Le journaliste français Antoine Galindo, envoyé spécial du site d’information Africa Intelligence du groupe Indigo Publications, est détenu à Addis Abeba en Éthiopie depuis son arrestation le 22 février alors qu’il y était en reportage. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette détention et appelle à sa libération immédiate.
C’est son cinquième jour en détention en Éthiopie. Envoyé spécial du site d’information spécialisé Africa Intelligence, le journaliste français Antoine Galindo, 36 ans, a été arrêté le 22 février dans la capitale éthiopienne Addis Abeba par des agents de police habillés en civil. Il s’y trouvait depuis une dizaine de jours pour couvrir le sommet de l’Union africaine (UA) muni d’une accréditation en bonne et due forme. Il avait également informé l’agence nationale des médias de son intention de couvrir l’actualité locale.
Selon les informations de RSF, la police a arrêté le journaliste alors qu’il était en discussion avec des membres du Front de libération oromo (OLF), une organisation politique opposée au gouvernement central éthiopien. Du fait de cette rencontre, il est accusé de “tentative de créer le chaos et la violence dans le pays” au même titre que les membres de l’OLF, selon des personnes proches du dossier, qui précisent que le journaliste a été entendu par un juge le 24 février. Selon les informations recueillies par RSF, une enquête de police est en cours et une nouvelle audience du journaliste est prévue le 1er mars 2024.
Le groupe Indigo s’est indigné “de cette arrestation injustifiée”, dénonçant des “accusations fallacieuses ne se basant sur aucun élément tangible permettant de justifier cette privation de liberté prolongée”.
“Dans un pays où les autorités cherchent à contrôler le narratif des récentes tensions sociopolitiques, une hostilité envers le journalisme indépendant cherchant à couvrir tous les sujets nationaux prend de plus en plus d’ampleur et les médias et journalistes étrangers sont aussi dans le viseur des autorités. La détention totalement arbitraire d’Antoine Galindo en est la terrible illustration. RSF appelle les autorités éthiopiennes à libérer immédiatement le journaliste.”
Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Les journalistes sont dans le viseur des autorités depuis l’intensification des combats dans la région Amhara et le démantèlement des forces militaires régionales. Entre mai 2022 et août 2023, dans le cadre d’une réponse des autorités fédérales aux voix dissidentes, RSF a constaté une vague d’arrestations, de détentions arbitraires et de suspensions de médias, notamment étrangers. Plusieurs journalistes ont été arrêtés dans ce cadre et détenus dans des camps militaires. Parmi eux, le cofondateur de la radio Tirita FM Yehualashet Zerihun, a été détenu entre septembre et octobre 2023 au camp d’Awash Arba dans l’État d’Afar sans charge. En août, son confrère, le rédacteur en chef d’Ethio News Belay Manaye, a été transféré dans le même camp où il est toujours enfermé sans charge.
L’Éthiopie occupe la 130e place du Classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.