L’obtention de visas pour les Guinéens souhaitant se rendre en Europe, en particulier en France et dans l’espace Schengen, est un parcours semé d’embûches. La non-professionnalisation du service CAPAGO, responsable de la collecte des demandes de visa, a rendu ce processus encore plus compliqué et frustrant. De nombreuses personnes, bien que voyageant fréquemment et ayant des dossiers complets et conformes, se voient systématiquement refuser leur visa. Cette situation soulève des questions sur le principe de réciprocité dans l’octroi des visas, et appelle à une réflexion urgente et à des actions concrètes de la part des autorités guinéennes et européennes.
Les Dysfonctionnements du Service CAPAGO
Le service CAPAGO, en charge de la réception des demandes de visa pour les pays de l’espace Schengen, est au cœur des critiques. De nombreux demandeurs, malgré des dossiers impeccables, se voient opposer un refus de visa sans justification valable. Ces refus systématiques semblent souvent être le fait de CAPAGO plutôt que des consulats eux-mêmes, créant une confusion et un sentiment d’injustice parmi les demandeurs.
En 2022, sur plus de 6000 demandes de visa, moins d’une centaine ont été acceptées. Ce taux de refus élevé est particulièrement préoccupant, car la majorité des demandeurs ne représentent pas une menace potentielle pour l’immigration illégale. Il apparaît clairement que les critères de sélection et le traitement des dossiers manquent de transparence et d’équité.
L’Aspect Économique du Refus de Visas
Le refus de visas a également un impact économique considérable sur les demandeurs. Chaque demandeur doit fournir une attestation bancaire montrant un solde d’au moins 500 000 GNF pour ceux ayant des comptes dans des banques primaires. Ceux qui n’ont pas cette possibilité doivent payer entre 2 000 000 et 3 000 000 GNF pour obtenir ce document. À cela s’ajoute le coût de l’assurance voyage, variant entre 200 000 et 350 000 GNF, les frais de rendez-vous payés à la Société Générale, s’élevant à plus de 80 000 GNF, et enfin, les frais de visa non remboursables.
Ces dépenses représentent une charge financière importante pour les demandeurs, aggravée par le stress et l’incertitude liés à la procédure de demande de visa. Les refus répétés sans raison apparente ne font qu’accentuer ce fardeau économique et émotionnel.
Face à cette situation, il est impératif que les ministères des Affaires Étrangères de Guinée et des pays de l’espace Schengen interviennent pour améliorer le traitement des demandes de visa. Une évaluation transparente et équitable des dossiers doit être assurée, et les demandeurs doivent recevoir des explications claires en cas de refus. Il est également essentiel que le principe de réciprocité soit respecté, garantissant que les Guinéens bénéficient des mêmes facilités que les ressortissants européens lorsqu’ils demandent un visa pour la Guinée.
Il serait également judicieux que la Guinée et les pays accrédités procèdent à un audit des visas obtenus et non obtenus. Un audit digne de ce nom permettrait de vérifier les pratiques actuelles et d’identifier les lacunes et les abus dans le système de délivrance des visas. Cela garantirait une plus grande transparence et une meilleure compréhension des raisons des refus de visa, tout en permettant de proposer des améliorations concrètes.
Le processus d’octroi des visas aux Guinéens pour se rendre en Europe nécessite une réforme urgente. Les dysfonctionnements du service CAPAGO et le manque de transparence dans le traitement des demandes de visa créent une situation injuste et économiquement pénalisante pour les demandeurs. Les ministères des Affaires Étrangères doivent se pencher sur cette question pour assurer un traitement équitable et transparent des demandes de visa, en respectant le principe de réciprocité et en facilitant les échanges entre la Guinée et le reste du monde. Un audit approfondi des visas obtenus et non obtenus serait également une étape cruciale pour améliorer le système actuel. Ensemble, nous pouvons travailler à un avenir où les voyages et les échanges internationaux sont plus justes et accessibles pour tous.
Ibrahima NDIAYE
journaliste d’investigation et analyste
des questions de Mines- Environement
Tel: 664239990