L’ONU débloque 110 millions de dollars pour compenser les coupes dans l’aide humanitaire

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© UNHCR/Andrew McConnell
Des réfugiés soudanais arrivent à la ville frontalière d’Adre, au Tchad.

Les Nations Unies ont débloqué jeudi 110 millions de dollars du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) pour compenser « la baisse précipitée » des montants consacrés à l’aide humanitaire dans le monde.

Ces fonds d’urgence doivent « renforcer l’assistance vitale dans 10 des crises les plus sous-financées et négligées au monde, en Afrique, Asie et Amérique latine », souligne le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Pour les pays frappés par les conflits, le changement climatique et les troubles économiques, les réductions brutales de financement ne signifient pas que les besoins humanitaires disparaissent », a déclaré dans un communiqué Tom Fletcher, Coordonnateur des secours d’urgence et chef d’OCHA. L’OCHA est chargé de géré le CERF.

Un tiers du montant pour les opérations au Soudan

Un tiers du montant total octroyé par le CERF ira au Soudan, qui connaît actuellement la pire crise humanitaire dans le monde, ainsi qu’au Tchad voisin qui accueille d’innombrables réfugiés ayant fui les combats chez le voisin soudanais.

Les fonds soutiendront également la réponse humanitaire en Afghanistan, en République centrafricaine, au Honduras, en Mauritanie, au Niger, en Somalie, au Venezuela et en Zambie.

L’argent doit aussi servir à protéger les populations les plus vulnérables aux chocs climatiques.

En 2025, plus de 300 millions de personnes vont dépendre de l’aide humanitaire, mais les financements diminuent chaque année. « Et les niveaux de cette année devraient atteindre un niveau historiquement bas », a mis en garde l’OCHA.

Des familles déplacées se rassemblent dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, alors que l'ONU distribue de l'aide.
© IOM/Antoine Lemonnier
Des familles déplacées se rassemblent dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, alors que l’ONU distribue de l’aide.

Seuls 5 % des fonds demandés ont été reçus

Cette année, la communauté humanitaire recherche près de 45 milliards de dollars pour venir en aide à 185 millions de personnes parmi les plus vulnérables, victimes de crises dans le monde entier. À ce jour, seuls 5 % de ces fonds ont été reçus, ce qui laisse un déficit de plus de 42 milliards de dollars.

A noter que deux fois par an, le fonds d’urgence de l’ONU alloue des ressources pour les situations d’urgence sous-financées. Fin 2024, 110 millions de dollars ont été déboursés pour aider plus de 3 millions de personnes dans des situations d’urgence sous-financées au Burkina Faso, au Burundi, au Cameroun, en Éthiopie, en Haïti, au Malawi, au Mali, au Mozambique, au Myanmar et au Yémen.

Depuis sa création par l’Assemblée générale de l’ONU en 2005, et grâce aux contributions généreuses de 130 États membres et observateurs, ainsi que d’autres donateurs privés, le Fonds a aidé des centaines de millions de personnes avec quelque 9,6 milliards de dollars dans plus de 110 pays et territoires. Ce montant comprend 3,3 milliards de dollars destinés à des crises sous-financées.

Mise en péril de millions d’enfants supplémentaires

D’une manière générale, les grandes agences humanitaires de l’ONU et les ONG ont vu les budgets se réduire. C’est dans ce contexte que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a « imploré » mercredi tous les donateurs de continuer à financer des programmes d’aide essentiels pour les enfants du monde.

Cet appel intervient alors que les réductions de financement annoncées et prévues limiteront la capacité de l’UNICEF à atteindre des millions d’enfants dans le besoin. Ces baisses par de nombreux pays donateurs font suite à « deux années de réduction de l’aide à un moment où les besoins sont sans précédent ».

Selon l’agence onusienne, ces nouvelles coupes budgétaires créent une crise de financement mondiale qui mettra en péril la vie de millions d’enfants supplémentaires. « Des millions d’enfants sont touchés par les conflits, doivent être vaccinés contre des maladies mortelles telles que la rougeole et la polio, et doivent être éduqués et maintenus en bonne santé », a affirmé dans un communiqué, Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.

L’UNICEF est entièrement financé par des contributions volontaires de gouvernements, de partenaires du secteur privé et de particuliers. A noter que l’aide fournie par les donateurs a permis à l’UNICEF de réaliser des « progrès historiques ».

Depuis 2000, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté de 50 % dans le monde. Des millions d’enfants sont en vie aujourd’hui grâce à ce travail. Des millions d’autres ont été protégés par une meilleure santé et un avenir plus radieux.

Un réfugié soudanais, ayant contracté la tuberculose, attend d'être soigné dans un centre de santé soutenu par le HCR dans la banlieue de Tripoli (Archives)
UNOCHA/Giles Clarke
Un réfugié soudanais, ayant contracté la tuberculose, attend d’être soigné dans un centre de santé soutenu par le HCR dans la banlieue de Tripoli (Archives)

Lutte contre la tuberculose

De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que de sévères réductions de financement – en particulier le gel des versements américains – menacent des décennies de progrès dans la lutte contre la tuberculose, qui reste la maladie infectieuse la plus mortelle au monde.

L’OMS estime que les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre cette maladie infectieuse la plus mortelle au monde, ont permis de sauver plus de 79 millions de vies au cours des deux dernières décennies, selon un communiqué.

Ces avancées sont menacées par le gel de l’aide américaine, dont dépendent de nombreuses organisations, en particulier dans les pays en développement.

« Des coupes budgétaires soudaines menacent aujourd’hui de réduire à néant » les « progrès durement acquis » dans la lutte contre la tuberculose, « mettant en grand danger des millions de personnes, en particulier les plus vulnérables », a indiqué l’OMS.

« Toute interruption des services de lutte contre la tuberculose – qu’elle soit financière, politique ou opérationnelle – peut avoir des conséquences dévastatrices et souvent fatales pour des millions de personnes dans le monde », a déclaré Tereza Kasaeva, Directrice du programme de l’OMS de lutte contre la tuberculose.

A noter que Washington a fourni environ « 200 à 250 millions de dollars par an en financement bilatéral aux pays pour lutter contre la tuberculose », soit « environ un quart » du montant total des fonds alloués par les donateurs internationaux.

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