Providenciales, 16 juin 2022 — Les relations économiques entre l’Afrique et les Caraïbes sont passées à la vitesse supérieure cette semaine, après que les principales institutions financières de la région, la Banque africaine de développement et la Banque de développement des Caraïbes, sont convenues d’intensifier leur collaboration.
Mardi, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a prononcé un discours à la prestigieuse 22e conférence commémorative William G. Demas, en marge de la 52e assemblée annuelle de la Banque de développement des Caraïbes à Providenciales, aux îles Turques-et-Caïques.
Prévue de longue date pour qu’il puisse prononcer son discours en personne, cette visite du président de la Banque africaine de développement est restée en suspens pendant deux ans, à cause de la pandémie de Covid-19 qui a contraint les deux institutions à travailler à distance.
Pour Akinwumi Adesina et son homologue de la Banque de développement des Caraïbes, Hyginus « Gene » Leon, le moment est venu pour les deux régions d’approfondir leurs liens économiques en s’appuyant sur un nouveau partenariat stratégique.
Le président Adesina a prononcé une allocution devant le public nombreux de la conférence commémorative William G. Demas. L’occasion idéale pour partager les expériences mutuelles et esquisser des pistes en faveur d’un partenariat plus étroit entre l’Afrique et les Caraïbes.
Dans son discours intitulé « Le développement dans un contexte de défis mondiaux : expériences et leçons de la Banque africaine de développement », Adesina a passé en revue les leçons que celle-ci a tirées de son expérience face à sept défis mondiaux : pandémie de Covid-19, changement climatique, énergies renouvelables et transition énergétique, sécurité alimentaire et invasion russe de l’Ukraine, infrastructures, dette et mobilisation des ressources, et croissance inclusive pour les femmes.
Une coopération accrue requiert que les deux régions – qui partagent des liens historiques et culturels profonds – travaillent en étroite collaboration via leurs banques multilatérales de développement respectives, dans le secteur de l’agriculture en particulier. Objectif : créer des synergies qui permettent à la Banque africaine de développement de contribuer à former et renforcer les capacités des jeunes générations en matière de développement agricole.
« Nous devons inciter nos jeunes à réaliser que l’agriculture n’est pas juste une agriculture de subsistance, a souligné le chef de la Banque africaine de développement. C’est un vrai business, et nous devrions former de plus en plus ce que j’aime appeler des “agripreneurs” ».
Pour faire fructifier au mieux, de façon stratégique et réciproque, les investissements transatlantiques, le président de la Banque africaine de développement a proposé de s’inspirer de l’Africa Investment Forum existant – que la Banque a lancé en 2018 – pour créer un Africa and Caribbean Investment Forum.
Adesina a rencontré le Premier ministre des îles Turques-et-Caïques, Charles Washington Misick, et des membres clés de son gouvernement. Ils ont passé en revue les domaines de collaboration mutuelle. Il s’est également entretenu avec des représentants du secteur privé des îles Turques-et-Caïques, qu’il a exhortés à accorder plus d’intérêt à l’agriculture, secteur d’investissement rentable, pourvoyeur d’avantages énormes pour l’économie, à même d’améliorer la qualité de vie des populations locales.
Les deux institutions multilatérales de développement ont entériné leur collaboration avec la signature, mardi 14 juin 2022, d’un protocole d’accord à Providenciales.
MM. Adesina et Leon ont ratifié le protocole d’accord au nom de leurs institutions. Les deux banques travailleront en étroite collaboration en de nombreux domaines. Elles travailleront ensemble à des initiatives de diversification économique dans leurs régions respectives notamment, mettant l’accent sur le déploiement de solutions de transformation technologiques et numériques dans le commerce et les échanges, les services publics, l’intermédiation et l’inclusion financières.
Le protocole d’accord ainsi conclu va permettre aux deux institutions d’unir leurs forces pour stimuler le commerce entre l’Afrique et les Caraïbes. Les deux régions vont aussi travailler ensemble au développement durable des micro, petites et moyennes entreprises. Ce protocole d’accord jouer un rôle de catalyseur pour leurs économies régionales, qui deviendront plus résilientes aux chocs – surtout les plus vulnérables –, ont affirmé les chefs des deux banques de financement du développement. Le développement et l’accès à des instruments de financement innovants devraient encourager les flux de capitaux dans les deux régions.
« Nos défis et les solutions que nous devons trouver pour y faire face sont similaires », a souligné Akinwumi Adesina lors de la cérémonie de signature. « Ensemble, nous catalysons le développement de nos régions respectives, nous changeons la vie de nos populations, veillant à ce l’impact soit fort et durable, et nous façonnons l’histoire que nos régions et institutions respectives ont à dire au monde. »
« Approfondir les partenariats et partager nos connaissances sont essentiels pour parvenir au développement transformateur de nos régions respectives que nous projetons », a déclaré de son côté M. Leon. « Cet accord va non seulement renforcer nos relations avec le continent africain, mais également nourrir la voie innovante que nous poursuivons en des domaines d’intérêt mutuel qui sont avantageux pour tout le monde. »
Le thème de la 52e réunion annuelle de la Banque de développement des Caraïbes, « Mieux mesurer pour mieux cibler », fait écho aux préoccupations des deux banques régionales de développement, les deux institutions accordant une grande importance à la mesure de l’efficacité, un prérequis pour mieux répondre aux besoins de leurs pays membres régionaux.