*La Tribune du CNRD/ Par Billy KEITA* .
*Rubrique : Droit et Constitution*
*Articles 134 et 135 du projet de la nouvelle Constitution guinéenne :*
*La fin du pouvoir sans contre-pouvoir ?*
Dans un contexte où le lien entre gouvernés et gouvernants a souvent été flou, parfois même rompu, les articles 134 et 135 du projet de la nouvelle Constitution marquent un tournant décisif dans l’histoire institutionnelle de la Guinée. Pour la première fois, la responsabilité du gouvernement devant le Parlement n’est plus un simple principe symbolique, mais une *arme juridique active*, à la portée des représentants du peuple.
*Article 134* institue le principe de la motion de censure. Il autorise les députés à remettre en cause la légitimité d’un gouvernement dont la politique, les actes ou l’inaction sont contraires aux attentes du peuple. *Article 135*, quant à lui, en précise l’effet : si cette motion est adoptée par une majorité qualifiée, *le Premier ministre est tenu de remettre la démission du gouvernement*, et le Président ne peut s’y opposer.
Il ne s’agit pas simplement de théorie constitutionnelle, mais d’un *acte de foi démocratique*, un signal fort que *nul n’est au-dessus de la redevabilité*.
En *droit comparé*, cette logique rejoint celle de systèmes parlementaires matures. En Allemagne, en Espagne ou en Grande-Bretagne, le gouvernement est l’émanation directe de la majorité parlementaire, et sa survie dépend de la confiance qu’il inspire. En France, bien que rarement appliquée, la motion de censure reste un garde-fou. La Guinée, en intégrant cette disposition avec clarté et exigence, se place dans le cercle des démocraties assumées, où l’action publique doit rendre des comptes.
Ces deux articles consacrent une philosophie fondamentale : *servir le peuple ne peut être une fonction sans exigence*. Le gouvernement devient ainsi un *gestionnaire sous surveillance*, au service du bien commun, et non une entité déconnectée de la réalité sociale.
C’est aussi un *message aux futures générations de dirigeants* votre pouvoir ne sera plus une immunité, mais une mission placée sous le regard du peuple. Une rupture avec l’impunité institutionnelle.
*Les articles 134 et 135 incarnent l’âme de la nouvelle République que le CNRD ambitionne : une République *fondée sur l’obligation de rendre compte*, sur le principe selon lequel *la dignité du pouvoir se mesure à sa capacité d’écoute, de correction, et de respect du mandat populaire*.
*Gouverner sans répondre, c’est trahir. Gouverner sous le regard du peuple, c’est construire.*
*Signé: Par La Tribune du CNRD*
*Une voix pour la vérité, un écho pour la République*