Sous l’effet de l’augmentation constante des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée, les huit dernières années sont en passe de devenir les huit années les plus chaudes jamais enregistrées, selon un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié dimanche alors que débute la Conférence des Nations Unies sur le climat, la COP27, à Charm El-Cheikh, en Egypte.
Selon ce rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2022, des vagues de chaleur extrême, des sécheresses et des inondations dévastatrices ont touché des millions de personnes et coûté des milliards de dollars cette année.
Les manifestations et les répercussions du changement climatique sont de plus en plus spectaculaires. Le niveau de la mer s’élève à un rythme qui a doublé depuis 1993. Il a augmenté de près de 10 mm depuis janvier 2020 et battu un nouveau record cette année. Ainsi, la hausse de ces deux dernières années et demie représente à elle seule 10% de l’augmentation globale du niveau de la mer observée depuis le début des mesures par satellite, il y a près de 30 ans.
Une fonte record des glaciers
Les glaciers des Alpes ont particulièrement souffert en 2022, les premières indications faisant état d’une fonte record. L’inlandsis groenlandais a perdu de la masse pour la vingt-sixième année consécutive et il y a plu (plutôt que neigé) pour la première fois en septembre.
On estime actuellement qu’en 2022 la température moyenne mondiale dépasse d’environ 1,15 [1,02 à 1,28] °C la moyenne préindustrielle (période 1850-1900). En raison du refroidissement causé par un rare « triplé La Niña » (s’étendant sur trois années consécutives), l’année 2022 ne sera probablement « que » la cinquième ou sixième année la plus chaude enregistrée. Toutefois, cette situation n’indique pas que la tendance à long terme s’inverse. Ce n’est qu’une question de temps avant que se présente une nouvelle année record.
En effet, le réchauffement se poursuit. On estime que la moyenne décennale de la période 2013-2022 est supérieure de 1,14 [1,02 à 1,27] °C au niveau de la période préindustrielle de référence (1850-1900). À titre de comparaison, dans son sixième Rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévu une augmentation de 1,09 °C entre 2011 et 2020.
Le contenu thermique de l’océan a aussi atteint des niveaux record en 2021 (dernière année évaluée) alors que le taux de réchauffement est particulièrement élevé ces vingt dernières années.
Déjà trop tard
« Plus le réchauffement est important, plus les impacts sont graves. Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sont si élevées que le seuil de 1,5 °C fixé dans l’Accord de Paris est à peine à notre portée », a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
« Il est déjà trop tard pour de nombreux glaciers et la fonte va se poursuivre pendant des centaines, voire des milliers d’années, avec de lourdes conséquences pour la sécurité hydrique. Le niveau de la mer s’élève à un rythme qui a doublé en 30 ans. Bien que nous mesurions encore cette élévation en millimètres par an, elle représente un demi-mètre à un mètre par siècle, ce qui constitue une menace majeure et durable pour les pays de faible altitude et les millions de personnes vivant sur les côtes », a-t-il poursuivi.
« Trop souvent, ce sont ceux qui contribuent le moins au changement climatique qui en souffrent le plus, comme nous l’avons vu avec les terribles inondations au Pakistan et la sécheresse meurtrière qui sévit depuis longtemps dans la corne de l’Afrique. Toutefois, cette année, même les sociétés bien préparées ont été ravagées par les extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les sécheresses prolongées dont ont pâti une grande partie de l’Europe et le sud de la Chine », a indiqué M. Taalas. « Du fait de l’intensification des conditions météorologiques extrêmes, il est plus important que jamais de veiller à ce que chaque habitant de notre planète ait accès à des alertes précoces susceptibles de sauver des vies ».
Un changement qui se produit à une vitesse catastrophique
Dans un message publié dimanche, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, note que le nouveau rapport de l’OMM montre clairement que « le changement se produit à une vitesse catastrophique ».
« Les personnes et les communautés du monde entier doivent être protégées contre les risques immédiats et toujours croissants de l’urgence climatique. C’est pourquoi nous insistons tant pour des systèmes universels d’alerte précoce d’ici cinq ans », déclare-t-il. « Nous devons répondre au signal de détresse de la planète par une action climatique ambitieuse et crédible. La COP27 doit être le lieu – et maintenant doit être le moment ».
Selon l’OMM, le chef de l’ONU doit dévoiler à la COP 27 un plan d’action visant à mettre en place des alertes précoces pour tous dans les cinq prochaines années. Actuellement, la moitié des pays du monde en sont dépourvus.
Le rapport de l’OMM sur l’état du climat mondial est publié chaque année et fait autorité dans ce domaine. Il se fonde sur des indicateurs climatiques clés et rend compte des phénomènes extrêmes et de leurs impacts. Les données sur la température figurant dans le rapport provisoire 2022 concernent la période jusqu’à la fin du mois de septembre. La version finale sera publiée en avril prochain