Les droits humains de la population haïtienne doivent être protégés, affirme l’ONU

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WFP/Luc Segur
Les habitants d’une communauté touchée par la violence des gangs à Port-au-Prince, en Haïti, font la queue pour se nourrir.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a appelé vendredi à protéger les droits humains de la population haïtienne et atténuer ses souffrances. Il a plaidé en faveur d’une force multinationale non onusienne pour aider la police haïtienne à faire face à la grave situation sécuritaire. 

« Les informations en provenance d’Haïti cette semaine ont souligné l’extrême brutalité de la violence infligée à la population et l’impact qu’elle a sur leurs droits humains », a déclaré la porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.

Dans la nuit du 14 au 15 août, un représentant municipal local, sa femme et son enfant ont été abattus dans leur maison du quartier Decayette de la capitale Port-au-Prince par des membres présumés d’un gang. L’homme a apparemment été pris pour cible en représailles pour son soutien signalé à un groupe d’autodéfense local créé pour affronter les gangs.

Quelques heures plus tôt, le 14 août, cinq hommes et deux femmes d’une même famille avaient été brûlés vifs lorsque leur maison du quartier Carrefour-Feuilles avait été incendiée par le gang du Grand Ravine. Ils auraient également été ciblés en raison de leur soutien à un groupe d’autodéfense.

Intensification de la violence

Ces quartiers, ainsi que le quartier Savanne Pistache, étaient ciblés par le gang du Grand Ravine depuis le 25 juillet. La violence s’est intensifiée entre le 11 et le 15 août, des membres de gangs tuant ou blessant quelque 28 personnes et pillant ou incendiant au moins 50 maisons. Deux policiers associés aux groupes d’autodéfense ont également été tués.

« Des unités de police spécialisées ont finalement été déployées le 15 août et ont forcé le gang à quitter les environs immédiats. Cependant, la situation reste extrêmement précaire car la police s’est retirée par la suite et des membres de gangs opèrent toujours dans les zones environnantes », a souligné la porte-parole du HCDH.

Quelque 5.000 personnes ont fui ces quartiers depuis le week-end dernier et se réfugient soit dans des sites improvisés, soit dans des communautés d’accueil, souvent dans des circonstances désastreuses et toujours vulnérables aux attaques.

D’autres quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, tels que Tabarre et Croix des Bouquets, ont également connu des pics de violence ces dernières semaines, alors que les gangs rivalisent pour s’installer dans de nouvelles zones tout en consolidant leur contrôle sur des zones déjà sous leur emprise.

Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, au moins 2.439 personnes ont été tuées et 902 autres blessées. De plus, 951 personnes ont été enlevées.

Augmentation de la « justice populaire »

En réponse à la violence persistante des gangs et à l’insécurité généralisée, il y a eu une augmentation des mouvements de « justice populaire » ou des groupes d’autodéfense, conduisant également à la violence. Depuis le 24 avril jusqu’à la mi-août, plus de 350 personnes ont été lynchées par la population locale et des groupes d’autodéfense. Parmi les personnes tuées figurent 310 membres présumés de gangs, 46 membres du public et un policier.

« Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, qui s’est rendu en Haïti en février de cette année, demande que des mesures urgentes soient prises à la suite de l’appel du Secrétaire général des Nations Unies en faveur d’une force multinationale non onusienne pour aider la police haïtienne à faire face à la grave situation sécuritaire et le rétablissement de l’Etat de droit, dans le strict respect des normes et standards internationaux relatifs aux droits de l’homme », a dit sa porte-parole.

« Les droits humains du peuple haïtien doivent être protégés et ses souffrances atténuées », a-t-elle conclu.

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