Malgré la poursuite des violences dans certaines régions de Colombie, le Représentant spécial de l’ONU dans ce pays a salué, mercredi lors d’une réunion du Conseil de sécurité, les avancées du gouvernement dans la mise en place d’une réforme rurale et d’un accord final avec les groupes armés illégaux pour parvenir à la paix.
Le Conseil de sécurité a débuté sa réunion du 11 janvier par le vote à l’unanimité d’une résolution qui renouvelle le mandat de la mission de vérification des Nations Unies en Colombie jusqu’au 31 octobre 2023 et élargit son contrôle au chapitre ethnique et à la réforme rurale intégrale inscrite dans l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable.
Cette décision a été prise avec l’accord conjoint du gouvernement colombien et des anciens rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée de libération populaire (FARC-EP), qui selon le Représentant spécial de l’ONU en Colombie, Carlos Ruiz Massieu, « permettra à la Mission d’accroître sa contribution à la paix ».
En dépit de la tentative d’attentat à la bombe perpétrée la veille contre la Vice-présidente colombienne Francia Marquez, Carlos Ruiz Massieu a noté que le dernier rapport du Secrétaire général sur ce pays « témoigne du potentiel que revêt l’année à venir pour la consolidation de la paix en Colombie » et « qu’avec l’engagement des parties, 2023 peut apporter des progrès décisifs pour offrir aux communautés des régions touchées les opportunités de sécurité et de développement dont elles ont tant besoin ».
Remédier aux profondes inégalités dans le pays
Signe de cet engagement, le Représentant spécial a évoqué le déplacement du Président Petro et de la Vice-présidente Marquez dans le Choco, l’une des régions les plus négligées du pays, pour y signer symboliquement la loi créant le nouveau ministère de l’Egalité, une institution qui cherche « à remédier aux profondes inégalités qui touchent en particulier les femmes, les peuples autochtones et afro-colombiens et peut contribuer à faire progresser les objectifs de l’accord de paix en aidant à combler les disparités au sein de la société colombienne ».
Entre autres avancées mentionnées dans le rapport de l’ONU, Carlos Ruiz Massieu a souligné des mesures prises par le gouvernement présentant le plus grand potentiel de transformation pour l’Accord final et la réforme rurale globale, telles que l’accord sur l’achat de terres, l’augmentation des budgets pour l’agriculture et le recueil de témoignages et propositions des communautés paysannes, clé de la consolidation de la paix.
Il a par ailleurs déclaré que cette année est également essentielle pour faire avancer la législation en suspens visant à mettre en œuvre l’Accord de paix en misant sur le rôle fondamental des représentants des victimes au Congrès, ainsi que des membres des partis politiques de tous bords.
La réintégration sociale des ex-combattants est vitale pour la paix
Le Représentant spécial a aussi souligné que le succès du processus de réintégration envisagé par le gouvernement et les ex-FARC-EP dans l’Accord final est un élément essentiel de l’édification d’une paix stable et durable, et s’est félicité de la prolongation pour six mois du revenu de base qui garantit l’accès de milliers d’ex-combattants à un revenu mensuel, rappelant « qu’il demeure essentiel d’obtenir les ressources nécessaires pour soutenir les milliers d’ex-combattants, hommes et femmes, qui restent déterminés à assurer leur transition vers la vie civile malgré les énormes défis et menaces ».
Il a toutefois jugé préoccupante que, plus de six ans après la signature de l’Accord, les groupes armés illégaux poursuivent leurs violences contre les communautés autochtones ou afro-colombiennes, les dirigeants sociaux et les anciens membres des FARC-EP, et appelé à une mise en œuvre coordonnée des dispositions de l’Accord final sur les garanties de sécurité.
Carlos Ruiz Massieu a jugé encourageants les progrès du Système global vérité, justice, réparation et non-répétition, l’un des axes fondamentaux de l’Accord et l’un de ses aspects novateurs, et souligné que la Juridiction spéciale pour la paix pourrait prononcer cette année les premières sanctions, assurant que la paix et la justice peuvent se renforcer mutuellement dans un processus de dialogue impliquant les victimes et les témoins.
Un dialogue bénéficiant de l’appui de la population
Autres avancées : en décembre le gouvernement et les rebelles de l’Armée de libération nationale (ELN) ont conclu la première série de dialogues de paix au Venezuela dans un environnement constructif et prévoient d’organiser un nouveau cycle au Mexique dans les semaines à venir, avec le soutien de la société colombienne et des communautés touchées dans diverses régions.
De plus, le Représentant spécial a souligné l’espoir que suscite le cessez-le-feu de six mois avec plusieurs groupes armés illégaux. « Ces mesures de désescalade peuvent contribuer à réduire considérablement la violence et les souffrances des communautés touchées par le conflit tout en renforçant la confiance dans les processus de dialogue naissants », a-t-il déclaré.
Ajoutant que le succès durable de l’accord de paix colombien dépend de la capacité des autorités colombiennes à faire face à la violence persistante, le Représentant spécial a salué « les efforts admirables du gouvernement colombien pour maintenir un dialogue différencié avec les groupes armés illégaux », qui, s’ils aboutissent, apporteraient les conditions nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de paix final et à une paix durable.