Environ la moitié de la population mondiale est aujourd’hui exposée au risque de dengue, avec une estimation de 100 à 400 millions d’infections par an, a indiqué vendredi l’agence sanitaire mondiale de l’ONU
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’incidence de la dengue a progressé de manière spectaculaire dans le monde entier au cours des dernières décennies, en particulier dans les Amériques, où 2,8 millions de cas et 1280 décès ont été signalés l’année dernière. Cette tendance à la hausse se poursuit en 2023, avec déjà près de 3 millions de cas signalés dont plus de 1300 décès.
Dans cette région, plus de 3900 (0,13%) ont été classés comme dengue sévère. Le plus grand nombre de cas de dengue a été observé au Brésil, avec 2.376.522 cas, suivi du Pérou avec 188.326 cas, et de la Bolivie avec 133.779 cas.
La propagation des cas vers le sud est de plus en plus préoccupante. Le Pérou a d’ailleurs déclaré l’état d’urgence en raison de la pire épidémie de dengue jamais enregistrée dans le pays.
Le moustique Aedes présent dans plus de 24 pays européens
« Le nombre de cas notifiés au Pérou jusqu’à présent cette année représente plus du double de celui signalé à la même période l’an dernier et ces chiffres sont plus de quatre fois supérieurs à la moyenne enregistrée ces cinq dernières années », avait affirmé mercredi Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’OMS, lors de sa conférence de presse hebdomadaire.
Au Moyen-Orient, un grand nombre de cas ont été signalés au Soudan (8239 cas et 45 décès) depuis juillet 2022. Selon l’OMS, des cas de dengue ont été signalés en Égypte ces dernières semaines.
« Il est relativement tôt pour obtenir des rapports en provenance d’Asie, mais les tendances sont inquiétantes : l’Asie représente généralement environ 70 % de la charge de morbidité mondiale », a pour sa part déclaré lors d’une conférence de presse de l’ONU à Genève, le Dr Raman Velayudhan, Chef du Programme mondial sur les maladies tropicales négligées, coordonnant l’initiative sur la dengue et les arbovirus.
En Europe, le moustique Aedes est présent dans plus de 24 pays et des cas de dengue et de chikungunya sont régulièrement signalés depuis 2010.
La maladie est plus fréquente dans les climats tropicaux et subtropicaux. La plupart des personnes qui contractent la dengue ne présentent pas de symptômes. Mais pour celles qui en ont, les symptômes les plus courants sont une forte fièvre, des maux de tête, des courbatures, des nausées et des éruptions cutanées.
La très forte probabilité d’El Niño et les risques de hausse de transmission de la dengue
Les personnes qui souffrent de la dengue pour la deuxième fois sont plus susceptibles de développer des symptômes de dengue sévère.
Mais son incidence a augmenté de « façon spectaculaire » dans le monde entier au cours des dernières décennies, les cas signalés à l’OMS étant passés d’un demi-million en 2000 à plus de 4,2 millions en 2022, soit environ 8 fois plus en deux décennies.
Selon l’OMS, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette diffusion. Il s’agit notamment de l’augmentation de la circulation des personnes et des marchandises, mais aussi l’urbanisation et les problèmes d’eau et d’assainissement qui en découlent.
L’OMS pointe également du doigt la propagation continue des moustiques dans de nouvelles régions et de nouveaux pays.
C’est dans ce contexte d’inquiétude que l’agence onusienne se prépare à la très forte probabilité que les années 2023 et 2024 soient marquées par le phénomène El Niño, un scénario qui pourrait augmenter la transmission de la dengue et d’autres arbovirus tels que les virus Zika et chikungunya.
Le changement climatique va favoriser la propagation de la dengue et du chikungunya
Pour l’agence sanitaire onusienne, les effets du changement climatique favorisent également la reproduction des moustiques et la propagation de ces maladies.
« Les fortes précipitations, l’augmentation de la température et même la pénurie d’eau favorisent la reproduction des moustiques », a ajouté le Dr Velayudhan, relevant que le virus et les vecteurs se multiplient plus rapidement à des températures plus élevées.
Pour faire face à cette menace, l’OMS a lancé l’année dernière l’Initiative mondiale de lutte contre les arbovirus. Celle-ci vise à renforcer la capacité du monde à prévenir, à détecter et à combattre les flambées de ces maladies.
Sur le terrain, l’OMS apporte un soutien technique aux pays, grâce à un suivi des flambées épidémiques et un renforcement de l’échange transfrontalier d’informations.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec les pays dans le cadre de l’initiative mondiale contre les arbovirus afin d’unir nos forces pour lutter contre certaines des maladies les plus redoutables propagées par les moustiques », a détaillé le Dr Velayudhan, rappelant que plusieurs nouveaux outils sont en cours de développement.
Des Etats misent sur plusieurs outils de lutte contre les vecteurs, notamment Wolbachia, une technique permettant de réduire la capacité des moustiques à transmettre des virus tels que la Dengue, le Zika, le Chikungunya et la fièvre jaune. Par ailleurs, quelques antiviraux font l’objet d’essais cliniques. Selon l’OMS, un vaccin est commercialisé et deux sont en phase finale d’essai et d’examen