MONUSCO/Abel Kavanagh
Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les inondations et glissements de terrain provoqués par de fortes pluies jeudi dans le Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), ont fait au moins 270 morts et plus de 300 autres personnes portées disparues, selon un bilan des Nations Unies.
« Selon les dernières estimations du 7 mai 2023 des autorités provinciales, au moins 270 personnes ont été tuées ; plus de 300 autres personnes sont portées disparues », a détaillé lundi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans son dernier bulletin humanitaire. Environ 3.000 maisons ont été affectées dont environ 1.200 ont été complétement détruites.
Suite à des fortes pluies les 2 et 4 mai à Luzira, Bushushu, Chabondo et Nyamukubi dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, plusieurs villages ont été submergés, de nombreuses maisons emportées, des champs dévastés, quand des rivières sont sorties de leur lit sous l’effet de pluies diluviennes. Selon OCHA, près de 3.000 familles sans abris à la suite d’inondations et glissements de terrain dans le territoire de Kalehe.
Réduire les risques d’épidémies
La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, Bintou Keita s’est dite « profondément attristée par les pertes en vies humaines causées par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur plusieurs villages du territoire de Kalehe le 4 mai.
La zone touchée par la catastrophe est également une zone qui a accueilli des milliers de personnes déplacées, notamment en provenance du Nord-Kivu. Selon OCHA, plus de 107.000 personnes déplacées internes sont dans la zone de santé de Kalehe.
Ce lieu est également endémique au choléra. « La zone de santé de Kalehe est endémique au choléra et héberge des déplacés internes venus du Nord-Kivu », a souligné le Bureau en RDC de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les équipes du Dr Tedros soutiennent les autorités sanitaires dans le renforcement des actions liées à l’eau, l’assainissement et l’hygiène afin de réduire le risque des épidémies.
Depuis le 6 mai, les agences des Nations Unies et des ONG nationales et internationales ont activé leurs équipes d’urgence pour répondre à cette catastrophe. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) détient des ressources pour une réponse alimentaire, tandis que l’UNICEF et ses partenaires disposent d’articles ménagers essentiels et de capacités pour freiner l’éclosion de maladies hydriques.
Selon OCHA, Médecins sans frontières (MSF) a également indiqué avoir dépêché une équipe d’urgence samedi sur place pour soutenir la réponse médicale des personnes blessées, y compris l’évacuation des blessés graves vers Bukavu.
De l’aide alimentaire et des soins médicaux
De son côté, la Mission onusienne (MONUSCO) a fait don d’un important lot de médicaments aux personnes touchées par les inondations. Ces médicaments ont été remis à l’hôpital de Bukavu ou les blessés ont été évacués par bateau. Pour faciliter l’accès dans les villages touchés, la MONUSCO envisage d’aider à la réparation de certains ponts en fonction des besoins des humanitaires et des autorités.
Plus largement, les Nations Unies ont réitéré leur engagement à Kinshasa à faire face à ce drame. En attendant, les besoins immédiats comprennent des fournitures pour garantir des enterrements dignes et sécurisés, des soins médicaux pour les sinistrés et les blessés, de l’aide alimentaire pour tous les sinistrés, et des abris pour les personnes qui ont perdu leur maison et qui vivent dans des lieux publics.
Les évaluations en cours par les acteurs humanitaires permettront de déterminer les besoins à moyen et à long terme. A l’issue du conseil des ministres de vendredi 5 mai, le gouvernement a décrété le 8 mai journée de deuil national. Il a également annoncé une mission gouvernementale pour appuyer le gouvernement provincial dans la gestion de cette catastrophe.
Cette catastrophe est survenue deux jours après des inondations qui ont fait des dizaines de morts et détruit des milliers de maisons au Rwanda voisin. Le chef de l’ONU, António Guterres, a souligné samedi lors d’une visite au Burundi qu’il s’agissait « d’une nouvelle illustration d’une accélération du changement climatique et de ses conséquences dramatiques pour des pays qui ne sont pas en cause dans le réchauffement mondial » de la planète.