Un mois s’est écoulé depuis l’interpellation sans inculpation de Yehualashet Zerihun. Le journaliste a, depuis, été transféré dans un camp militaire, où journalistes et opposants politiques sont détenus dans des conditions désastreuses. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une arrestation arbitraire, et alerte sur la persécution des professionnels de l’information éthiopiens.
Le journaliste, coordinateur des programmes et cofondateur de la radio Tirita FM Yehualashet Zerihun, est interpellé sans motif le 12 septembre dernier à son domicile à Addis-Abeba, la capitale du pays. Il est transféré quelques jours plus tard au camp militaire d’Awash Arba, dans l’État d’Afar, à 145 kilomètres à l’est de la ville, où sont détenus des prisonniers politiques victimes de la répression du gouvernement éthiopien.
Aucune charge n’a officiellement été retenue contre Yehualashet Zerihun, et les raisons de son arrestation demeurent inconnues.
“Le journaliste Yehualashet Zerihun est victime d’une persécution qui vise les voix libres. Il a été arrêté et détenu dans des camps militaires sans qu’aucune charge ne soit communiquée, hors de toute procédure légale. Depuis le début de l’année, les violences envers des journalistes se poursuivent sans répit et attestent d’une volonté des autorités éthiopiennes d’étouffer l’exercice du journalisme. Elles doivent cesser de toute urgence et Yehualashet Zerihun doit être libéré immédiatement.”
Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Les journalistes sont dans le viseur des autorités depuis l’intensification des combats dans la région Amhara et le démantèlement des forces militaires régionales. Le rédacteur en chef du média Youtube Ethio Selam, Firew Tekle, a été arrêté à son domicile le 25 septembre puis emmené à un poste de police de la capitale. Accusé de soutenir des militants dans la région d’Amhara et d’utiliser les réseaux sociaux pour soutenir les milices contre les forces armées éthiopiennes, il a depuis été relâché sous caution.
Le 17 août, le fondateur et rédacteur en chef du média Youtube Negari TV, Yidnekachew Kebede, a été arrêté puis jugé, abusivement, pour avoir, selon les autorités, produit du contenu vidéo « avec l’intention de provoquer la violence ». Il a été libéré sous caution sans inculpation au début du mois de septembre. Le 10 août, le rédacteur en chef du média en ligne Amhara Media Center, Abay Zewdu, a également été arrêté puis transféré dans le camp d’Awash Arba. La police n’a donné aucun motif d’arrestation. Le fondateur et rédacteur en chef du média Youtube Alpha Media Bekal Alamirew, arrêté pour sa part le 6 août, est accusé d’avoir couvert le conflit de la région Amhara. Les deux journalistes sont toujours retenus par les forces de l’ordre.
L’Éthiopie figure à la 130e place du Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF.
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