Dakar, le 23 juin 2025 – Alors que la tension monte entre l’État d’Israël et la République islamique d’Iran, certains observateurs dans le monde musulman — notamment en Afrique — continuent de percevoir ce conflit à travers le prisme de la religion. Pourtant, réduire cette confrontation à une simple opposition entre juifs et musulmans ou entre chiites et sunnites est non seulement inexact, mais aussi dangereux pour la compréhension des enjeux réels et pour la paix sociale dans nos sociétés multiculturelles.
Ce n’est pas une guerre de religion
Contrairement à ce que prônent certains courants extrémistes qui voudraient mobiliser la oumma (communauté musulmane) au nom d’un prétendu devoir religieux, le conflit israélo-iranien est avant tout géopolitique. Il s’inscrit dans une lutte d’influence régionale au Moyen-Orient, où l’Iran tente d’étendre son pouvoir par le biais d’alliés comme le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak ou encore les Houthis au Yémen, tandis qu’Israël cherche à sécuriser son territoire face aux menaces perçues dans cette expansion.
L’opposition entre ces deux États repose davantage sur des considérations stratégiques, militaires et idéologiques que sur des différends théologiques. À ce titre, appeler les musulmans du monde entier à une solidarité aveugle au nom de la foi n’est pas seulement irresponsable, c’est aussi un contresens historique et politique.
Nos communautés diasporiques sont-elles à l’abri ?
Une autre question cruciale mérite d’être posée : qu’en est-il de nos compatriotes africains résidant en Iran ou en Israël ? Sont-ils épargnés par ce conflit ou en subissent-ils les conséquences ? En tant que ressortissants africains vivant dans ces pays, qu’ils soient étudiants, travailleurs ou diplomates, leur sécurité devrait faire l’objet d’une préoccupation diplomatique active de la part de nos États. Les autorités africaines doivent anticiper les retombées de ce conflit sur leurs citoyens et envisager des mécanismes de protection ou de rapatriement en cas de dégradation de la situation.
Quel impact pour l’Afrique ?
Il serait naïf de penser que ce conflit se limitera au Moyen-Orient. En réalité, les répercussions pourraient toucher l’Afrique à plusieurs niveaux :
Économique : toute perturbation dans la région du Golfe peut faire grimper les prix du pétrole, affectant directement les économies africaines déjà fragiles.
Sécuritaire : des groupes extrémistes pourraient instrumentaliser ce conflit pour recruter de nouveaux membres, notamment en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Social et communautaire : la propagation d’un discours religieux radical pourrait attiser des tensions interreligieuses dans des pays où chrétiens, musulmans et autres communautés vivent en harmonie relative.
Un appel à la lucidité et à la modération
Face à cette situation, il est essentiel d’appeler à la lucidité. Nos populations ne doivent pas se laisser embarquer dans un conflit qui ne les concerne pas directement, surtout pas au nom d’une interprétation biaisée de la religion. Le rôle des leaders d’opinion, des religieux et des médias est crucial pour désamorcer les discours extrémistes et rappeler que la paix est une valeur universelle que toute religion véritable défend.
Plutôt que de s’aligner aveuglément sur des causes extérieures, nous devrions nous concentrer sur nos propres défis : pauvreté, sécurité, éducation, gouvernance. L’Afrique a besoin de stabilité pour se développer, pas de conflits importés.
Le conflit israélo-iranien est géopolitique, pas religieux.
Les diasporas africaines dans ces pays pourraient être affectées.
L’Afrique risque d’être indirectement touchée (économie, sécurité, cohésion sociale).
Un appel à la modération et au discernement est plus que jamais nécessaire.