« Le Forum sur la résilience en Afrique est un appel à l’action pour travailler ensemble et passer du dialogue politique à l’investissement, et de l’investissement à l’impact », a déclaré Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement.
M. Adesina s’exprimait dans un message vidéo adressé aux participants du 5e Forum sur la résilience en Afrique, qui se tient du 3 au 5 octobre 2023 à Abidjan. Le thème du Forum est « Financer la paix, la sécurité et le développement pour une Afrique résiliente ».
Alors que l’Afrique fait partie des zones les plus instables du monde, « nous devons inverser les tendances actuelles et construire une alliance de partenaires pour une nouvelle approche de l’investissement en faveur de la paix. Cela changera véritablement le paradigme développement-paix-sécurité sur notre continent », a ajouté le président Adesina.
La vice-présidente du Groupe de la Banque africaine de développement chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services, Marie-Laure Akin-Olugbade a souligné qu’en « adoptant des actions basées sur la paix, nous pouvons éliminer la violence ». « En tant qu’acteurs du développement, nous devons placer les communautés que nous servons au cœur de nos actions », a-t-elle affirmé, en rappelant que la Banque était la première institution de financement du développement à intégrer la question de la paix et de la fragilité dans ses programmes. L’institution dispose d’une stratégie pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (https://apo-opa.info/3KNLlGe), dont l’objectif est de mettre fin notamment au « triangle du désastre » : pauvreté rurale, chômage des jeunes et dégradation de l’environnement, évoqué par le président Adesina dans son intervention.
Il y a un besoin urgent d’approches novatrices pour financer la paix, la sécurité et le développement dans les pays africains en situation de fragilité et/ou en conflit. Cela ne peut se faire qu’à travers une collaboration étroite entre gouvernements, secteur privé, société civile et partenaires du développement.
Dans le cadre de cet engagement, la Banque africaine de développement collabore avec l’Union africaine et les Communautés économiques régionales pour développer l’initiative innovante des « Obligations d’investissement indexées sur la sécurité » (SIIB), nécessitant un minimum de cinq milliards de dollars d’ici à 2030. Les SIIB offrent une stratégie d’investissement holistique combinant la consolidation de la paix et l’expertise en matière de développement pour compenser les implications fiscales des dépenses élevées dans le secteur de la sécurité.
Il existe des arguments en faveur d’approches positives pour la paix qui relient les besoins humanitaires, de développement, de paix et de sécurité, a expliqué, lors d’un panel, Noura Hamladji, directrice Afrique et administratrice adjointe du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Elle estime que la chronologie aide humanitaire-aide à la reconstruction post-conflit n’est plus valable.
« L’aide au développement, l’aide à des activités génératrices de revenus pour les populations touchées par les conflits, la mise en place d’infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, eau, assainissement) sont aussi valables que l’action humanitaire », a-t-elle souligné.
« Nous avons besoin d’investissements massifs dans les pays en conflit », a insisté Mme Hamladji, déplorant le gel de l’aide publique au développement dans certains cas alors que les communautés ont besoin de soutien.
Le vice-président du Comité international de la Croix-rouge (CICR), Gilles Carbonnier, a salué les partenariats naissants entre institutions financières de développement et acteurs humanitaires. Il a cité l’accord entre le CICR et la Banque africaine de développement destiné à renforcer la résilience des populations du Sahel, notamment au Niger, au Tchad et au Mali.
« L’espoir a créé un environnement favorable à la paix. Nous devons, dans les conflits, protéger les civils, mais aussi les infrastructures (écoles, centres de santé, etc) qui sont des biens publics », a-t-il plaidé. M. Carbonnier a souligné que l’accord avec la Banque avait permis au CICR d’aider plus de 1 000 personnes à développer des activités génératrices de revenus.
« Il y a des enfants qui naissent et grandissent dans des camps de réfugiés, et d’où ils deviennent des adultes… Tout ce que ces personnes nous demandent, c’est de mener une vie normale », a soutenu El Hadj As Sy, membre du Conseil d’administration d’Interpeace. Il a salué l’action de la Banque, qui a conclu avec Interpeace un Mécanisme de financement de la paix à l’occasion du Forum.
Près de 200 personnes – humanitaires, acteurs du développement, de la paix et de la sécurité du public et du privé, décideurs politiques, investisseurs, universitaires, et membres de la société civile – participent physiquement au Forum pour la résilience en Afrique, qui peut être également suivi par visioconférence.