Les tortues marines constituent une espèce en voie de disparition. Souvent victimes accidentelles des bateaux, ces tortues marines subissent diverses actions anthropiques. Aux larges des côtes togolaises, ce sont des milliers de différentes races qui, chaque année, fréquentent les berges pour y pondre leurs œufs, mais les « criminels prédateurs » les attendent et les éliminent, soit pour la viande ou pour des rituels ou encore pour la commercialisation illégale interdite par les textes juridiques nationaux et internationaux.
Les braconniers aussi ciblent les tortues marines en mer et sur les plages, en particulier leurs sites de ponte. Elles se perdent aussi dans les mailles des filets de pêche ; leurs nids sont susceptibles de prédation par les chiens et les cochons errants, et leur habitat se dégrade en raison du développement économique des régions côtières.
Les menaces directes et indirectes pour la survie et la conservation des tortues marines semblent croître tous les jours. Des initiatives destinées à contrer ces menaces se sont avérées insuffisantes face aux données limitées et non regroupées aux niveaux local, national et régional.
Pourtant, la DCPJ-Interpol Lomé en collaboration avec EAGLE-Togo avait interpellé en mars 2017, un couple accusé de capture, circulation et de commercialisation illégale de soixante et six (66) bébés tortues et de cinq (05) carapaces de tortue marine. La Chambre Correctionnelle du tribunal de première instance de Lomé avait condamné le couple à une peine d’emprisonnement de six (6) mois ferme et à payer une amende de 200.000 francs CFA chacun. A titre de dommages et intérêts, ils ont été condamnés à verser chacun une somme de 500 000 FCFA à la partie civile qu’est le Ministère de l’Environnement.
En effet, toutes les espèces de tortues marines au Togo sont classées dans la catégorie des espèces menacées de disparition par les textes internationaux (annexes CITES et liste rouge de l’UICN) et nationaux (code forestier et loi-cadre sur l’environnement). Les différentes infractions et peines applicables en matière de destruction, commerce ou trafic de tortues marines ou de leurs trophées, sont de l’ordre de 1 à 5 ans d’emprisonnement et 1 à 50 millions de F CFA d’amendes (article 761 du nouveau code pénal).
Ajouté à toutes ces dispositions juridiques, des ONG internationales dont EAGLE-Togo s’activent dans la protection des espèces en voie d’extinction dont les tortues marines. Ainsi, certains hommes consacrent une partie de leur vie au sauvetage des tortues. Ces passionnés de la nature récupèrent des œufs des tortues marines qu’ils font éclore, puis relâchent les bébés dans l’espoir de contribuer à la sauvegarde de l’espèce.
À Blue Turtle Bay, la plage située entre l’hôtel Sarakawa et le port autonome de Lomé, Hatem Messan Khouri a installé un bassin d’eau de mer dans lequel, les enfants peuvent se baigner, et mis en place un véritable écosystème : « Nous avons créé ce bassin pour que les enfants d’abord puissent nager avec les tortues marines, avec des poissons, avec des oursins, etc. C’est un bassin où il y a toutes sortes de poissons comme vous pouvez le voir ».
Sur cette plage, les tortues venaient pondre. Or des prédateurs, hommes crabes et oiseaux les attendaient pour récolter ou dévorer les œufs. Désormais ça n’est plus le cas, les œufs sont récupérés.
Des patrouilles sont aussi organisées les nuits pour sauver les tortues femelles qui arrivent et ramasser leurs œufs : « Les œufs sont incubés pendant deux à trois mois environ, cela dépend de l’espèce, parce que sur notre côte, nous accueillons les tortues marines : la luth, la verte et l’olivâtre. Ce sont ces trois espèces qui pondent sur nos côtes », a précisé, Kossivi, le maître des lieux.
« Les tortues, nous les assistons afin qu’elles puissent avoir plus de force avant qu’on les libère dans la nature. Lorsque l’on prend 1000 bébés qui sortent de leur nid, on les libère au bord de mer. Leur taux de survie est d’un bébé sur mille », a-t-il souligné avant d’ajouter qu’en un an, plus de 20 000 bébés tortues marines avaient été remis à l’eau.
Les tortues marines jouent un rôle for important dans la régulation de l’écosystème marin. En consommant des méduses, les tortues marines libèrent les coraux, ce qui permet aux poissons d’accéder aux récifs pour se nourrir. Elles jouent un rôle clé dans les écosystèmes marins et côtiers, et contribuent à la santé des herbiers marins et des récifs coralliens, dont d’autres espèces animales comme les crevettes et les thons tirent également leur subsistance.
En broutant les herbiers ou algues marines, elles jouent aussi un rôle primordial dans la structure et le maintien de la diversité spécifique des herbiers, et par conséquent, dans la biodiversité des espèces qui y sont associées. Lorsqu’elles sont en grand nombre, certaines espèces peuvent même constituer un apport considérable à la biomasse de leur environnement : adultes et œufs constituant une source de nourriture non négligeable pour de multiples autres animaux. Et aussi, leurs capacités à concentrer des éléments vont aussi en faire d’excellents indicateurs de pollution.
Rappelons que l’Afrique de l’Ouest est à la fois une région de provenance et de transit pour le commerce illicite des espèces sauvages dont les tortues marines. Bien que les espèces marines fassent moins souvent l’objet d’études d’évaluation de trafic d’espèces comparativement aux autres espèces sauvages, il existe des preuves incontestables des marchés locaux comme régionaux où prospère la vente illégale des produits de tortues marines.
Les cinq espèces de tortues marines existant sur le littoral de l’Afrique de l’Ouest sont menacées d’extinction à cause du trafic illicite et sont aussi utilisées à des fins de médecine traditionnelle, bijouterie et autres formes d’artisanat. (EAGLE-Togo/Août/2023)
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Nicolas Koffigan E. ADIGBLI
Journaliste, Maître en Communication
Directeur Aspamnews, DP « Le Nouvelliste »
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