Un expert indépendant des Nations Unies a appelé lundi la Corée du Nord à rouvrir ses frontières aux agences humanitaires et aux importations de nourriture, relevant que la poursuite de l’isolement n’offre aucune solution à la situation « désastreuse » dans ce pays.
Dans son rapport final, Tomás Ojea Quintana, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), a exhorté Pyongyang à faciliter le retour des organisations internationales, y compris les Nations Unies, pour fournir une aide humanitaire et une aide au développement.
S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’expert indépendant onusien a déclaré que l’insécurité alimentaire chronique était déjà répandue avant le début de la pandémie, il y a deux ans.
Une insécurité alimentaire qui s’est probablement aggravée avec l’effondrement du commerce à la suite à la fermeture des frontières du pays.
Seuls 29 % des enfants âgés de 6 à 23 mois bénéficient du régime alimentaire minimum acceptable, a-t-il précisé. Le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire étant constamment supérieur à 10 millions, cela représente plus de 40 % de la population.
Le spectre de la famine pour certains segments de la population nord-coréenne
Sur le terrain, la malnutrition reste une cause majeure de mortalité maternelle et infantile. Le manque de disponibilité d’aliments adéquats et nutritifs tout au long de l’année a été un problème chronique au fil des ans, a-t-il poursuivi.
Les mesures prolongées de restriction en réponse à la Covid-19 pourraient ne plus passer les tests de nécessité et de proportionnalité, étant donné l’ampleur de leur impact sur l’accès à la nourriture, aux soins de santé et aux moyens de subsistance, a affirmé l’expert de l’ONU. En attendant, « des segments de la population, en particulier les populations vulnérables, pourraient être confrontés à la faim et à la famine ».
Officiellement, la RPDC n’a signalé aucun cas de Covid-19 et a imposé des mesures anti-virus strictes depuis le début de la pandémie, notamment la fermeture des frontières et la limitation des déplacements à l’intérieur du pays.
M. Ojea Quintana a donc exhorté Pyongyang à « ouvrir progressivement ses frontières ». « La priorité urgente est que la Corée du Nord facilite le retour des agences des Nations unies, des autres organisations internationales et de la communauté diplomatique », a fait valoir l’expert indépendant onusien, exhortant les Nations Unies à « négocier et soutenir ce processus afin de permettre le retour des activités humanitaires et de développement ».
Eviter tout cycle d’escalade des tensions dans la péninsule coréenne
D’une manière générale, il appelle la communauté internationale à convenir d’une stratégie visant à faciliter l’accès des Nord-Coréens à une quantité suffisante de vaccins Covid-19 pour assurer la vaccination complète de toute la population. Cela soutiendrait leurs droits à une santé adéquate, mais serait également essentiel à l’ouverture des frontières de la Corée du Nord et à la reprise de ses interactions avec la communauté internationale.
Car « laisser la Corée du Nord dans l’isolement et maintenir le statu quo n’offre aucune solution pour aider à remédier à la terrible situation des droits de l’homme dans ce pays », a fait observer M. Quintana, dont le mandat prend fin le 31 juillet 2022.
Plus largement, le défi le plus important, à l’heure actuelle, consiste à ne pas recréer un nouveau cycle d’escalade des tensions dans la péninsule coréenne, qui pourrait « rapidement et dangereusement déstabiliser la région ». « La situation actuelle en Ukraine nous rappelle les ravages causés par la guerre », a-t-il dit, relevant l’importance d’une approche diplomatique en faveur de la paix et de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
En définitive, il estime que les Nations Unies et les États clés devraient jouer un rôle essentiel dans l’instauration de la paix dans la péninsule coréenne. « À cette fin, je suis fermement convaincu que les bons offices du Secrétaire général devraient chercher à fournir un forum alternatif pour qu’un tel dialogue constructif ait lieu, et que les États membres le permettent », a conclu l’Expert indépendant onusien, exhortant la communauté internationale à « mettre l’agenda des droits de l’homme au premier plan ».