/Evelyn Fey
Au Sénégal, des efforts sont menés pour réhabiliter les sols et collecter de l’eau de pluie.

Appel à l’action

Le thème de la COP15, « Terres. Vie. Patrimoine. D’un monde précaire à un avenir prospère », est un appel à l’action face à la dégradation rapide des terres et ses conséquences néfastes pour la biodiversité et les populations.

La conférence se concentrera sur la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, la pérennité de l’utilisation des terres contre les impacts du changement climatique et la lutte contre l’escalade des risques de catastrophe tels que les sécheresses, les tempêtes de sable et de poussière et les incendies de forêt.

« La dégradation des terres n’est pas une fatalité. La réparation est possible. En effet, la restauration des terres dégradées est réalisable à moindre coût. Investir dans la réparation des terres dégradées est donc économiquement rentable ; techniquement faisable ; socialement souhaitable et bien entendu, écologiquement profitable », a déclaré le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw.

« Chaque unité monétaire investie dans la restauration des terres peut générer jusqu’à 30 fois sa valeur. Au niveau mondial, jusqu’à 50 points de PIB pourraient ainsi être gagnés d’ici 2050. Pourvu qu’on prenne le virage maintenant. Et de manière décisive », a-t-il ajouté.

Des investissements efficaces

«  Les investissements dans la lutte contre la désertification et la dégradation des terres sont parmi les plus efficaces que nous puissions faire. La moitié du PIB mondial et la moitié de ses approvisionnements en céréales dépendent de la lutte contre la dégradation des terres », a également plaidé la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed.

« Pourtant, plutôt que d’investir dans des solutions, le monde accélère la dégradation des terres et aggrave la désertification », a-t-elle dénoncé, soulignant que le monde était confronté à un choix crucial : « récolter les bénéfices de la restauration des terres maintenant, ou bien continuer sur la voie désastreuse qui nous a conduits à la triple crise planétaire du climat, de la biodiversité et de la pollution ».

Mme Mohammed s’est félicitée des progrès réalisés dans la restauration des terres, notant que le G20 s’est engagé à réduire de moitié les terres dégradées d’ici 2040 et à restaurer un milliard d’hectares d’ici 2030. Mais, selon elle, il faut redoubler d’ambition.

Le projet de grande muraille verte pour le Sahara soutient les communautés locales dans la gestion durable des zones désertiques.
Photo: FAO/Giulio Napolitano
Le projet de grande muraille verte pour le Sahara soutient les communautés locales dans la gestion durable des zones désertiques.

La Grande Muraille Verte

Prenant l’exemple de l’Afrique, Mme Mohammed a mis en avant deux grands accélérateurs : la Grande Muraille Verte et la volonté d’égalité des sexes.

Le projet de la Grande Muraille Verte « a déjà restauré des millions d’hectares et créé des milliers d’emplois » mais « il est encore loin de créer les 10 millions d’emplois que nous visons et sur lesquels nous comptons », a-t-elle observé.

La Vice-Secrétaire générale a également noté que les femmes et les filles sont au cœur de la construction d’une économie de restauration des terres. Elles passent 200 millions d’heures par jour à collecter de l’eau et encore plus à s’occuper de la terre, mais n’ont pas un accès égal aux droits fonciers et au financement.

« L’élimination de ces obstacles et l’autonomisation des femmes et des filles en tant que propriétaires terriens et partenaires changent la donne pour la restauration des terres, pour l’Agenda 2030 et pour l’Agenda 2063 de l’Union africaine », a déclaré Mme Mohammed.

Pour des solutions holististiques et équilibrées

Dans un point de vue publié avant la conférence, le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, a souligné qu’il était important pour la communauté internationale de proposer des solutions holistiques et équilibrées. « Nous savons ce qui doit être fait, mais nous avons besoin de volonté politique pour y parvenir », a-t-il dit.

« Les questions d’adaptation, de désertification, de lutte contre le changement climatique, de maintien de la biodiversité et de lutte contre la pauvreté sont toutes interconnectées – et également reliées aux Objectifs de développement durable », a-t-il ajouté.

« Nous devons agir maintenant, tant que nous avons encore l’espoir d’inverser les dommages que nous avons causés à la nature et à l’environnement. Nous avons les ressources nécessaires. Nous en sommes capables. Faisons preuve de volonté. Nous le devons à nos générations futures », a-t-il ajouté.

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