L’enseignement est l’unique solution pour résoudre l’épineux problème de l’industrialisation des mines en Afrique et particulièrement en Guinée. Sauf que, hélas, les programmes d’enseignement utilisés ne correspondent pas du tout aux réalités du terrain. Depuis près de 60 ans, nous exploitons nos différentes ressources minières mais jamais nous n’avons songé un seul jour à transformer en produit fini ces richesses. L’ancien régime s’y était attelé mais n’a pu continuer à cause des pesanteurs extérieures. C’est en cela que Grégoire affirme << que le Créateur de l’univers a créé le monde sensible comme situé entre deux termes extrêmes contraires l’un à l’autre, je veux dire entre la pesanteur et l’impondérabilité, qui s’opposent absolument l’un à l’autre >>.
Des boursiers guinéens sont partis par milliers dans plusieurs pays européens, asiatiques et américains pour être formés dans plusieurs disciplines liées à la transformation dont celles de nos ressources minières. L’objectif était de remplacer progressivement les expatriés qui travaillaient dans nos industries extractives. Dans la politique éducative, l’État avait mis un système de repêchage très bien élaboré qui permettait à ceux qui échouaient de poursuivre leurs études dans des écoles professionnelles publiques spécialisées. Ces établissements aidaient les jeunes élèves à acquérir des connaissances théoriques et pratiques plus spécialisées et adéquates. Ceux qui échouaient au baccalauréat étaient mis à la disposition des IPS tout comme les étudiants n’ayant pas eu la moyenne dans les facultés.
Nombreux de ces établissements professionnels avaient de petites branches qui imitaient les activités des polytechniques ordinaires. C’était, en quelque sorte, des sections préparatoires à une vie d’ouvriers qualifiés. Le problème a été de restreindre le cadre de formation à l’apprentissage simple de métiers: menuiserie, chaudronnerie, électricité, mécanique, plomberie, maçonnerie, etc. Pourtant toutes ces branches pouvaient avoir des formations à connotation industrielle : menuiserie industrielle, maçonnerie industrielle, mécanique industrielle, etc.
Les chômeurs du régime…
Nombreux parmi eux sont entrés en chômage après le changement de régime.
Les boursiers partis étudier dans les grandes universités d’ingénieries n’ont pas compris qu’ils étaient le socle rocheux sur lequel reposent les couches de terrain d’une véritable industrialisation minières. Beaucoup d’entre eux sont venus mais n’ont pas pu pratiquer la connaissance obtenue à l’étranger et la grande majorité étaient devenus enseignants des disciplines qui ne étaient pas liées à leurs formations.
Étant un pays minier, notre pays devait se fixer des objectifs de formation professionnelle répondant aux besoins d’industrialisation de nos mines. Entre autres : la fabrication des machines broyeuses de Bauxites ou autoclave, des agitateurs, de cuve de chauffage, de filtre presse, de séparateur, etc.
Le transfert de technologie était bien possible dans le système socialiste dont la Guinée était membre influent. Il était possible de construire de grands ateliers modernes et bien équipés pour produire toutes les machines nécessaires à la transformation de la Bauxite en alumine dans un premier temps, puis de l’Alumine à l’aluminium dans un deuxième temps bien sûr en réalisant de grands barrages hydroélectriques.
Certains pays amis pouvaient le faire. C’est l’occasion de rendre hommage à un ami, brillant élève, majore de sa promotion du primaire à l’université, Aboubacar Demba Keita dit M’Pélé décédé par suite de Méningite en 1988 à Kindia. Venu de l’Allemagne, il était là pour passer ses congés. Son rêve était de faire de la Guinée un pays de grande production d’aluminium.
Le régime militaire du CMRN devrait, prendre la relève, faire un diagnostic de tous les projets d’industrialisation surtout celles liées à la production de l’aluminium, lancé par la première République. Je ne sais pour quel intérêt le régime militaire, suite à un concours, a licencié des milliers de travailleurs dont la grande majorité de nos boursiers des années précédentes. L’État n’avait qu’à les réorganiser pour les amener à mettre à disposition leurs connaissances et compétences acquises à l’étranger. Aujourd’hui, nous exigeons la construction d’une usine d’aluminium parce qu’on n’a pas su faire de cela une priorité dans la gouvernance politique et notre système d’enseignement.
A ce jour, ce sont des pays comme les Emirats Arabes Unis qui font à notre place la transformation de notre bauxite en Aluminium. Quel regret!
La Chine a fait son programme de développement et l’a suivi pas à pas. Elle a construit sur son territoire toutes les industries qu’elle jugeait nécessaires pour son développement socioéconomique. Elle a cru en sa potentialité et s’en est sortie honorablement en devenant l’usine du monde. Pourtant des milliers de nos compatriotes sont allés se former dans ce pays. L’enseignement a beaucoup contribué dans ce développement accéléré de la Chine. Des écoles et classes spécialisées dans l’apprentissage de certains métiers étaient organisés pour développer les connaissances et les aptitudes des écoliers. Ceux qui ont fait des études extérieures venaient transmettre non seulement leurs compétences et activaient dans l’invention et l’innovation. Nous avons besoin de suivre ces traces pour construire nous-mêmes nos raffineries.
L’implantation d’une école Doctorale pluridisciplinaire est un bon projet avec la création de laboratoires, d’incubateurs, de recrutement d’experts internationaux et la mise en place d’un centre de ressources et de documentation numérique. Nous avons formé combien de Doctorants sans pouvoir construire une usine de transformation minière.
Alors, n’est-il pas le temps de changer notre politique éducative en incitant nos spécialistes à la créativité ? Les formations littéraires ne suffisent plus. Il faut mettre en pratique la connaissance. Qu’on n’ait moins besoin d’un professeur capable d’expliquer littérairement la transformation de la bauxite en Aluminium à celui qui peut construire un élément composant de l’usine de production d’alumine ou d’aluminium.
L’inter institutionnelle en ingénierie est une aubaine pour un pays aussi riche en ressources minières comme la Guinée. Mais il serait mieux de travailler sur les composantes d’une industrie de transformation minière. De l’exploitation à la transformation. N’ayons pas peur, on pourrait bien le faire. On a juste besoin d’avoir confiance en nos compétences. Mettons-nous au travail. Pour chaque composante, ouvrons un centre de recherche publique ou privé en y recrutant des spécialistes : ingénieurs, professeurs et des autodidactes très doués, etc.
En Guinée, de simples mécaniciens dépannent des véhicules sophistiqués et peuvent concevoir des machines dont- ils ont le schéma.
Nous devons créer aussi des écoles spéciales. Tout doit commencer dans des classes du secondaire et pourquoi pas d’ailleurs au primaire dans les activités dirigées.
Les jeunes élèves feront du dessin technique et du modelage, montage et démontage, suivront des reportages sur les industries.
Les enseignants chercheront pendant un an ou deux à éveiller l’amour de la technologie industrielle, à révéler leurs aptitudes, leurs talents, à découvrir leur vocation dès le plus jeune âge. Une fois leurs penchants et aptitudes révélés, on procède à une sélection. Les élèves apprennent à démonter et remonter de petits moteurs, ou s’initient au dessin, aux petits dépannages.
A la fin de leurs études secondaires ou du lycée technique, les jeunes élèves seront capables de décrire par exemple un broyeur bauxitique ou un composant, le démonter et remonter, le dépanner. Ils vont connaître les éléments et la composition de la machine étudiée. On nous fait toujours croire que tout cela est impossible en Afrique. Alors, qu’un enfant qui est en contact permanent avec une machine serait un génie dans sa conception. Il y a des milliers de talents qui nous échappent chaque année. Des génies qui seront capables,un jour, de nous produire une industrie d’alumine et d’aluminium. Rendez-vous dans un garage mécanique ou dans un atelier de réparation des appareils électroniques, vous saurez que les talents existent, il suffit juste de faire confiance en nos enfants et de les mettre à la tâche. Il faut croire! Il faut croire! Dans l’avenir certains d’entre eux inventeront peut-être des machines plus perfectionnées.
Dans les régions minières, il faut implanter ces écoles spécialisées où il serait possible de faire des études poussées dans certaines disciplines et métiers miniers pour développer les intérêts et aptitudes des écoliers et leur orientation professionnelle.
Je donne raison au Président Français Emmanuel Macron quand il dit dans un de ses discours << Nous sommes entrain de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. Nous étions habitués à un ordre international qui depuis le XVIII ème siècle reposait sur une hégémonie occidentale vraisemblablement française au XVIII ème siècle par l’inspiration des lumières, sans doute britannique au XIX ème siècle grâce à la révolution industrielle et raisonnablement Américain au XX ème siècle grâce aux deux grands conflits et la domination économique et politique de cette puissance. Les choses changent, elles sont profondément bousculées par les erreurs des occidentaux dans certaines crises par les choses si américaine de plusieurs années et puis c’est aussi l’émergence de nouvelles puissances dont nous avons sans doute longtemps sous estimé l’impact. La Chine au premier rang mais également la stratégie Russe menée, il faut bien le dire, depuis quelques années avec plus de succès. L’Inde qui émerge. Ces nouvelles économies qui deviennent aussi des puissances pas seulement économique mais politique. Qui je pense comme certains ont pu l’écrire, comme de véritables États civilisés et qui viennent non seulement nous bousculés notre ordre international, qui viennent peser dans l’ordre économique, qui viennent aussi repenser l’ordre politique et l’imaginaire politique.
Tout ça doit nous poser des questions profondes d’abord faire constater les habitudes, les dômes qui étaient de nôtre, ne sont plus valables>>.
Le président Macron que je félicite beaucoup pour sa sincérité dans ce grand discours, vient de prouver qu’une nouvelle compétition planétaire est ouverte. l’Afrique doit proposer ses solutions et surtout de choisir ses modèles de développement en fonction de ses réalités sociales. C’est ce que je suis entrain de faire dans cet écrit. On parle de la Chine, l’Inde et la Russie pourquoi pas de l’Afrique.
Pour répondre à cette question, je vais faire appel à Alain Foka journaliste à RFI de nationalité camerounaise qui dit dit ceci: << C’est clairement dit à vous jeune de vous décomplexer et de réfléchir à de nouveaux concepts, à de nouveaux modèles adaptés à notre environnement. Il est temps de sortir du mimétisme et de profiter des errements des autres pour prendre votre liberté. Surtout ! Surtout ! Il ne s’agit pas de quitter un maître pour un autre, il s’agit pas de se libérer d’un conquérant pour un autre dominant, il ne s’agit pas de dire, je vais me vendre au Chinois, au Russe ou aux Indiens. Non! Il s’agit de tracer sa propre voix sans complexe. Le monde vous appartient et le ciel seul est votre limite. Faites de ce siècle celui du réveil de l’Afrique afin que dans les temps prochains qu’on puisse parler l’ère africain. Vous en êtes capables !>>.
Aujourd’hui, à travers notre continent, des milliers de jeunes font des inventions et innovations extraordinaires dans tous les domaines: électronique, médecine robotique, mobile, agriculture, téléphonie, transport de l’énergie, recharge solaire, convertisseur éolien, aéronautique, etc.
Malheureusement, certains n’ont pas pu obtenir de brevet pour leurs inventions. Osons rêver ! Osons tenter! Osons persévérer ! Celui d’en face à tous les moyens pour t’empêcher de faire ce que tu veux. Car, il prépare déjà sa progéniture à prendre le devant. Alors, n’abandonne jamais !