Au Conseil de sécurité, ce mercredi matin, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé aux membres du Conseil l’importance de la prévention des conflits tel qu’énoncé dans le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.
« Le monde assiste à une recrudescence des conflits armés depuis trois décennies faisant de nombreuses victimes et augmentant la demande de besoins humanitaires », a d’emblée constaté Rosemary DiCarlo.
« Nous avons besoin de plus de prévention pour sauver des vies et préserver les acquis du développement », a-t-elle ajouté, rappelant aux membres du Conseil que « la prévention est la priorité du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général ».
Les trois niveaux de prévention
La prévention a trois niveaux. Premièrement, la nécessité au niveau international de se prémunir contre le déclenchement et l’escalade des conflits entre les pays.
« Le deuxième niveau est la nécessité de renforcer les partenariats régionaux, compte tenu de la nature de plus en plus régionalisée des conflits et de l’importance des acteurs régionaux », a-t-elle dit.
« Le troisième est la prévention des conflits à l’intérieur des pays afin de consolider les acquis en matière de développement, protéger les progrès en matière de droits de l’homme et aider à se prémunir contre les impacts des chocs mondiaux », a observé la Secrétaire générale adjointe.
Selon elle, « la Charte des Nations Unies donne une orientation claire en ce qu’elle fait référence à l’obligation de prendre des mesures collectives efficaces pour prévenir et éliminer les menaces à la paix ».
L’ONU comme espace de dialogue et de diplomatie
« Depuis près de 80 ans, l’ONU offre au monde un espace de dialogue », a-t-elle insisté, notant qu’au niveau international, « la prévention consiste à utiliser la diplomatie pour la paix ».
« Les bons offices du Secrétaire général jouent un rôle essentiel à cet égard », ainsi que « les arrangements régionaux qui jouent un rôle crucial dans la prévention », a indiqué la haute fonctionnaire.
Elle a cité en exemples « le processus d’Helsinki en Europe ainsi que les efforts d’intégration régionale en Afrique et dans ses sous-régions aidant à résoudre des problèmes qui transcendent les frontières, tels que les différends entre agriculteurs et éleveurs ».
La prévention commence au niveau national
« La prévention commence au niveau national pour gérer pacifiquement les conflits dans les communautés et mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour s’attaquer aux facteurs des conflits », a dit Mme DiCarlo.
« Chaque pays a l’obligation de s’attaquer aux facteurs de conflit dans sa propre juridiction et faire les investissements politiques et financiers nécessaires à cette fin », a-t-elle fait remarquer.
Rosemary DiCarlo a aussi souligné le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour rassembler les acteurs internationaux à l’appui des priorités nationales, en aidant à mobiliser les ressources et en offrant une plateforme pour le partage d’expériences.
Elle a pris l’exemple de « Timor-Leste qui avec la CCP (Commission de consolidation de la paix), a relevé les défis du développement économique et de l’autonomisation des femmes et des jeunes ». « Le Canada, la Colombie et la Norvège ont partagé leurs expériences en matière de promotion des voix autochtones dans les processus de paix et de réconciliation », a-t-elle ajouté.
Importance de l’inclusion des femmes et des jeunes
La cheffe des affaires politiques a rappelé que le Nouvel Agenda pour la paix « place l’inclusion au centre des efforts de prévention en mettant l’accent sur la participation pleine, significative et effective des femmes pour prévenir les conflits et construire une paix durable ».
Toutefois, elle a regretté que 25 ans après l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, la participation pleine, égale et significative des femmes à l’édification de la paix et à la prévention des conflits reste l’exception et non la règle.
« Pour y parvenir à l’inclusion et la participation des jeunes, il faut tirer parti des nouvelles technologies pour organiser des consultations numériques avec les groupes de jeunes », a-t-elle suggéré, notant que « de l’Iraq à la Libye en passant par le Yémen, ces dialogues nous ont aidés à mieux comprendre leurs points de vue et leurs aspirations, et à les refléter dans notre travail ».
« La prévention des conflits fait partie de l’approche globale de pérennisation de la paix, qui appelle une coopération étroite entre la CCP et le Conseil de sécurité », a dit à son tour le Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), Sergio França Danese, Représentant du Brésil auprès des Nations Unies.
Une approche « multi-piliers »
« Il faut une approche multi-piliers dans laquelle le développement, la paix et la sécurité, ainsi que les droits humains se renforcent mutuellement », a-t-il conseillé.
Soulignant également l’importance de la participation pleine, égale et significative des femmes et des jeunes, Sergio França Danese a recommandé « leur protection sociale et économique, associée à leur inclusion dans les processus de consolidation de la paix, comme des étapes nécessaires pour garantir que la prise en compte de leurs besoins et de leurs intérêts à court et à long terme ».
« La consolidation de la paix est un processus intrinsèquement politique visant à prévenir l’éclatement, l’escalade, la récurrence ou la poursuite d’un conflit », a rappelé le Président de la CCP. « Cela englobe un large éventail de programmes et de mécanismes inclusifs à la fois politiques, de développement et de droits humains ».
« Le Conseil de sécurité devrait faire fond sur cette approche globale en vue du Sommet de l’avenir, en septembre prochain, et de la révision de l’architecture de consolidation de la paix en 2025 », a exhorté M. França Danese.