Département d’État des États-Unis
Antony J. Blinken, secrétaire d’État
Abidjan, Côte d’Ivoire
Le 22 janvier 2024
Interview
QUESTION : Bonjour à tous et bienvenue dans ce numéro exceptionnel. Vous l’aurez compris, nous sommes en dehors des locaux de la RTI mais aussi exceptionnel quant à la qualité de l’invité de ce jour. En effet, Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, dans le cadre de sa tournée africaine est actuellement en Côte d’Ivoire. Il nous a accordé un entretien. Une exclusivité signée la RTI.
Bonjour et bienvenue en Côte d’Ivoire. Chez nous, on dit « Akwaaba ».
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Akwaaba. Très content de vous voir. Merci.
QUESTION : Alors, est-ce la première fois que vous foulez le sol ivoirien ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : C’est la première fois et je suis ravi d’être ici, ravi d’être ici pour ce tournoi remarquable, mais surtout ravi d’être ici pour voir nos homologues dans le gouvernement, pour faire un travail ensemble qui continue à relier les deux pays, les États-Unis et la Côte d’Ivoire.
QUESTION : Nous sommes actuellement au stade olympique Alassane Ouattara d’Ébimpé, où se déroule le match qui oppose la Côte d’Ivoire à la Guinée équatoriale. Pourquoi avez-vous tenu à assister à cette rencontre ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Parce que, vous savez, pour nous — et je pense que pour vous et pour les peuples presque du monde entier, le sport — et surtout le football — ça relie les peuples divers du monde. Et quand il y a des barrières de géographie, de langue, de politique, de religion, le sport, le football, ça défait tous ces barrages et c’est vraiment un moyen de réunir tout le monde. Et le monde s’est réuni ici en Côte d’Ivoire, venant de l’Afrique, venant des États-Unis, le monde d’à peu près partout dans le monde.
QUESTION : Alors, quel serait votre pronostic à l’issue de ce match, de la compétition, s’il faut en avoir un ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Ah ! Alors, écoutez, comme je suis en Côte d’Ivoire, il faut quand même dire « Allez les Éléphants ! », n’est-ce pas ?
QUESTION : Merci ! On va revenir sur l’aspect un peu plus diplomatique de votre venue. En plus du Cap-Vert et de la Côte d’Ivoire, vous irez au Nigeria et en Angola. Qu’est-ce qui a motivé tous ces déplacements ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Ce qui nous motive, c’est surtout le président Biden pour qui l’Afrique représente l’avenir, l’avenir pour les États-Unis. Nous aurons bientôt une personne sur quatre, dans le monde, qui sera africaine ; les voix de l’Afrique se font de plus en plus entendre à travers le monde dans toutes les réunions internationales ; et ça représente pour nous à la fois une opportunité et, je pense, un besoin de nous relier avec un peuple jeune, montant. Nous avons eu tous les leaders africains à Washington l’année dernière et ce voyage fait suite, justement, à cette réunion, pour assurer que toutes les obligations que nous avons entreprises à Washington, euh, on fait suite à ces obligations.
QUESTION : En parlant d’obligations, justement, en 2022, l’administration Biden-Harris avait pris l’engagement d’investir 55 milliards de dollars en trois ans sur le continent africain. Où en est-on ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Tout cela est en suite. Nous avons un investissement important qui se fait surtout du secteur privé. Le rôle du gouvernement, c’est de motiver cet investissement, de le soutenir si nécessaire, risque et assurance, par exemple. Et ça va… Je crois que ça va bien dans le sens où on voit des investissements qui se font non seulement dans l’infrastructure, mais aussi dans les systèmes de santé, de sécurité alimentaire, combattre le climat. Tout ça se fait à travers…
QUESTION : Et sécurité aussi ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : …et surtout, et la sécurité, parce qu’il faut une base de sécurité pour faire toutes les autres choses que nous voulons faire.
QUESTION : Alors, on observe ces dernières années un rythme de visites sans précédent quand même en Afrique de la part des États-Unis. On a l’impression que le continent est redevenu une priorité sous la présidence de Joe Biden. Comment expliquez-vous ce changement de paradigme ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : C’est une évidence, comme je vous le disais, que l’Afrique représente non seulement l’avenir, mais aussi le présent. Quand je voyage à travers le monde, les voix africaines se font de plus en plus entendre. Aux Nations unies, l’Afrique et les pays qui font l’Afrique représentent une puissance importante. Nous avons intégré l’Afrique au G20 dernièrement suite au leadership des États-Unis. Nous voulons voir l’Afrique s’intégrer dans toutes les institutions internationales et, justement, avoir un rôle qui correspond au poids que l’Afrique représente dans le monde.
QUESTION : Alors, on va revenir sur le dernier Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique qui a accéléré la coopération entre votre pays et la Côte d’Ivoire, le nôtre, qui recouvre plusieurs domaines. Mais quels sont les axes de priorité ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Les axes de priorité, c’est à la fois, bon, investissement dans l’infrastructure, éducation, santé, sécurité alimentaire et combattre le changement climatique. Ce sont les axes les plus importants, mais également axé sur les jeunes, sur les femmes parce qu’il faut les intégrer dans les économies…
QUESTION : Vers une économie plus inclusive ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Une économie plus inclusive parce que, vous savez, si les femmes faisaient partie de l’économie de façon égale aux hommes, nous aurions 28 trillions de dollars ajoutés à l’économie globale. C’est extraordinaire. Donc nous voulons faire ça, mais nous voulons faire ça, c’est important, ça se fait en partenariat. On s’écoute. On apprend l’un de l’autre. C’est non seulement un investissement en dollars, c’est un investissement en partenariat, en relations.
QUESTION : Mais justement, ce partenariat est-il véritablement gagnant-gagnant ? Le fameux win-win dont on parle régulièrement.
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Oui, il faut que ça le soit. Il faut que les communautés ici, en Afrique, par exemple, qui attirent l’investissement, il faut que ça marche pour eux, pas seulement pour les investisseurs. Et c’est justement en écoutant les communautés, en écoutant nos partenaires, c’est comme ça qu’on s’assure que ce que nous faisons, en fait, est justement gagnant-gagnant et que ça contribue au bien-être de nos partenaires.
QUESTION : Parce que l’Afrique, ces dernières années, semble être devenue une terre, en tout cas, une bataille d’influence entre grandes puissances. À quel moment on pense au devenir des Africains ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Vous savez que ce n’est pas une question pour nous de dire, il faut choisir. Au contraire, pour nous, la question, c’est de présenter un bon choix. Et puis les gens décideront.
QUESTION : Aux Africains de choisir…
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Voilà.
QUESTION : Alors, pour cette dernière question, je vais revenir sur l’aspect sportif. Vous arrivez en pleine Coupe d’Afrique des Nations et vous allez organiser, les États-Unis d’Amérique, en 2026, la prochaine Coupe du monde. Et tout le monde dit que cette CAN est la plus belle de l’histoire. Est-ce que vous allez prendre attache avec les voies autorisées pour prendre des conseils concernant l’organisation ?
MONSIEUR LE SECRÉTAIRE BLINKEN : Absolument. Absolument. Je suis là, je prends des notes, je regarde, j’écoute. C’est un travail remarquable ici en Côte d’Ivoire, travail d’organisation, de professionnalisme et, justement, il faut qu’on apprenne. Il faut apprendre les leçons positives de ce qui se passe ici, parce que nous avons effectivement un défi devant nous d’organisation pour le mondial. Donc moi, je suis là avec mon bloc-notes. Je prends les leçons.
QUESTION : Merci infiniment. C’est la fin de cet entretien. Merci beaucoup, M. le Secrétaire. C’est la fin de cet entretien avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken qui est parti suivre le match. Merci de votre attention. Bonne suite des programmes sur RTI-1.