Le monde doit renforcer la riposte de l’OMS et convenir d’un traité sur les pandémies

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Yun Liu
Le personnel de l’unité de soins intensifs s’efforce de sauver les patients du COVID à Wuhan, en Chine, en avril 2020.

La communauté internationale doit renforcer la préparation et la riposte de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aux urgences sanitaires et conclure un traité sur les pandémies, ont indiqué lundi les anciennes coprésidentes du Groupe indépendant d’experts sur la préparation et la réponse aux pandémies.

Selon l’ancienne Présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et l’ancienne Première ministre néo-zélandaise, Helen Clark, le programme de réforme de la lutte contre la pandémie de Covid-19 progresse, mais pas assez rapidement ni de manière assez cohérente.

Dans son rapport semestriel, les expertes du Groupe évaluent les domaines liés au leadership et à la gouvernance, au financement, mais aussi à un nouvel instrument juridique et à une OMS plus forte.

Les coprésidentes du panel ont réitéré leur appel à des réformes urgentes qui doivent inclure un nouveau financement d’au moins 10 milliards de dollars par an pour la préparation à la pandémie, ainsi que des négociations sur un traité mondial sur la pandémie.

Un agent de santé s'occupe de patients dans une salle de banquet, temporairement convertie en service d'urgence contre la Covid-19 à New Delhi, en Inde.
UNICEF/Amarjeet Singh
Un agent de santé s’occupe de patients dans une salle de banquet, temporairement convertie en service d’urgence contre la Covid-19 à New Delhi, en Inde.

Renforcer l’autorité et l’indépendance de l’OMS est essentiel

Pour le Groupe, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU doit être renforcée par une plus grande capacité d’enquête sur les pandémies grâce à un nouveau traité.

« Le renforcement de l’autorité et de l’indépendance de l’OMS et l’élaboration de nouveaux instruments juridiques sont essentiels à l’ensemble des réformes requises », a fait valoir le panel.

Ce traité devrait viser à renforcer la préparation, l’obligation pour les pays d’alerter l’OMS en cas d’épidémie et de permettre des enquêtes rapides, ainsi qu’un accès équitable aux vaccins et aux médicaments.

« Pour que l’OMS puisse répondre à tout son potentiel face aux menaces de pandémie, les contraintes qui pèsent sur elle doivent être levées, notamment par un financement adéquat et flexible », ajoute le rapport, insistant sur « le besoin d’un financement plus important et d’une plus grande capacité à enquêter sur les pandémies potentielles et à les signaler plus rapidement et de manière indépendante ».

Travailler avec détermination pour un nouveau Conseil des menaces sanitaires mondiales

« Nous sommes encouragés par le fait qu’il y a un certain mouvement pour combler les lacunes majeures exposées dans la préparation et la réponse à une pandémie mondiale. Des conversations ont lieu dans de nombreux endroits appropriés », a déclaré dans un communiqué Helen Clark.

« Le monde a maintenant besoin que ces discussions se rejoignent – en particulier à l’Assemblée générale des Nations Unies, où les chefs d’État et de gouvernement peuvent déclarer leurs engagements et une voie vers un monde plus sûr, y compris vers un nouveau Conseil des menaces sanitaires mondiales pour fournir un leadership et une responsabilité bien nécessaires ».

Le Panel met toutefois en garde contre le risque de discussions prolongées à l’Assemblée mondiale de la santé et aux Nations Unies alors que le besoin de réformes est urgent.

Le Groupe demande donc aux États membres de travailler avec détermination pour obtenir des résultats concrets qui protégeront les populations.

Un patient atteint de la Covid-19 est traité pendant la pandémie à l'hôpital Mario Muñoz Monroy, à Matanzas, à Cuba.
Proyecto Naturaleza Secreta
Un patient atteint de la Covid-19 est traité pendant la pandémie à l’hôpital Mario Muñoz Monroy, à Matanzas, à Cuba.

Une assemblée extraordinaire le 29 novembre pour négocier un traité

Alors que la pandémie continue de provoquer des maladies, des décès et des pertes économiques, elles estiment que les chefs d’État et de gouvernement doivent s’unir pour progresser plus rapidement pour bien mener la réforme de la préparation et de la réponse aux pandémies.

« Nous demandons instamment aux États membres de passer moins de temps à débattre des virgules dans les comités », a dit Mme Clark.

A noter que les ministres de la Santé des 194 États membres de l’OMS ouvrent le 29 novembre prochain une assemblée extraordinaire de trois jours pour se pencher sur la négociation de nouveaux instruments juridiques visant à prévenir de futures pandémies.

Selon les médias, il s’agirait seulement du deuxième traité mondial sur la santé publique, après l’accord de 2003 sur la lutte contre le tabagisme.

En mai dernier, le groupe d’experts a évalué la manière dont l’OMS et les pays membres ont géré la pandémie et a déclaré qu’un nouveau système de réponse mondial devrait être mis en place pour garantir qu’aucun virus futur ne puisse provoquer une pandémie aussi dévastatrice que la Covid-19.

« Des progrès ont été réalisés, mais ils ne sont pas assez rapides ni assez cohérents pour mettre fin à cette pandémie dans le monde entier à court terme, ou pour en prévenir une autre », a estimé le Groupe dans son dernier rapport.

Une femme âgée reçoit une dose de vaccin contre la Covid-19 à un hôpital à Katmandou, au Népal.
© WHO/Blink Media/Uma Bista
Une femme âgée reçoit une dose de vaccin contre la Covid-19 à un hôpital à Katmandou, au Népal.

Les doses de rappel dans les pays riches provoquent un profond questionnement « moral »

Selon le Groupe, l’inégalité vaccinale, qui n’a guère changé depuis mai 2021, reste une préoccupation urgente.

Les efforts déployés pour mettre fin à la pandémie de Covid-19 ont été inégaux et fragmentés, marqués par un accès limité aux vaccins dans les pays en développement, tandis que dans les pays riches, c’est la campagne des doses de rappel.

Plus de 7,3 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde dont la majorité dans les pays riches, selon le décompte de l’OMS établi au 18 novembre 2021.

« Notre groupe a calculé qu’il y avait au moins un milliard de doses disponibles à redistribuer aux pays à faible revenu au 1er septembre de cette année », a déclaré Ellen Johnson Sirleaf.

« Pourtant, alors que les pays riches ont fait des promesses publiques, seule une fraction des doses redistribuées a été effectivement livrée. L’idée qu’un agent de santé pauvre ne soit pas protégé alors que les personnes riches et en bonne santé reçoivent des doses de rappel devrait susciter un profond questionnement moral. Il n’y a qu’une seule solution : l’équité vaccinale », a-t-elle ajouté.

Plus de 256 millions de cas dont plus de 5 millions de morts

Selon le Panel, la santé mondiale ne peut être laissée en otage à une industrie pharmaceutique qui achète des brevets et les développe dans le but de faire des profits.

Le rapport prévient également que les promesses de vaccins peuvent être compromises par une livraison incohérente et le rejet de vaccins presque périmés, ce qui crée « une occasion perdue de protéger les gens ».

S’agissant du financement, le rapport note une convergence croissante sur la nécessité de trouver de nouveaux financements pour la préparation aux pandémies d’au moins 10 milliards de dollars par an.

Cependant, souligne le Groupe, « une gouvernance sans financement n’a pas de mordant et le financement sans gouvernance n’a pas de responsabilité ».

Plus de 256,6 millions de personnes ont été infectées par le coronavirus SRAS-CoV2 dont 5.148.221 décès, selon un décompte établi lundi par l’OMS.

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Si vous ne pouvez pas lire ce message cliquez ici Le contenu APO peut être reproduit sans autorisation. Also available in English Human Rights Watch (HRW) COMMUNIQUE DE PRESSE Guinée : Avancées significatives au procès du massacre de 2009 14 ans après le massacre du stade, plus de 50 victimes ont enfin été entendues, mais le soutien international reste nécessaire NEW YORK, États-Unis d’Amérique, 25 septembre 2023/ — Au cours de l’année écoulée, plus de 50 victimes du massacre brutal du stade de Guinée en 2009 ont été entendues par des juges en présence de 11 accusés, dont l’ancien président guinéen ; Ce procès est un exemple rare de mise en œuvre de l’obligation de rendre des comptes au niveau national pour des suspects de haut niveau, et devrait inspirer d’autres efforts similaires en matière de justice ; Les partenaires internationaux peuvent contribuer à garantir l’équité et l’efficacité de ce procès, notamment en fournissant des ressources adéquates, en assurant un suivi et en apportant leur soutien aux procédures. Le procès historique, devant un tribunal guinéen, du massacre brutal de manifestants pacifiques en 2009 dans la capitale du pays progresse de manière significative, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui à l’occasion de la publication d’un document de questions-réponses sur ces événements. Le 28 septembre 2023 marque le premier anniversaire de l’ouverture de ce procès et le quatorzième anniversaire de l’attaque des forces de sécurité, au cours de laquelle plus de 150 personnes ont trouvé la mort et de nombreuses femmes ont été violées. Le procès, qui a fait l’objet d’une suspension judiciaire en août et en septembre, doit reprendre le 3 octobre. « Au cours de l’année écoulée, plus de 50 victimes de l’horrible massacre du stade de Guinée et chacun des 11 accusés, y compris l’ancien président et des ministres guinéens, ont été entendus lors du procès », a déclaré Elise Keppler, Directrice adjointe du programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Le procès est un effort de justice historique pour les victimes et pour le pays, et devrait contribuer à inspirer d’autres efforts de mise en œuvre de l’obligation de rendre des comptes au niveau national ailleurs dans le monde. » Le document de questions-réponses détaille les points suivants : L’identité des 11 accusés et leurs droits pendant le procès. L’état d’avancement de la procédure et les prochaines étapes de celle-ci. Le rôle des victimes dans le procès. La diffusion et la couverture médiatique des débats. Les défis à relever en matière de ressources et de sécurité. La manière dont les entités internationales peuvent contribuer à promouvoir le déroulement équitable et efficace du procès. Le contexte politique actuel en Guinée. Ce procès est le premier de ce type s’agissant de violations des droits humains de cette ampleur en Guinée et un rare exemple à l’heure actuelle de mise en œuvre de l’obligation de rendre des comptes au niveau national pour des atrocités impliquant des suspects de haut niveau, a déclaré Human Rights Watch. Le procès a focalisé l’attention de toute la nation, notamment en raison de la diffusion des débats en direct. « Ce procès doit continuer à être encouragé, suivi de près et soutenu par les acteurs de la scène internationale, notamment la Cour pénale internationale, les Nations Unies et les donateurs », a déclaré Elise Keppler. « Les victimes et leurs familles font campagne depuis longtemps pour la tenue d’un tel procès, et méritent que les responsables du massacre rendent compte de leurs actes ». Distribué par APO Group pour Human Rights Watch (HRW). SOURCE Human Rights Watch (HRW)

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