Dans une courte vidéo de cinq minutes que j’ai visionnée ce matin, j’ai entendu Dr Faya Millimono déclarer, et je cite : « Le projet minier Simandou est un faux projet qui ne verra pas le jour. La demande de fer est en chute, ce qui fait que le prix du fer est aussi en baisse (loi de l’offre et de la demande). »
Je tiens d’abord à préciser que le marché du fer ne s’analyse pas de la même manière qu’un marché de vêtements de seconde main. Dans ce dernier, un commerçant peut être amené à baisser le prix d’un article en fin de journée faute de demande. Cette approche simpliste ne peut s’appliquer au marché du fer.
Mon cher aîné doit comprendre que plusieurs paramètres entrent en jeu dans l’analyse de ce marché :
- Un métal stratégique et indispensable
Le fer est un métal lourd, très convoité et essentiel à de nombreuses industries. Il est utilisé dans la fabrication des rails, des locomotives, des trains à grande vitesse (TGV), des engins de travaux publics et miniers, des bus, des voitures, ainsi que dans le secteur du bâtiment et des infrastructures. - Un prix stable sur le marché international
Contrairement à ce qui a été avancé, le prix du fer n’a pas chuté ces dernières années. De 2021 à 2025, il s’est maintenu autour d’une moyenne de 100 USD la tonne. - Une qualité de minerai exceptionnelle
Le gisement de Simandou se distingue par une teneur en fer supérieure à 65 %, ce qui réduit considérablement les besoins énergétiques pour sa transformation en fer pur ou en acier.
En ce qui concerne la demande mondiale, il est important de noter que la Chine à elle seule représente 60 % des importations mondiales de fer, tandis que le reste du monde en consomme 40 %. Ces dernières années, la Chine a considérablement augmenté ses importations de fer, et cette tendance devrait se poursuivre. Par exemple, en 2025, la Chine prévoit une hausse de plus de 4 % de ses importations par rapport à 2024. Cette croissance de la demande est également observée en Amérique du Nord et en Europe pour les cinq prochaines années. Ces données témoignent de l’importance du fer sur le marché mondial.
Enfin, j’informe Dr Faya Millimono que le projet minier Simandou est aujourd’hui une réalité, portée par la volonté politique des nouvelles autorités. Je lui souhaite longue vie afin qu’il puisse être témoin du départ du premier train chargé de minerai de fer, quittant la mine de Simandou en direction du port de Morebaya, au plus tard début 2026.
Ibrahima Kalil Keita
Directeur Général du Service National de Coordination des Projets Miniers