Depuis l’établissement de la coopération et le début des opérations du Groupe de la Banque africaine de développement au Sénégal en 1972, le Conseil d’administration de la Banque a approuvé environ 116 opérations en faveur du pays pour un montant cumulé de plus de 3,47 milliards de dollars (environ 1 957 milliards de FCFA). La Banque est un partenaire stratégique du Sénégal dans tous les secteurs de développement (infrastructures, transport, énergie, gouvernance, développement rural, etc.).
Le niveau des engagements de l’institution est une illustration des liens solides de partenariat qui ont été tissés avec le Sénégal au cours des cinq dernières décennies. Toutes les cinq priorités stratégiques de la Banque, les « High 5 », mises en œuvre dans le cadre de la Stratégie décennale de l’institution connaissent une mise en œuvre optimale avec des résultats probants.
– Le portefeuille actif de la Banque au Sénégal comprend 36 opérations pour un engagement total de 2,5 milliards de dollars, soit 1 400 milliards de FCFA, incluant trois projets régionaux. Le secteur public représente 91% des engagements et le secteur privé 9%. Le secteur du transport domine le portefeuille de la Banque au Sénégal, soit 36% des engagements, suivi du secteur financier (23%), l’agriculture (10%), le multi-secteur (9%), l’industrialisation et la communication (8%), l’énergie (7%), l’eau et l’assainissement (4%) et le social (3%). Cette distribution reflète les choix stratégiques du pays.
Le portefeuille inclut une garantie partielle de crédit pour la couverture des risques de 308 milliards de FCFA, un financement du secteur privé de 120 millions de dollars (environ 70 milliards de FCFA).
Au niveau régional, le Sénégal bénéficie de trois opérations multinationales, notamment : le Projet énergie OMVG (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie), le pont trans-Gambie (long de 942 mètres), inauguré le 21 janvier 2019 et le pont de Rosso (long de 1,5 kilomètre), entre le Sénégal et la Mauritanie, dont les travaux ont été lancés le 29 novembre dernier, par les présidents Macky Sall et Mohamed Ould Ghazouani.
Le portefeuille est aligné sur le Plan Sénégal émergent (PSE) et la Stratégie décennale de la Banque, déclinées en cinq grandes priorités appelées les « High 5 ». Les opérations en cours contribuent à l’ensemble des « High 5 » : « améliorer la qualité de vie des populations en Afrique » (39% du portefeuille) ; « intégrer l’Afrique » (35%) ; « nourrir l’Afrique » (10%) ; « industrialiser l’Afrique » (8%); et « éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » (7%).
– La Stratégie pays 2021-2025
Le Document de stratégie-pays (DSP 2021-2025) du Sénégal a été approuvé par le Conseil d’administration le 28 mai 2021. L’objectif principal de la stratégie est de soutenir une croissance robuste et stable et contribuer au renforcement de la résilience. Cet objectif sera réalisé à travers les domaines prioritaires suivants : le renforcement des infrastructures pour soutenir la compétitivité et l’intégration régionale ; et l’accroissement de la résilience de l’économie à travers la transformation agricole et le développement industriel.
Dans le cadre du domaine prioritaire I, la Banque appuiera l’expansion et la modernisation d’infrastructures de transport (autoroute Dakar-Saint Louis, port de Ndyane et chemin de fer Dakar Bamako, etc.) ; l’accès universel à l’électricité d’ici à 2025 à travers le Projet d’amélioration de l’accès à l’électricité dans des zones périurbaines et rurales. Le Sénégal pourrait également bénéficier de l’initiative « Desert to power » à travers l’interconnexion avec les pays du G5 Sahel. L’initiative vise à fournir dix gigawatts d’énergie photovoltaïque d’ici à 2025 à 250 millions de personnes vivant dans la bande sahélienne.
Dans le domaine prioritaire II, l’appui de la Banque contribuera au développement des chaînes de valeur agricoles à travers l’initiative Technologies for African Agricultural Transformation (TAAT) ; le développement des Zones de transformation agricole (agropoles Sud, Centre et Nord) et ; l’accélération de l’industrialisation, la compétitivité et l’emploi des jeunes et des femmes.
Réalisations de la Banque dans le cadre d’initiatives spéciales
– Zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ) : la Banque a approuvé en 2020, le projet de Zone de transformation agroindustrielle du sud qui vise à créer les conditions favorables à l’investissement privé dans la transformation industrielle des produits agricoles, ainsi que dans la fourniture d’intrants et de services ; et renforcer les capacités des acteurs des filières prioritaires à accroître durablement la productivité agricole. Après le financement à 43,1 millions d’euros de l’agropole sud en Casamance, la Banque s’apprête à soutenir les agropoles au Nord et au Centre.
– Youth Entrepreneurship Investment Banks : l’entreprenariat des jeunes constitue un axe principal dans l’intervention de la Banque au Sénégal pour l’ensemble des secteurs, particulièrement les projets du secteur agricole et social. En effet, des lignes de financements sont mises en œuvre pour l’accompagnement des initiatives entrepreneuriales des jeunes, dans le cadre du Projet d’appui au développement des compétences et de l’entreprenariat des jeunes dans les secteurs porteurs (20 millions de dollars) ; du Projet d’appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes (72 millions de dollars) ; et du Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur (104 millions de dollars).
En outre, la Banque vient de conclure récemment un accord de financement pour la mise en place d’une ligne de crédit avec une banque locale, la BNDE. Enfin, le Programme d’appui à l’accélération industrielle, à la compétitivité et l’emploi, cible les jeunes porteurs de projets, les très petites et moyennes entreprises et les auto-entrepreneurs.
– Promouvoir l’intégration régionale : les travaux de construction du pont transgambien sont achevés. Sa mise en service, en janvier 2019 a permis l’amélioration du passage transfrontalier entre le Sénégal et la Gambie et favorisé le désenclavement de la région de Casamance. La Banque cofinance les travaux de construction du pont de Rosso qui permettra de réduire considérablement la durée du trajet Dakar-Nouakchott. Les travaux d’aménagements connexes à Rosso-Sénégal permettront de désenclaver certains villages et de fournir des périmètres irrigués et l’aménagement de 65 kilomètres de piste. En perspectives, la Banque prépare le Projet d’amélioration des corridors routiers Bissau–Dakar. La mise en service de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIDB) en 2017 a permis l’amélioration de la connectivité régionale et constitue un catalyseur à long terme de l’activité économique intra-africaine.
– Mission 1-200 Facilité de financement pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique : l’ensemble des projets agricoles portent sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers divers financements dont certains sont en cours. En 2019, les projets de la Banque ont permis de produire environ 71 784 tonnes de riz au-delà de l’objectif de 60 000 tonnes (taux de réalisation de 119,6%). Pour les autres céréales, 15 000 tonnes de mil/sorgho et 52 000 tonnes de produits horticoles ont été produits. Le recours à la facilité est prévu dans le cadre de la deuxième phase du Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur.
– Changement climatique et mobilisation de financements pour le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique : le financement de l’adaptation aux changements climatiques est pris en charge par des projets en cours de réalisation à travers, notamment les mesures de conservation des eaux et des sols et de défense et restauration des sols ainsi que l’appui à l’adoption des itinéraires techniques innovants et résilients aux changements climatiques. Des efforts sont en cours pour accéder au cofinancement vert dans le cadre des agropoles et du Programme régional de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel.
Résultats et impacts des investissements de la Banque au Sénégal dans le cadre des « High 5 »
– « Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie » : la Banque appuie le secteur de l’énergie au Sénégal depuis 1976. Huit opérations ont été financées pour un montant total de 140 millions d’euros (92 milliards de FCFA) dont cinq projets publics et trois au profit du secteur privé. Au cours de cette dernière décennie, les interventions de la Banque ont contribué à accroître la capacité nationale de production d’électricité et ont considérablement amélioré le taux d’accès des populations à l’électricité, particulièrement dans les zones rurales. Entre 2016 et 2020, la capacité de production de la Société nationale d’électricité (Senelec) a été multipliée par deux et demi. En fin 2020, le taux d’accès à l’électricité était évalué à 76% au plan national, dont 94% en milieu urbain et 54% dans le monde rural. Actuellement, les deux opérations phares dans le secteur de l’énergie sont le Projet d’électrification rurale, qui a permis de raccorder 254 villages au réseau électrique interconnecté et d’alimenter plus de 12 000 nouveaux ménages ; et le Projet d’amélioration de l’accès à l’électricité, qui permettra à terme de connecter 886 localités rurales et de brancher plus de 100 000 nouveaux clients. Ce projet contribuera à la création de milliers d’emplois temporaires pendant la phase d’exécution et de plus de 250 emplois permanents pendant la phase d’exploitation.
– « Nourrir l’Afrique » : Au moins, 23 opérations ont été engagées depuis la création de la Banque pour un volume total de plus de 780 millions de dollars américains en faveur du secteur agricole. Ces opérations ont fortement contribué à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, au renforcement de la résilience des populations rurales et à assoir une croissance économique forte, inclusive et durable au Sénégal.
S’agissant des opérations structurantes en cours, le Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur, d’un financement d’environ 122 millions d’euros, contribue à asseoir une croissance économique forte, inclusive et durable et à améliorer les conditions de vie des populations rurales à travers l’aménagement de 12 730 hectares. Il permet la promotion des chaînes de valeur riz et maraîchage, l’accompagnement de 5 000 petites et moyennes entreprises (PME) pour les jeunes (hommes et femmes) porteurs d’initiatives économiques, l’appui à 1 680 organisations de producteurs, unions et comités de gestion et l’accompagnement de 16 000 producteurs. En améliorant le potentiel productif, la structuration des chaînes de valeur et la promotion d’un tissu entrepreneurial fort, le programme vise à renforcer les facteurs de réussite des cinq agropoles, projets phares du Plan Sénégal émergent dont la Banque est le partenaire majeur.
La Banque finance également le Projet de zone de transformation agricole Sud (PZTA Agropole-Sud), pour un montant de 43,1 millions d’euros, et le Projet de zone de transformation agricole Centre (PZTA Agropole-Centre), en cours de formulation pour un montant d’environ 60 millions d’euros. La Banque finance par ailleurs, des études pour la réalisation du Projet de zone de transformation agricole Nord (PZTA-Nord) qui vise à créer 41 000 emplois.
Dans ce pays où l’agriculture emploie plus de 80 % de la population active en milieu rural, la Banque contribue au développement d’une agriculture qui génère à la fois des revenus et une croissance stables, résilients et durables. L’institution appuie le Sénégal à travers le Projet de désenclavement des zones de production qui vise à améliorer l’accès aux facteurs de production et un meilleur écoulement des productions de 48 communes agricoles (pour une population de 651 000 habitants). À travers le Programme national de développement local, l’accompagnement de la Banque a permis de construire 2 550 kilomètres de pistes de désenclavement pour 232 communes rurales touchant plus de trois millions d’habitants.
– « Intégrer l’Afrique » : Le total des engagements en cours de la Banque africaine de développement au Sénégal dans le secteur des transports s’élève à environ 363,33 milliards de FCFA. Le portefeuille comprend quatre projets nationaux et deux projets multinationaux. Leur objectif stratégique est de contribuer au renforcement de l’intégration et au désenclavement des régions du Sénégal ; d’améliorer le niveau de service des routes en réduisant les coûts de transport, les points de contrôle et les délais de prise en charge des accidentés de la route. Le projet vise également l’augmentation de la capacité de transformation des produits agricoles et l’amélioration de l’accessibilité et des conditions de vie des populations environnantes.
Le Projet de réhabilitation de la route Sénoba-Ziguinchor-M’pack et de désenclavement de la zone sud du Sénégal, financé à hauteur de 55,75 milliards de FCFA par la Banque, s’inscrit dans la continuité des interventions de l’institution sur ce corridor, pour la réhabilitation de la route Dinguiraye – Nioro – Keur Ayib (inaugurée en février 2018). Les interventions de la Banque ont permis de maintenir en bon et moyen état 82% de routes revêtues et 55 % de routes en terre. La mise en service en 2019 du pont sur le fleuve Gambie a fluidifié les échanges entre le Sénégal et la Gambie. Le projet de réhabilitation de la route nationale 2 et de désenclavement de l’ile à Morphil permet aux populations concernées d’être reliées à la route nationale N°2 et d’assurer la continuité territoriale de cette région avec le reste du pays.
L’autoroute à péage Dakar-Diamniadio a permis de décongestionner la presqu’île du Cap Vert. L’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), en service depuis 2017, est un atout indéniable pour le Sénégal dans son positionnement comme un hub aérien et touristique dans la sous-région. Le Train express régional (TER), entré en exploitation commerciale le 27 décembre dernier permettra de fluidifier le transport urbain dans la région de Dakar. Le Projet de construction du pont de Rosso et ses voies d’accès, financé pour plus de 26,73 milliards de francs CFA par la Banque et d’autres partenaires, permettra une augmentation très sensible du trafic des voyageurs et des marchandises entre le Sénégal et la Mauritanie, le développement des activités de transport le long des corridors transafricains Tanger-Lagos et Alger-Dakar, et entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne
– « Améliorer les conditions de vie des populations en Afrique » : En ce qui concerne le secteur de l’eau et de l’assainissement, la contribution de la Banque s’élève à hauteur de 65 millions d’euros. Cela a permis de financer une partie de la conduite de transport d’eau potable de Keur Momar Sarr à Dakar (KMS.3), sur un linéaire de 20 kilomètres ; la réalisation de trois réservoirs de stockage (châteaux d’eau) d’une capacité de 2 500 m3 ; 92 kilomètres de réseaux de distribution et 70 000 branchements sociaux.
En plus des réalisations physiques sur le terrain, le Projet de renforcement de l’alimentation en eau pour multi-usagers sur l’axe Louga-Thiès-Dakar, à partir de la station de Keur Momar Sarr (KMS.3) a mis en œuvre un programme d’IEC (information, éducation et communication) pour sensibiliser les communautés bénéficiaires et accompagner les populations affectées par le projet. La contribution de la Banque a également intégré la mise en place d’infrastructures socio-économiques pour permettre aux populations de la zone d’intervention du projet de développer des activités génératrices de revenus.
Le Projet d’appui institutionnel à la mobilisation des ressources et à l’attractivité des investissements, dans son volet fiscal, a favorisé une augmentation de 17,1% du PIB, du nombre de contribuables (+3%), et des éléments pour la conformité en vue de l’échange de renseignements à des fins fiscales. Ces réalisations sont relatives à l’amélioration de l’algorithme de sélection des contrôles fiscaux et de la mise en place d’une application de suivi du contrôle fiscal dans quatre centres des impôts pilotes. Elles sont également à la base du renforcement des infrastructures informatiques de la direction générale des impôts et des domaines, permettant ainsi le déploiement effectif de solutions digitales. La contribution de la Banque a permis la mise en place de la plateforme de gestion des finances locales (GFILOC) et de l’observatoire des finances locales (OBFILOC). En dépit de la pandémie de Covid-19, des réalisations majeures ont été faites pour attirer les investissements grâce à l’appui du Bureau opérationnel de suivi (BOS) pour la structuration de projets phares (comme l’industrie pharmaceutique), l’amélioration du fonctionnement des Zones économiques spéciales via l’élaboration de protocoles d’accords avec les administrations, les sociétés concessionnaires et les fournisseurs de services. La Banque a également apporté des financements dans le cadre de l’assistance technique et le renforcement de capacités pour la mise en œuvre de la politique nationale de qualité et l’organisation d’ateliers sur le développement de l’industrie et les partenariats public-privé (PPP).
Le projet de Parc de technologies numériques, financé sur le guichet BAD, vise à bâtir une infrastructure de classe mondiale pour faire du Sénégal une plaque tournante dans le secteur des TIC.
Le Projet d’appui au programme d’urgence de développement communautaire vise, entre autres, la réalisation de 40 forages, 20 édicules publics, 600 bornes fontaines de 20 postes de santé et la construction de 300 kilomètres de pistes rurales.
Les perspectives
Le Groupe de la Banque africaine de développement compte jouer un rôle majeur pour le financement de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent. L’institution a approuvé, le 17 décembre dernier, un financement de 162 millions d’euros pour la mise en œuvre de la phase I du Programme de désenclavement des zones agricoles et minières du Nord du pays. Elle a été également sollicitée par le gouvernement du Sénégal pour participer au financement de la phase 2 du TER entre Diamniadio et l’Aéroport AIBD d’un coût d’environ 60 milliards de FCFA.
La stratégie d’intervention de la Banque pour la période 2022-2025 sera axée sur le renforcement des infrastructures afin de soutenir la compétitivité et l’intégration régionale ; et l’expansion de la croissance économique par la transformation agricole et le développement industriel. La Banque africaine de développement compte mobiliser 787,148 milliards de FCFA de financement pour ce cycle de cinq ans au profit du Sénégal.