Les guerres qui ravagent le continent africain, alimentées par le djihadisme et d’autres conflits, sont devenues un sujet de discussion majeur parmi les citoyens africains. Des exemples frappants incluent la guerre entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, ainsi que les conflits en cours au Mali et au Burkina Faso. Ces deux pays de l’Afrique de l’Ouest continuent de subir les affres du djihadisme, bien que l’armée locale soit de plus en plus résolue à inverser la tendance.
Au Mali, cela fait près de deux décennies que le pays est plongé dans la spirale des violences djihadistes, souvent liées à des influences extérieures. Entre 2013 et 2019, le conflit a fait 7 104 morts, dont 2 514 civils, avec des dégâts matériels considérables. Entre mai 2021 et octobre 2023, plus de 5 000 personnes ont été tuées, marquant ainsi une nouvelle vague de violence. Des années particulièrement meurtrières, comme 2016 et 2017, ont vu des centaines de victimes civiles et militaires. Pourtant, grâce à la détermination de l’armée malienne, les attaques et le nombre de morts ont diminué, même si la menace persiste.
Au Burkina Faso, le bilan est également lourd. Selon un décompte de l’AFP, 400 personnes ont été tuées entre 2015 et mai 2019, tandis que le gouvernement a signalé la mort de 204 soldats au cours de la même période. Le conflit a fait environ 17 000 morts selon le Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED) depuis 2015. Plus récemment, en 2024, le bilan est monté à 26 000 morts, avec 486 000 déplacés et plus de 16 000 réfugiés. Malgré cela, l’armée burkinabé a réussi à ralentir l’expansion du terrorisme, même si des attaques sporadiques continuent, soutenues par des financements extérieurs, notamment de certains pays occidentaux.
L’accusation selon laquelle l’Occident, en particulier les États-Unis, fomenterait les conflits et le terrorisme en Afrique, bien qu’alimentant de nombreux débats, mérite d’être analysée avec nuance. Les racines des crises africaines sont complexes et multiples, englobant à la fois des influences internes et externes.
Les responsabilités de l’Occident
Il est indéniable que l’Occident porte une part de responsabilité dans les troubles qui secouent l’Afrique. Les frontières artificielles tracées par les puissances coloniales ont souvent été sources de tensions ethniques et religieuses. Par ailleurs, certaines interventions occidentales, malgré leur motivation humanitaire, ont aggravé des conflits locaux.
Historiquement, l’Occident a soutenu des régimes autoritaires en Afrique, contribuant ainsi à la déstabilisation de plusieurs pays. Le commerce d’armes avec des nations africaines a également alimenté des conflits. Plus récemment, l’influence croissante de nouvelles puissances militaires, telles que la Chine et la Russie, a introduit de nouvelles dynamiques sur le continent, avec des investissements massifs et des alliances stratégiques. Cette évolution présente à la fois des opportunités de diversification et des risques d’escalade des tensions géopolitiques.
Que doit faire l’Occident ?
Pour éviter un embrasement général de l’Afrique, l’Occident doit adopter une approche plus nuancée et coopérative. Il doit :
Soutenir les initiatives de lutte contre le djihadisme en fournissant une aide financière et matérielle aux États africains affectés.
Renforcer les institutions démocratiques en respectant la volonté des populations locales et en luttant contre la corruption.
Favoriser le développement économique et social afin de réduire les inégalités qui alimentent les conflits.
Renforcer les capacités des organisations régionales africaines à prévenir et gérer les crises.
Engager un dialogue constructif avec les nouvelles puissances mondiales pour trouver des solutions communes aux problèmes du continent.
Mettre en place des contrôles plus stricts sur les exportations d’armes vers les zones de conflit.
Il est crucial de reconnaître que la paix et la sécurité en Afrique dépendent avant tout des Africains eux-mêmes. L’Occident doit accompagner ces efforts sans prétendre être la solution unique aux problèmes du continent.
En conclusion
La situation en Afrique est d’une complexité multidimensionnelle. L’Occident doit assumer ses responsabilités historiques, tout en tenant compte de l’implication d’autres acteurs internationaux. Une approche globale et coopérative est essentielle pour promouvoir la paix, la stabilité et le développement durable sur le continent africain.
Certains observateurs ont également salué l’attitude de Mike Johnson, président de la Chambre des représentants des États-Unis, qui en 2023, a exprimé son ras-le-bol des guerres prolongées. Il a affirmé que « tout le monde dans le monde en a assez » des conflits incessants, une opinion qui résonne avec les guerres djihadistes en Afrique.
Oumar Lalmas Diabaté
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