La pandémie entrave les progrès vers l’accès universel à l’énergie d’ici 2030

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© UNICEF/Pranav Purushotham
En Inde, des écoles de villages manquant d’électricité reçoivent des lampes solaires pour aider les élèves à étudier.

La pandémie de Covid-19 a ralenti les progrès vers l’accès universel à l’électricité et aux combustibles et technologies de cuisson propres, et les retombées de la guerre en Ukraine pourraient entraîner de nouveaux reculs, selon un rapport soutenu par l’ONU, publié mercredi.

Actuellement, 733 millions de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’électricité et 2,4 milliards de personnes cuisinent encore en utilisant des combustibles nuisibles à leur santé et à l’environnement.

Au rythme actuel des progrès, 670 millions de personnes resteront sans électricité d’ici 2030, soit 10 millions de plus que prévu l’année dernière.

Les conclusions sont tirées de l’édition 2022 de Tracking SDG 7: The Energy Progress Report (Surveiller l’ODD7 : Etat des progrès en matière d’énergie), qui surveille les efforts mondiaux pour atteindre l’objectif de développement durable (ODD7) consistant à assurer un approvisionnement énergétique moderne et abordable pour tous d’ici 2030.

Augmenter le financement

L’étude a été réalisée par des entités et des partenaires des Nations Unies, connus sous le nom d’agences dépositaires de l’ODD7, qui exhortent les gouvernements et les décideurs à intensifier leurs actions.

« Le financement public international des énergies renouvelables doit s’accélérer, en particulier dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Nous n’avons pas réussi à soutenir ceux qui en ont le plus besoin », a déclaré Francesco La Camera, Directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), l’un des partenaires.

« Alors qu’il ne reste que huit ans pour parvenir à un accès universel à une énergie abordable et durable, nous avons besoin d’actions radicales pour accélérer l’augmentation des flux financiers publics internationaux et les répartir de manière plus équitable, afin que 733 millions de personnes actuellement laissées pour compte puissent profiter des avantages de l’accès à l’énergie propre », a-t-il ajouté.

Pays vulnérables touchés

Les impacts de la Covid-19, tels que les confinements, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et le détournement des ressources fiscales pour maintenir les prix des denrées alimentaires et du carburant à un niveau abordable, ont affecté les progrès vers la réalisation de l’ODD 7.

Les pays les plus vulnérables du monde ont été particulièrement touchés. Près de 90 millions de personnes en Asie et en Afrique, qui avaient auparavant accès à l’électricité, ne peuvent plus se permettre de payer leurs besoins énergétiques de base.

L’invasion russe de l’Ukraine a aggravé la situation, car elle a entraîné une incertitude sur les marchés mondiaux du pétrole et du gaz, ainsi qu’une flambée des prix de l’énergie.

Le rapport indique que l’Afrique reste la moins électrifiée au monde, avec 568 millions de personnes sans accès. La part de l’Afrique subsaharienne dans la population mondiale sans électricité est passée de 71% en 2018 à 77% en 2020, tandis que la plupart des autres régions ont connu une baisse.

Progrès et revers

En outre, bien que 70 millions de personnes dans le monde aient eu accès à des combustibles et à des technologies de cuisson propres, ces progrès n’ont pas été suffisants pour suivre le rythme de la croissance démographique, en particulier en Afrique subsaharienne.

Le rapport a révélé que malgré les perturbations continues de l’activité économique et des chaînes d’approvisionnement, les énergies renouvelables étaient la seule source d’énergie à se développer pendant la pandémie.

Pourtant, de nombreux pays qui ont le plus besoin d’électricité ont été laissés pour compte – une situation encore aggravée par une diminution des flux financiers internationaux pour la deuxième année consécutive.

L’ODD7 comprend également des cibles en matière d’efficacité énergétique. De 2010 à 2019, les améliorations annuelles mondiales de l’intensité énergétique ont été en moyenne d’environ 1,9 %, ce qui est bien en deçà des niveaux nécessaires à la fois pour atteindre les objectifs et pour rattraper le terrain perdu.

Appel à engagement

Les dépositaires de l’ODD7 sont l’IRENA et l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Division des statistiques des Nations Unies (UNSD), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ils ont rappelé que le Dialogue de haut niveau des Nations Unies sur l’énergie, qui s’est tenu en septembre dernier, a réuni les gouvernements et les parties prenantes pour accélérer l’action afin de parvenir à un avenir énergétique durable qui ne laisse personne de côté.

Les partenaires ont exhorté la communauté internationale et les décideurs politiques à préserver les gains vers l’ODD 7 et à rester engagés dans une action continue vers une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous. Ils doivent également continuer à se concentrer sur les pays qui ont le plus besoin d’aide.

Pour les gens et la planète

Le Dr Maria Neira de l’OMS a souligné pourquoi l’accès à une cuisine propre est essentiel.

Elle a déclaré que des millions de personnes sont tuées par des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers et des pneumonies parce qu’elles dépendent toujours de combustibles et de technologies de cuisson sales qui sont les principales sources de pollution de l’air.

« Les femmes et les enfants sont particulièrement à risque – ils passent le plus de temps à la maison et autour de la maison et portent donc le fardeau le plus lourd pour leur santé et leur bien-être », a déclaré le Dr Neira, Directrice du Département de l’environnement, du changement climatique et de la santé de l’OMS.

« La transition vers une énergie propre et durable ne contribuera pas seulement à améliorer la santé des gens, elle protégera également notre planète et atténuera les impacts du changement climatique », a-t-elle ajouté.

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