Ce 25 mai, l’Afrique célèbre la Journée de l’Union Africaine, un moment censé incarner l’unité, la solidarité et la fraternité entre les peuples du continent. Mais au-delà des discours officiels et des cérémonies institutionnelles, une question brûle les lèvres de milliers d’Africains : de quelle union parlons-nous réellement ?
Alors que l’on célèbre l’intégration continentale et la libre circulation des personnes, la réalité sur le terrain vient cruellement contredire ces idéaux. L’affaire de l’Autorisation d’Entrée au Maroc (AEVM) en est une illustration saisissante. Pour de nombreux Africains, en particulier les ressortissants guinéens, cette autorisation est devenue un véritable parcours du combattant : une procédure opaque, lente, humiliant parfois jusqu’à l’absurde.
Comment expliquer qu’entre deux pays liés par une longue tradition de coopération, il faille désormais passer par des obstacles bureaucratiques dignes d’un mur invisible ? À force de multiplier les restrictions, ne sommes-nous pas en train d’ériger des frontières psychologiques là où il ne devrait y avoir que des ponts ?
Nous ne sommes pas tous des candidats à l’immigration clandestine. Nous ne sommes pas tous en fuite, ni en quête d’un bonheur fantasmé ailleurs. Nous sommes des étudiants, des entrepreneurs, des chercheurs, des artistes — des Africains aspirant simplement à circuler, à coopérer, à construire ensemble. Alors pourquoi sommes-nous traités comme des indésirables sur une terre que nos pères ont rêvé unie et solidaire ?
Où est passée la vision d’Ahmed Sékou Touré et de Hassan II ? Ces deux leaders ont incarné, chacun à leur manière, un panafricanisme d’action, une Afrique souveraine, ouverte à elle-même. Ils ont semé un rêve : celui d’une Afrique sans barrières internes, sans suspicion entre ses fils.
Aujourd’hui, cet héritage est en danger.
Aujourd’hui, les liens entre le peuple guinéen et le peuple marocain, naguère fraternels, se fragilisent.
Non pas à cause des peuples eux-mêmes, mais à cause de politiques restrictives, de barrières invisibles, et d’une méfiance institutionnalisée.
Instaurer des demandes d’autorisation entre deux nations africaines, c’est nourrir la défiance au lieu de la confiance.
C’est cultiver la peur au lieu de la fraternité.
C’est transformer des alliés naturels en étrangers méfiants.
Et surtout, c’est piétiner l’idée même d’une Afrique unie.
Il est temps d’agir.
Il est temps de faire la différence entre ceux qui cherchent à fuir et ceux qui souhaitent bâtir.
Refuser la libre circulation à ceux qui veulent apprendre, investir, échanger, c’est trahir l’idéal panafricain.
C’est hypothéquer l’avenir d’un continent qui a plus que jamais besoin d’unité.
Nous, citoyens africains, n’acceptons plus de voir nos enfants risquer leur vie faute d’espoir.
Nous n’acceptons plus que nos pays se tournent le dos pendant que d’autres puissances profitent de notre division.
Nous n’acceptons plus de rester passifs pendant que l’Afrique se referme sur elle-même.
Aux dirigeants du Maroc, de la Guinée, et à ceux de tout le continent :
Nous vous appelons à retrouver la voie de la fraternité.
À repenser vos politiques migratoires, non sous la pression extérieure, mais dans la fidélité à l’esprit de ceux qui ont rêvé d’une Afrique des peuples.
À faire vivre l’Union Africaine non comme une institution figée, mais comme une réalité tangible.
Car si nous échouons à nous unir entre nous, nous resterons divisés face au monde.
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