De nouveaux mandats d’arrêt demandent justice pour les victimes en Libye, selon le Procureur de la CPI

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Le Procureur de la CPI, Karim Khan, lors d’une visite du site de Tarhunah, en Libye, où des charniers ont été identifiés.

De nouvelles technologies et stratégies aident à rendre justice aux victimes de graves violations des droits humains en Libye, y compris de nouveaux mandats d’arrêt, mais « nous pouvons faire mieux », a déclaré jeudi le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) devant le Conseil de sécurité.

À ce jour, quatre mandats ont été délivrés et deux autres sont en cours de procédure, a déclaré Karim Khan, soulignant cette étape clé comme la reconnaissance des droits des victimes à la justice.

« Si les renvois de ce Conseil doivent être justifiés, cela oblige tout le monde à intervenir », a-t-il déclaré. « Les partenariats sont la clé de la justice ».

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renvoyé l’affaire devant la CPI en 2011, invoquant des violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme et exprimant sa profonde préoccupation face à la mort de civils.

Karim Khan, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), informe les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de la situation en Libye.
UN Photo/Eskinder Debebe
Karim Khan, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), informe les membres du Conseil de sécurité de l’ONU de la situation en Libye.

Des progrès tangibles

Depuis lors, la CPI a avancé sur la voie de la justice, a dit M. Khan, faisant le point sur ses activités au cours des six derniers mois. Les « progrès tangibles » vont des contacts avec les autorités libyennes à la collecte de plus de 500 éléments de preuve, y compris du matériel vidéo et audio, des informations médico-légales et des images satellite.

L’équipe de la CPI en Libye a également renforcé son travail auprès des victimes et des organisations de la société civile, a-t-il déclaré.

Bon nombre des gains réalisés résultent des efforts innovants que son bureau exploite, a-t-il déclaré, soulignant son utilisation de technologies de pointe et d’un nouveau système de gestion des preuves qui utilise l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique pour accélérer les activités d’enquête et d’analyse.

« La technologie n’est pas un ‘feu de paille’ », a-t-il déclaré. « La technologie accélère le rythme pour rendre justice ».

Etapes importantes

Son bureau travaille avec le bureau du procureur général, le procureur militaire et le ministre de la Justice du gouvernement libyen internationalement reconnu, pour identifier les moyens par lesquels la CPI peut soutenir et promouvoir davantage l’action en Libye dans la poursuite de la reddition des comptes.

Dans les semaines à venir, il a déclaré que son équipe assurerait la liaison avec les autorités libyennes en ce qui concerne notamment l’établissement potentiel d’un bureau extérieur à Tripoli.

« L’espoir doit être que les autorités libyennes soutiennent de plus en plus le principe de justice dans leur pays », a-t-il souligné, promettant les efforts de son Bureau pour faire progresser la reddition des comptes.

Droits des survivants

Au cœur du problème se trouvent les victimes et les survivants, a dit le Procureur de la CPI. Rappelant une visite en Libye, il a déclaré que ses rencontres avec des survivants de la violence résument la raison pour laquelle le Conseil de sécurité a renvoyé l’affaire devant la CPI.

À Tarhunah, une ville où des charniers ont été découverts, il a indiqué que les victimes lui avaient décrit la cruauté calculée et la tragédie derrière les événements qui s’y sont déroulés. Un homme a perdu 15 membres de sa famille, a-t-il dit.

Citant les mots d’une femme qui a raconté son histoire de perte d’êtres chers, il a déclaré qu’elle lui avait dit : « L’ONU parle bien, mais nos vies ne comptent pas pour vous ».

« Si nous sentons que nous pouvons améliorer les choses, être plus imaginatifs et construire des partenariats ensemble, je pense que ce renvoi, qui a connu de tels progrès au cours des six derniers mois, peut aller plus loin », a affirmé M. Khan. « Plus important encore, nous pouvons regarder les victimes, comme les victimes que j’ai vues à Tarhunah, et ne pas avoir honte, mais sentir enfin que nous faisons de notre mieux pour respecter leur droit à la justice et à la reddition des comptes ».

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