Une récente information a attiré l’attention de la jeunesse africaine : la décision surprenante de l’artiste Taylor Swift, très populaire chez les jeunes Africains, de soutenir la candidature de Kamala Harris pour l’élection présidentielle américaine. L’auteure-compositrice-interprète américaine, avec ses 283 millions de followers sur Instagram, a vu son post en faveur de Kamala Harris recevoir plus de 2 millions de likes. Taylor Swift a déclaré : « Je vote Kamala Harris parce qu’elle se bat pour les droits et les causes qui, selon moi, ont besoin d’un guerrier pour les défendre. » Ce soutien est particulièrement significatif, surtout après un débat présidentiel suivi mondialement par des millions de personnes, où 63 % des téléspectateurs estiment que la vice-présidente a largement dominé son adversaire.
La réaction du candidat républicain ne s’est pas fait attendre. Il a répondu : « Je n’étais pas un fan de Taylor Swift […]. Elle semble toujours soutenir un démocrate, et elle en paiera probablement le prix sur le marché des ventes musicales », a-t-il déclaré, exprimant sa frustration alors qu’un sondage de CNN, très suivi en Afrique anglophone, donne la victoire à la candidate démocrate. Le Républicain a également critiqué le débat, l’accusant d’être truqué en faveur de Kamala Harris, et a reproché aux journalistes modérateurs d’ABC, David Muir et Linsey Davis, de corriger ses propos tout en épargnant son adversaire.
Ce qui a retenu l’attention des observateurs africains, c’est la comparaison entre l’influence des artistes américains et africains lors des élections. En Afrique, les artistes et griots jouent un rôle fondamental en tant que gardiens de la mémoire collective. Ils détiennent le savoir des généalogies, des alliances et des exploits des ancêtres, ce qui les rend précieux dans les campagnes électorales. Par leurs chants, récits et performances, ils peuvent renforcer l’image d’un candidat, susciter des émotions et mobiliser les électeurs autour d’un projet politique. Ils jouent également un rôle de médiateur social en rapprochant différentes factions au sein des communautés pour promouvoir une élection pacifique.
Les griots et artistes africains jouissent d’un grand prestige social, et leur soutien est souvent recherché par les candidats, car ils confèrent une légitimité supplémentaire. Toutefois, leur influence n’est pas absolue : un candidat doit être crédible et disposer d’un projet politique convaincant pour bénéficier pleinement de leur appui. De plus, dans un contexte politique moderne où les campagnes sont professionnalisées et coûteuses, le soutien des artistes, bien que précieux, ne peut remplacer une stratégie électorale efficace.
Du côté des États-Unis, les artistes comme Taylor Swift jouent un rôle déterminant dans les élections. Leur capacité à mobiliser les masses et à influencer l’opinion publique fait d’eux des acteurs clés dans la vie politique. Cependant, leur influence ne se substitue pas à une démarche politique solide. Taylor Swift a permis une augmentation spectaculaire des inscriptions sur les listes électorales, avec une hausse de 500 %, soit environ 30 000 personnes par jour via son compte Instagram, selon CNN.
L’influence des artistes américains sur les élections est également soulignée par le soutien massif à Kamala Harris de nombreuses célébrités telles que Beyoncé, Olivia Rodrigo, Matt Damon, George Clooney, et John Legend, entre autres. Certains ont même organisé des collectes de fonds, notamment à New York, où une participation à hauteur de 25 000 dollars (soit environ 250 millions de francs guinéens) par personne a été rapportée par Bloomberg.
En conclusion, les observateurs africains ont compris que, tout comme leurs homologues américains, les artistes africains peuvent avoir un impact important sur les élections. Leur rôle ne se limite pas à la culture : ils participent à la légitimation des candidats et à la mobilisation des électeurs. Cependant, leur influence reste relative et dépend des stratégies politiques plus larges.
Oumar Lalmas Diabaté
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