Pourquoi devons-nous veiller à ce que les filles et les jeunes femmes africaines aient accès à l’éducation et qu’elles poursuivent leurs études ?
Grâce à ses idées novatrices et à son dynamisme entrepreneurial, la jeunesse africaine porte le progrès économique et social. Étant donné que 40 % de la population est âgée de moins de quinze ans et que les prévisions font état de plus de 100 millions d’enfants qui naîtront d’ici 2050, l’Afrique devrait disposer de la main-d’œuvre la plus jeune et la plus abondante au monde d’ici 2035. Cela représente pour le continent, et pour le monde entier, une occasion unique de renforcer la sécurité alimentaire, d’améliorer l’environnement sanitaire, de préserver notre planète et de créer des emplois. Toutefois, cela dépend d’un facteur essentiel à savoir l’exploitation optimale de l’énergie et des talents dont disposent les jeunes femmes et filles à travers l’Afrique.
Il est important pour nous de comprendre et de respecter le rôle essentiel que jouent de nombreuses femmes au sein de leur famille et de leur apporter le soutien dont elles ont besoin.
Selon le nouveau rapport de la Fondation Mastercard intitulé « Young Women in Africa: Agents of Economic Growth and Transformation by 2030 » (Les jeunes femmes en Afrique : vecteurs de la croissance et de la transformation économiques à l’horizon 2030), l’accélération de la productivité économique des jeunes femmes peut permettre de générer une valeur économique estimée à 287 milliards de dollars en Afrique, soit une augmentation de 5 % du PIB, et de créer 23 millions d’emplois sur le continent d’ici à 2030. Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir ? Il existe plusieurs facteurs. Tout d’abord, nous devons veiller à ce que les filles et les jeunes femmes aient accès à l’éducation et qu’elles poursuivent leurs études.
L’appui des nouvelles technologies
À l’heure actuelle, on compte 34 millions d’adolescentes en âge de faire des études secondaires qui ne sont pas scolarisées. En Afrique subsaharienne, seules 26 % des jeunes femmes terminent leurs études secondaires. Environ 8 % d’entre elles font des études supérieures. Cela représente des pertes considérables en termes de productivité et de revenus sur le long terme, soit une perte de 10 milliards $ du PIB sur l’ensemble du continent.
Un monde où chacun a la possibilité d’apprendre et de réussir, telle est la vision qui anime la Fondation Mastercard. Au cours des dix dernières années, nous avons travaillé avec des organisations remarquables afin de soutenir l’éducation des filles et d’accroître la participation des femmes au marché du travail. Grâce au dévouement et aux efforts de nos partenaires, nous avons réalisé des progrès considérables.
À ce jour, le Programme de Bourses de la Fondation Mastercard a permis à plus de 45 000 jeunes femmes et hommes de bénéficier d’une éducation de qualité et de développer leurs capacités en matière de leadership, et ce, en collaboration avec plus de 40 partenaires œuvrant dans le domaine de l’éducation. Nous travaillons également avec de jeunes entrepreneurs spécialisés dans les nouvelles technologies et qui disposent d’une expertise dans le domaine de la formation et de l’enseignement (Edtech), afin de dispenser un enseignement par le biais de plateformes numériques à deux millions de jeunes gens. Environ 70 % d’entre eux sont des jeunes femmes.
Mais il reste encore beaucoup à faire
Nous développons des programmes qui ont fait leurs preuves afin de faciliter l’accès aux études secondaires et d’améliorer les parcours scolaires après les études secondaires, notamment l’enseignement supérieur, l’Enseignement et la Formation Techniques et Professionnels (EFTP) et les possibilités d’emploi. Ces programmes permettront aux filles et jeunes femmes de suivre et d’achever leurs études. Au cours des sept prochaines années, la Fondation va considérablement renforcer ses partenariats de longue date avec CAMFED (Campaign for Female Education) et le Forum des éducatrices africaines (FAWE) grâce à un financement de 360 million $, afin d’aider plus de 70 400 jeunes femmes et filles vivant dans des communautés défavorisées sur le plan économique à terminer leurs études, créer leur propre entreprise ou accéder à l’emploi.
Prenons l’exemple de Juliana. Issue d’une famille de sept enfants vivant dans la région du nord-est du Ghana, Juliana a connu un parcours semé d’embûches avant de devenir infirmière diplômée. Ses parents, des agriculteurs, ont eu du mal à payer ses frais de scolarité et ses fournitures scolaires.
Des programmes pour répondre aux besoins
Grâce à notre partenariat avec la CAMFED, elle a terminé ses études secondaires et a poursuivi ses études d’infirmière à l’université centrale du Ghana. Aujourd’hui, non seulement elle est au service de sa communauté en tant qu’infirmière, mais elle dirige également une entreprise à caractère social, la Sumwaana Shea Butter Processing and Marketing Co-operative (Coopérative de transformation et de commercialisation du beurre de karité de Sumwaana), qui emploie plus d’une centaine de femmes dans sa région. Juliana est la preuve vivante que l’accès à l’éducation et au soutien transforme les vies et les communautés.
En partenariat avec CAMFED et FAWE, nous allons renforcer notre collaboration avec les ministères de l’éducation de dix pays africains, plus de 500 universités et établissements d’enseignement supérieur et plus de 1 400 établissements d’enseignement secondaire, afin de veiller à ce que les systèmes éducatifs répondent aux besoins des filles et des jeunes femmes.
Grâce à ces partenariats, nous poursuivrons notre collaboration avec les structures gouvernementales, les écoles et les acteurs communautaires afin d’intégrer des composantes importantes du programme, telles que la mise en œuvre de politiques de réinsertion pour les jeunes mères et la promotion d’une répartition équitable des budgets consacrés à l’éducation. Ces programmes permettront aux filles de bénéficier d’un mentorat à l’école afin d’accéder aux études secondaires et de les achever. En outre, ils donneront la possibilité à celles qui ont quitté l’école de poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur. Ces initiatives au niveau des systèmes devraient toucher près de trois millions de jeunes.
L’éducation est la pierre angulaire sur laquelle repose la réalisation et la pérennisation de la croissance économique de l’Afrique.
Comme vous le verrez dans notre rapport, l’intégration des femmes dans la population active et leur réussite en tant qu’employées et cheffes d’entreprise ne se limitent pas à l’éducation. Nous avons également besoin de politiques qui garantissent aux jeunes femmes l’accès à des capitaux abordables, à la terre, à l’équipement, ainsi qu’aux réseaux d’affaires et aux marchés.
Le rendez-vous de l’ONU
Il est important pour nous de comprendre et de respecter le rôle essentiel que jouent de nombreuses femmes au sein de leur famille et de leur apporter le soutien dont elles ont besoin. Par exemple, de nombreuses jeunes mères ont besoin de services de garde d’enfants accessibles, de moyens de transport et d’horaires de travail flexibles. Ces conditions essentielles leur permettront d’accéder à des emplois mieux rémunérés et à des opportunités entrepreneuriales, favorisant ainsi l’innovation et la diversification de l’économie.
À l’occasion de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, nous organisons une réunion des dirigeants et des professionnels qui jouent un rôle influent et concret dans l’éducation des filles et l’autonomisation économique des femmes en Afrique. Cette rencontre sera axée sur le partage d’informations concernant les programmes couronnés de succès et sur la manière dont ils peuvent être développés.
L’avenir économique de l’Afrique repose sur l’autonomisation de tous les jeunes, en particulier des filles et des jeunes femmes qui jouent un rôle à part entière et significatif. Grâce à l’éducation, à l’intégration économique et à un changement des mentalités, nous pouvons bâtir un avenir qui permettra à toutes les filles d’apprendre et à toutes les femmes de gagner leur vie, de gérer leurs activités et de s’épanouir.
Il ne s’agit pas seulement d’une vision, mais d’un impératif si nous voulons créer une Afrique prospère et durable.
Guineemining.info ( d’après New African)