Le Conseil de sécurité a discuté jeudi de l’effet des politiques de développement sur la mise en œuvre de l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », l’occasion de mettre en avant l’expérience du Mozambique, dont le chef d’État présidait la séance du Conseil.
« Nous, les Africains, voulons la paix sur notre continent », a déclaré le Président Filipe Jacinto Nyusi du Mozambique, en invitant les dirigeants africains à croire qu’il est possible d’avoir un continent où les armes sont silencieuses.
L’initiative « Faire taire les armes » nécessite une vision à long terme du développement du pays, qui implique la promotion de la justice sociale d’une manière durable et inclusive, a plaidé M. Nyusi, dont le pays occupe la Présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de mars.
Des politiques inclusives, transparentes, équitables et efficaces
La Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique, Cristina Duarte, a également souligné que les politiques de développement jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits, à condition qu’elles soient inclusives, transparentes, équitables et efficaces.
Selon elle, afin de réduire la menace des acteurs non étatiques prenant le contrôle du Sahel et de la Corne de l’Afrique, il faut que les solutions militaires soient complétées par des politiques de développement actives. Celles-ci doivent contribuer à assurer une fourniture efficace des services publics sur l’ensemble du territoire.
L’exemple du Mozambique
Le Président du Mozambique a parlé de son pays qui a par exemple misé sur une réintégration durable des bénéficiaires du programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Même s’ils n’ont pas cotisé, des pensions leur sont versées parce qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de travailler.
Le Mozambique, dont « le cheminement vers la paix et la démocratisation a été tortueux », a mené un processus de paix qui est « un exemple de mise en œuvre intelligente et efficace des politiques de développement à l’appui d’un objectif de paix et de sécurité », a estimé Cristina Duarte.
Elle a souligné que cette efficacité est liée à la double approche de l’Accord de paix et de réconciliation de Maputo, qui combine la démilitarisation et la réintégration avec la décentralisation et le transfert des responsabilités.
Revenant sur les conditions qui ont permis cette évolution, l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Mozambique, Mirko Manzoni, a partagé son expérience précédente de médiateur, en 2016, en tant qu’Ambassadeur de Suisse à Maputo.
Il a présenté quatre éléments qui ont conduit au succès de la mise en œuvre de l’accord de paix signé avec la Résistance nationale mozambicaine (RENAMO) : l’appropriation nationale ; la promotion de la confiance entre les parties ; la flexibilité du processus de paix ; et l’approche centrée sur l’humain.
Mobiliser des ressources
Mohamed Ibn Chambas, Haut-Représentant de l’Union africaine pour l’initiative « Faire taire les armes », a lui aussi exhorté l’Afrique à miser sur une transformation dont le cœur serait le développement du capital humain, avec la mobilisation des ressources correspondantes.
Il a demandé en particulier de s’atteler à la lutte contre les flux financiers illicites, qui privent le continent d’environ 900 milliards de dollars par an, avant de solliciter les organisations sous-régionales, les gouvernements, ainsi que la société civile, pour qu’ils s’approprient l’initiative « Faire taire les armes ».
Le Président Nyusi a également insisté sur la nécessaire « appropriation nationale », qui permet d’agir le plus efficacement possible dans l’axe humanitaire-développement-paix. Cela implique la participation pleine, égale et significative des femmes, a-t-il précisé, comme c’est le cas au Mozambique où les femmes ont pu prendre part au processus de paix