Les Finances Publiques : Le Budget, Outil Essentiel d’Intervention de l’État en Guinée
L’un des principaux défis de la Guinée réside dans la gestion de ses finances publiques, un sujet au cœur des préoccupations nationales, mais pour lequel aucune solution concrète n’a encore émergé. Que recouvrent exactement ces finances publiques, et comment l’État les utilise-t-il comme instrument d’action ?
L’évolution des finances publiques modernes
Les finances publiques modernes coïncident avec l’élargissement des interventions de l’État dans divers domaines. En Guinée, l’État se sert des dépenses et des recettes publiques comme leviers d’action dans les sphères économique et sociale. Ces flux financiers ne sont plus considérés comme neutres : l’équilibre budgétaire n’est plus un impératif absolu. Par exemple, certaines dépenses courantes ne peuvent être assimilées à une simple consommation, tandis que les dépenses militaires, souvent improductives, constituent un frein au développement. À l’inverse, des investissements dans l’éducation et la santé génèrent un effet bénéfique à la fois sur la consommation et sur le développement à long terme.
L’intervention de l’État par les dépenses publiques
Les dépenses publiques sont devenues un moyen d’intervention directe dans l’économie. L’État utilise les commandes publiques et l’effet multiplicateur keynésien pour stimuler la croissance. L’accroissement des dépenses sociales contribue également à la réduction des inégalités. Depuis la Première Guerre mondiale, le rôle de l’État s’est élargi, s’étendant bien au-delà des fonctions régaliennes et du paiement de la dette publique. Durant l’entre-deux-guerres, l’action sociale s’est intensifiée, et après la Seconde Guerre mondiale, les interventions étatiques ont touché des secteurs comme le logement, l’urbanisme, l’aménagement du territoire et l’administration économique, y compris l’agriculture, le commerce et l’industrie. Ainsi, alors que les dépenses publiques représentaient environ 15 % du PIB avant 1914, elles sont passées à plus de 50 % depuis les années 1970.
L’intervention de l’État par les recettes publiques
La fiscalité, autrefois conçue pour être neutre, est devenue un outil de réduction des inégalités sociales, notamment grâce à la progressivité de l’impôt. Elle peut aussi être utilisée pour encourager ou décourager certains comportements, à travers des allégements ou des majorations fiscales. En outre, le recours à l’emprunt n’est plus considéré comme exceptionnel ou répréhensible. En Guinée, le faible niveau de revenu par habitant entraîne une consommation élevée et une faible capacité d’épargne, rendant indispensable l’aide extérieure pour combler le déficit en capital interne et financer les importations de biens d’équipement nécessaires, sans compromettre la consommation nationale.
L’équilibre budgétaire et l’équilibre économique global
Historiquement, les gouvernements ne poursuivaient pas toujours l’objectif d’équilibre budgétaire. Même sous le régime libéral, des budgets initialement équilibrés finissaient souvent en déficit lors de leur exécution. Aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur l’équilibre général de l’économie que sur celui des finances de l’État. Le déficit budgétaire peut être toléré si l’objectif ultime est d’assurer l’équilibre global de l’économie nationale.
Dr BAH ALIOU, Inspecteur Principal des Impôts.